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Le MONT du CHAT
(version épurée en fin de texte)
Un matin d'été, dès que les chats furent chaussés ou dès
potron-minet, j'ai démarré de la place communale de Yenne
comme un chat maigre me portant à l'assaut du col du Chat
qui ne m'a pas impressionné puisque il n'a rien de quoi
fouetter un chat. Il pleuvait comme vache qui pisse. Un
camion, en me dépassant dans la montée, me cracha ses noires
fumées en pleine poire. A la suite de ce bain de suie, je me
présentai propre comme une écuelle de chat devant la
chapelle du col. Rassurez-vous, mon état crasseux ne me jeta
pas un chat dans les guibolles puisque ce détail fut
aussitôt soufflé dans l'oreille d'un chat. Il n'y avait pas
un chat à la ronde. Impossibilité de faire l'achat d'un chat
dans un sac. Embarrassant, même quand la faim vous tenaille.
L'espace d'un éclair, j'affichai la tronche d'un chat fâché
parce que mes "cha-cha" avaient disparu du fond de mon sac
de guidon. Un régal visuel me fit oublier les petits tracas
de Maître Gaster. En effet, le chatoiement des eaux du lac
du Bourget me transporta au royaume paisible de la
contemplation.
Au lieu-dit "Le Caton", mon épigastre éveilla une fois de
plus le chat qui dormait. Je fus contraint d'avaler un
en-cas au pied de "La Dent du Chat" qui me narguait du haut
de son perchoir. Un vent glacial se mit à remonter la
montagne. Je fus forcé de gravir le Mont du Chat avec un
chat dans la gorge tout en ayant un œil à la poêle et
l'autre à mon chat. Un couinement agaçant se fit entendre à
chaque pédalée. A la sortie du hameau, Natacha, une muchacha
qui avait du chien, enfuie des rives lointaines du Tchad,
exécuta un entrechat à mon intention. Ou bien était-ce une
figure de cha-cha-cha ? Bof ! Passons sur ce prêchi-prêcha.
Elle portait les stigmates d'un chaton. Il ne faisait pas
l'ombre d'un pli qu'elle avait joué avec le chat. Son
attitude me fit entendre "chat sans qu'on dise minon"
qu'elle laisserait son chat aller sans façon au fromage. Or,
je n'avais nullement envie d'aller pêcher les chats car
comme chat échaudé craint l'eau froide, je m'empressai de
retomber sur mes panards comme un chat en lui tirant ma
révérence. Sans être chatte manière, j'avoue mon désintérêt
pour les dames qui monnayent leur petit chat. De toute
manière, je n'avais pas que de quoi payer en chats et en
rats. Je vous vois venir : "La nuit, tous les chats sont
gris" me rétorquerez-vous. D'accord ma "cha" ne veut pas
dire charrette et je vous propose de courir dessus comme un
chat sur la braise. Finalement, ce n'est qu'après une
débauche d'efforts que je pus inscrire un nouveau mont de
France au relais ORTF du Mont du Chat (1490m). Sans perdre
de temps, j'emportai mon chat dans la vallée. Entre chat,
chien et loup. Par un temps de chien.
Si après toutes mes chatouilles bébêtes, vous n'êtes pas
malade comme un chien ou bien vous avez loupé le trépas du
chat, je vous donne ma langue au chat. Il est une vérité
qu'il vous sera difficile de réfuter. Au moins, vous ne
pourrez pas taxer mon coup de plume d'écriture de chat
puisque au préalable il aura été traité par les soins de
l'ordinateur. Toutefois, comme je ne désire pas prendre
congé de vous comme chien et chat, je vous livre ci-dessous
le mode d'emploi à ma bouillie pour chats.
*
"Un matin très tôt, j'ai démarré de la place communale de
Yenne sur les chapeaux de roues vers le col du Chat qui m'a
laissé indifférent puisque ce n'était qu'une difficulté
mineure. Il pleuvait à torrent. Un camion, en me dépassant
dans la montée, me cracha ses noires fumées en pleine
figure. Du coup, je suis arrivé tout sale au sommet.
Rassurez-vous, cela ne m'a fait ni chaud ni froid puisque je
n'y prêtai aucune attention. Pas une âme à l'horizon.
Impossibilité d'acheter de la becquetance dans un sachet
surprise. Embarrassant, quand la faim vous tenaille. J'ai
râlé un instant car mes biscuits avaient disparu de mon sac
de guidon. Un régal visuel me fit oublier les ennuis
d'estomac. En effet, les jeux de lumière dans les eaux du
lac du Bourget me transporta au septième ciel. Au lieu-dit
"Le Caton", mon estomac se mit une fois de plus à gronder.
Je fus contraint à manger au pied de "La Dent du Chat" qui
me narguait du haut de la montagne. Un vent glacial se mit à
remonter la montagne. C'est enroué que je fus forcé de
gravir le Mont du Chat tout en surveillant deux choses à la
fois. Un bruit énervant se faisait entendre à chaque coup de
pédale. A la sortie du hameau, Natacha, une jolie femme,
venant du Tchad, exécuta un pas de danse pour moi. A moins
que ce ne fût une danse sud-américaine ? Bof ! Passons sur
ce rabâchage burlesque. Elle portait les griffades d'un
chaton. Donc, elle était couverte d'égratignures. Son
attitude me fit sous-entendre qu'elle ne défendrait pas sa
vertu. Or, je n'avais absolument pas envie de me laisser
convaincre. En effet, je suis vacciné. Je m'empressai donc
de me tirer d'affaire en poursuivant mon chemin. Sans être
hypocrite, j'avoue que je n'apprécie pas les dames qui
vendent leurs charmes. De toute façon, je n'avais pas de
sous en poche. Je vous vois venir : "Tout le monde dit ça
mais…" me répondrez-vous. D'accord mais ça ne veut pas dire
pour autant que vous ayez raison et je vous propose de
glisser sur le sujet.
Finalement, ce n'est qu'après beaucoup d'efforts que je
parvins au Mont du Chat, un des nombreux monts de France.
Sans perdre de temps, je quittai les lieux sans adresser un
mot à qui que ce soit. Le crépuscule tombait et la pluie
n'en finissait pas de tomber.
Si après tout ce ramassis de bêtises, vous n'avez pas une
indigestion ou la vue qui se trouble, moi je n'y comprends
plus rien…"
Printemps 1996
bruffaertsjo@skynet.be
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