|
Les formules d’hébergement en France
Il en existe une
multitude qui varient en fonction d’une foule de critères :
budget, accueil, service, confort, etc. Cela va de la belle
étoile au camping en passant par la chambre d’hôte (la table
d’hôte), la ferme auberge, le gîte rural, l’auberge refuge,
le centre de séjour, l’auberge de vacances, l’auberge de
jeunesse, le gîte d’étape, l’auberge, le foyer, l’hôtel. Et
cette énumération n’a pas la prétention d’être exhaustive.
Je m’y conformerai néanmoins parce qu’elle regroupe les
quatre formules les plus courantes.
1. Gratis
La belle étoile, les bancs publics, la salle des pas perdus
des gares, les aubettes, les abri-bus, les bâtiments
désaffectés et autres abris de fortune ne nécessitent pas de
commentaires. Je tiens à énoncer cette formule parce qu’il
ne faut jamais négliger cette éventualité. En effet, le
randonneur solitaire n’est jamais à l’abri d'une désagréable
surprise qui peut le contraindre à l’arrêt contre son gré.
Dernièrement, je lisais le compte-rendu d’un randonneur qui
avait élu temporairement résidence dans une scierie où il
n’avait eu que l’embarras du choix pour installer ses quartiers.
Il opta pour un tas de planches bien emballées qui lui
servirent à la fois de table et de sommier.
C’est la raison qui justifie la présence permanente de la
couverture de détresse dans mes bagages.

2. Bon marché
a. le camping et le camping en
ferme d’accueil.
Le camping : pas de commentaires. C’est supposé connu de
tout un chacun.
Le camping en ferme d’accueil est reconnu par la Fédération
Française de Camping et de Caravaning qui n’attribue le
label qu’aux terrains fonctionnant régulièrement dans le
cadre réglementaire, soit disposant d’un emplacement aménagé
pour l’accueil de vingt personnes et d’un bloc sanitaire
complet. La charte implique que l’agriculteur fournisse des
produits de la ferme et remette les documentations
touristiques du terroir. Bref, l’agriculteur s’engage à
assurer aux campeurs un séjour agréable.
b. Le centre de séjour,
l’auberge de vacances et l’auberge de jeunesse sont en
réalité des variantes pratiquant toutes une philosophie
d’accueil, d’hébergement et une politique de prix plus ou
moins identiques.
Dans un centre de séjour (ex. Lagrange), le randonneur devra
s’accommoder quelques fois de villégiateurs issus de toutes
les couches de la société. Il lui arrivera peut-être même de
découvrir, un jour au petit matin, un olibrius roupillant à
poings fermés sous une pile de cartons devant la porte
d’entrée.
c. L’auberge refuge peut être
assimilée au gîte d’étape. Cette rubrique fera l’objet d’un
commentaire plus fouillé dans un paragraphe ultérieur.
A la différence des gîtes d’étape, de nombreuses fermes
auberges ne sont ouvertes que le week-end, voire même pour
un service le samedi soir ou le dimanche midi ; d’autres
fonctionnent plusieurs jours par semaine, notamment en
période touristique. Certaines accueillent les touristes de
passage, d’autres n’acceptent des hôtes que sur rendez-vous,
le menu pouvant être arrêté dès la réservation.
3. Moyen à plus chic
J’associe la chambre d’hôte (C.H.) et la ferme auberge
(F.A.) à l’hôtel quoiqu’il y ait des différences majeures.
La chambre d’hôte est une chambre aménagée et équipée chez
des particuliers en vue d’accueillir des touristes
itinérants et de leur offrir le coucher et le petit
déjeuner.
La formule n’est pas toujours évidente pour le randonneur
qui désire se mettre en route avant le lever du jour.
|
|
|
|
|
|
Chateau "La Gabelle à Ferrassières" |
|
|
|
|
|
C.H. et F.A. : le
nombre de chambres est souvent limité. Une réservation est
donc
souhaitable.
Au sens large du terme, on peut comparer la C.H. au « Bed &
Breakfast » britan-
nique.
L’accueil est, en général, moins chaleureux à l’hôtel que
chez l’habitant.
En outre, dans les F.A., les hôtes offrent souvent leurs
propres produits naturels.
Quant aux prix, ils sont similaires car la plupart du temps les prix
des chambres d’hôtes sont régis par les gîtes de France.
L’hôtel, quant à lui, présente ses avantages et ses
inconvénients que tout un chacun connaît et sur lesquels je
ne m’étendrai pas.
La table d’hôte (=resto), qui pratique les prix des auberges
de campagne, est une formule agréable pour la pause du midi.
Elle permet de goûter la cuisine locale à la table
familiale.
La formule est à retenir. Le randonneur est toujours à la
merci d’une surprise. D’un imprévu qui en fera le piment de
la journée. Il faut très peu parfois pour que le moral
refasse surface.
Ainsi, il me souvient…
« Haute Provence. Vallée de l’Ouvèze. La descente du col
Peyruergue nous avait glacé les os. Nous cherchons refuge
dans un snack. Un café chaud et deux pulls supplémentaires
n’arrivent pas à nous dégeler. En réalité, il n’y a que moi
qui suis frigorifié. La jeune serveuse nous tuyaute une
table d’hôte située à Montauban au pied du col de Perty où
nous pourrons éventuellement nous refaire une petite santé.
Rendu au lieu dit, Dominique a tôt fait de repérer le
bouibouis. Un souk, grand comme un mouchoir de poche, qui
renferme tous les trésors de la caverne d’Ali Baba. Une
vaste annexe, probablement une ancienne grange, fait office
de salle de réception, de banquet, d’exposition et de
remise. « Au Clocheton » que ça s’appelle. Jacky nous invite
à entrer quoique ce ne soit pas encore l’heure de l’apéro.
Jacky, c’est le chef de famille, le maître de céans, le
maître queux, le garçon et le plongeur. Il cumule toutes les
fonctions en livrée de cuistot sur un short bleu à la Mc
Enroe. Pas de toque. Il ne s’en couronne qu’à l’occasion des
cérémonies.
Sur ces entrefaites survient sa maman. Jacky s’en retourne
activer ses fourneaux et elle, voyant ma mine défaite,
s’applique à allumer un poêle à bois. Dix minutes plus tard,
une agréable flambée envahit la pièce et nous engage à
sécher nos frusques tout en sirotant un petit vin du pays
qui nous réchauffe le sang.
Sur le coup de midi, toute la smala de Jacky fait son
apparition dans la salle à manger. Le pépé, la mémé, madame
Jacky, le fiston et le chef coq en personne nous invitent à
prendre place à leurs côtés. Les plats défilent au rythme
d’un débat socio-touristico-culturel orchestré tambour
battant par le chef. Le journal parlé de la « Une » n’est
qu’un pâle cancan de quartier par rapport à son débit. Lui
seul cause. Heureusement, le vin coule à flots. Nos déboires
matinaux se sont évanouis. Il ne nous reste plus qu’à
prendre la route… »
4. Aléatoire et onéreux
a. Les gîtes ruraux
Le risque de refus d’hébergement pour une nuitée est grand.
Les gîtes sont souvent des demeures rurales traditionnelles
qui sont mises en location à une famille ou à un groupe pour
une durée déterminée. L’accueil est assuré par les
propriétaires. En général, le prix n’est pas donné. Les
gîtes sont classés en épis. La formule d’hébergement n’étant
pas appropriée pour un randonneur, elle n’est à prendre en
considération qu’en ultime nécessité.Et encore!

b. Les Logis de France
Ce n’est pas parce que ces hôtels ont été agréés par la
Confrérie des Logis de France qu’automatiquement le logeur
ait la certitude d’un service qui ne souffre d’aucun défaut.
Si les chambres sont la plupart du temps décentes, il arrive
que des hôteliers oublient votre réservation. En outre, si le
patron fait appel à un maître queux qui n’apprécie que la
nouvelle cuisine, il est à conseiller au randonneur de
dévaliser au préalable une épicerie en cas d’une éventuelle
petite faim.
Et cerise sur le gâteau, la note est souvent salée.
Dès lors, en fonction des possibilités énumérées,
quelle est la formule d’hébergement idéale pour un
randonneur ?
J’élimine le camping pour trois raisons majeures.
1. La pratique du camping est à prendre en considération
quand les autres moyens d’hébergement sont nuls ou
inefficaces. De toute façon, elle n’est pas la formule
idéale pour les rhumatisants. Ce ne sont pas eux qui me
contrediront !
2. Dans certains cas, un surplus de poids occasionné par le
paquetage peut s’avérer un handicap non négligeable. Surtout
en haute montagne.
3. Enfin, la raison qui m’est sensible :
Cycler une matinée, voire une journée entière sous la pluie
n’est pas agréable. Remettre le couvert le lendemain, ne
l’est pas davantage. Mais c’est un risque que le randonneur
itinérant prend en connaissance de cause.
Par contre, si en plus, il faut passer la nuit sous une
tente dans l’humidité sans la possibilité de sécher le linge
mouillé, je préfère jeter l’éponge et me recycler dans les
sports nautiques.

Auberge de jeunesse du
Mont Dore
Quant à l’auberge de jeunesse,
c’est un mode d’hébergement intéressant surtout pour le
randonneur qui aspire à se refaire une santé durant une
courte halte. Excepté la saison estivale et les congés
scolaires, il est pratiquement toujours assuré d’avoir une
place disponible. Un préalable néanmoins : il faut aimer (
ou supporter) la vie collective puisqu’il est rare de
trouver une chambre de moins de six lits. La batterie de
cuisine fait penser à la tambouille militaire. Les repas
sont pris à des heures fixes dans un réfectoire comparable
en tous points à celui d’un pensionnat ou d’une cantine.
La plupart des auberges de jeunesse sont situées dans les
agglomérations importantes. Souvent, sinon toujours, on peut
y louer des draps.
Une certitude ! Il n’y a jamais de surprise au point de vue
des prix. Cette dernière observation est aussi valable pour
les gîtes d’étape.
Un inconvénient ! Si la chambre doit être partagée en
compagnie d’une bande de joyeux noceurs…
Reste le gîte d’étape.
Je préconise cette formule qui répond le mieux, à mon avis,
aux besoins du randonneur. En général, les gîtes sont
retirés des grands axes et bénéficient d’un environnement
paisible. Les prix sont rarement surfaits. A peine plus
onéreux qu’une place dans un camping gardé. En général, le
randonneur dispose d’une batterie de cuisine équipée
complète, de sanitaires plus ou moins convenables, d’une
salle de séjour, d’une remise pour garer la bécane et d’un
lit en dortoir, le tout pour une somme des plus modiques. De
nos jours, les gîtes ont tendance d’offrir de plus en plus
la demi-pension. Une fois le droit de séjour réglé, vous
êtes libre d’organiser votre emploi du temps comme vous
l’entendez. Celui qui ne veut pas faire de popote se
restaure en cours de route. Celui qui ne veut se reposer que
quelques heures s’en va sans autre protocole.
Les règles de la vie collective sont de rigueur. Avant de
quitter les lieux, le randonneur remet le gîte dans l’état
où il se trouvait au moment de son arrivée. C’est une
pratique usuelle et un signe de déférence à l’égard du
gardien ou du propriétaire.
Inconvénient ! Pour le randonneur pointilleux en matière
d’hygiène, il est à conseiller qu’il ait prévu un drap
portefeuille ou un sac de couchage avec lui. Sinon, il devra
se contenter d’une litière et d’une couverture. Le gîte
d’étape est à proscrire pour les petites natures qui
craignent les petites bestioles et les machos qui ont
l’habitude de se faire servir par une boniche. A ce sujet,
il me souvient d’une anecdote qui vient bien à propos pour
illustrer ce qui précède.

Gîte d'étape "Le Lastic"
à Rosans
« On élit résidence à
Savournon, le pays des brebis. « Le Petit Rat des Champs »
est une ferme dont les propriétaires ont transformé la
bergerie en gîte d’étape. Nos prétentions étant des plus
modestes, on s’accommode à toutes les situations, même à des
installations réduites à leurs formes les plus précaires. Ce
disant, je reste courtois ! Jugez-en par vous-même !
«… Comme j’entrouvre la porte-fenêtre de la salle de séjour,
une vaste pièce voûtée de forme ogivale, une escadrille de
mouches s’invite et s’engouffre à l’intérieur du bâtiment.
La chasse à la mouche est ouverte. Un moucheron se pose avec
délicatesse sur mon crâne dégarni, tantôt me taquine dans le
cou, tantôt se promène sur mon front en nage, tantôt
s’empêtre les antennes dans la moiteur des poils de mes
bras. Quand il en finit avec son numéro d’explorateur
lymphatique, un de sa secte prend le relais musclé et, de
ses grands airs, pique et me harcèle sans merci. Sans pitié.
Un coup d’œil circulaire m’apprend qu’il n’y a pas de papier
tue-mouches ni d’insecticide au gîte. Ça promet ! Pourtant
des dizaines de cadavres gisent un peu partout à terre.
Bizarre ! Zzz…zzz…zzz. Voilà qu’une petite drosophile hésite
au-dessus de ma tête, plane, voltige, virevolte, se tortille
et exécute un ballet où s’enchaînent tour à tour arabesques,
pirouettes, battements, cabrioles et tours en l’air. Elle
m’énerve. Son arrogance se joue de mes ripostes. Elle
s’amuse. J’esquive, je feinte et au bout de l’envoi, je
frappe. Bernique ! Elle me pique. Plus vive que moi, elle
reprend du poil de la bête et s’échappe en émettant un
bourdonnement crescendo de satisfaction. Zzz…zzz…zzz.
Le dortoir est contigu à la salle de séjour. Pièce identique
à la précédente, meublée de quelques lits superposés, il
y fait aussi sombre et aussi cru. Une crudité qui vous
pénètre jusqu’au trognon. Brr ! Brr ! Qu’est-ce que
ça va cailler cette nuit ! J’en ai déjà froid dans le dos.
Dominique s’assoupit un moment ayant au préalable enfilé un
survêtement.
Je m’installe en face de sa couchette. Vérification
journalière et rangement de mon paquetage. Ce qui
m’impressionne ici, c’est la relative absence de diptères.
Tiens ! Tiens ! Voilà quand même un aspirant pilote qui se
pointe. Il frissonne, bat maladroitement de l’aile et
volette par saccades comme s’il traversait des trous d’air.
Etrange ! Un autre spécimen de la même espèce souffre des
mêmes symptômes. Zzz…z…zz… ! ! !
J’abandonne Dominique aux bras de Morphée et m’en
retourne dans la salle de séjour. Et là, rebelote ! Une
formation de moucherons se mobilise sur-le-champ et reprend
aussitôt les hostilités. Sur ma droite, un commando de
kamikazes se fracasse sauvagement dans un bruit sourd contre
la porte vitrée. Les mouches deviennent de plus en plus
agressives. D’une férocité égale à leurs cousins, les taons.
Ces attaques incessantes me poussent dans mes derniers
retranchements. De guerre lasse, je prends la clé des champs
pour échapper un moment à leurs vagues d’assaut. C’est la
seule tactique efficace qui m’est offerte pour contrer ces
charges intempestives. Réticence de la porte d’entrée à se
fermer convenablement. Entre-temps, des vols de moucherons
continuent à faire la navette entre la salle de séjour et un
tas
de fumier de la ferme ! Quel régal pour un entomophage !
Quel festin pour un engoulevent !
Encore faut-il savoir que tout ce ramdam n’est qu’un hors-d’œuvre de ce qui nous attend.
Au bout d’un moment, je prends le taureau par les cornes et
je m’en retourne dans la salle pour y faire une bonne
flambée. Question de réchauffer l’atmosphère ! Comme il y a
des bûches et du papier, pourquoi s’en priver !
Je me dirige donc vers le feu ouvert qui se trouve au fond
de la pièce. Là, s’offre alors à mes yeux du jamais vu.. A
trente centimètres au-dessus de ma tête, la voûte est noire
sur une surface d’au moins dix mètres carrés. Ce que j’avais
pris pour de la suie, ce sont des milliers et des milliers
de mouches engourdies, inertes, agglutinées au crépi,
rangées les unes à côté des autres comme un régiment de
soldats au garde-à-vous. Effarante, cette armée de mouches en
hibernation ! Si elles se réveillaient toutes en même temps,
la pièce risquerait d’être rasée comme après le passage d’un
nuage de sauterelles.
Le comble, c’est qu’on a pris nos repas sous ce ciel de
mouches. Encore plus fort ! J’y ai roupillé deux nuits de
suite, sous ce matelas à microbes parce qu’il faisait trop
froid dans le dortoir. »
Quand je vous disais qu’il était indispensable de fermer les
yeux de temps en temps !
Ainsi, il me revient encore que dans les Pyrénées…..

"Le Choucas Blanc" à
Bedous
« Un bon copain de randonne
m’avait fortement déconseillé « Le choucas Blanc », un gîte
d’étape situé à Bedous sur la nationale qui monte au col de
Somport. Les circonstances m’y contraignirent bien qu’il ait
qualifié l’établissement de sac à puces. Son appréciation
n’était qu’un pâle euphémisme. La cuisine croulait sous un
monceau de vaisselle crasseuse. Crado à la puissance dix. Le
tenancier des lieux affichait un faciès digne d’un dangereux
détenu évadé des prisons de San Quentin, de Fresnes ou de
Lantin. Pourtant, sympa et doux avec ça comme serin. J’y ai
dîné. J’y ai même bien mangé. Avec appétit. Il suffit
parfois d’un rien, de surmonter un dégoût, de passer
l’éponge… »
Au cours de mes itinérances, j’ai souvent été amené à passer
la nuit dans un gîte d’étape mais, curieusement, il ne m’a
jamais été donné d’en retrouver deux pareils. Toutes les
catégories de classe, de confort, d’agrément et de prix ont
été passées à la moulinette : du taudis au mini palace avec
télé et vidéo, voire le gourbi sympa comme une prison. Des
annexes de ferme aux toilettes douteuses à des sanitaires
super bath en faïence d’Italie. De la
fromagerie désaffectée équipée d’une batterie de cuisine «
nickel » à la grange « limite » où le couteau remplace la
cuiller et la fourchette l’ouvre-boîte.
Le taux de fréquentation de cet hébergement est fonction de
sa situation. En effet, dès qu’un gîte se trouve en bordure
d’une nationale ou sur l’itinéraire d’un GR, le randonneur a
intérêt de placer une réservation au moins quelques heures à
l’avance. Par contre, en général, aucun souci de logement
quand la bâtisse est située hors des sentiers battus.
A la différence de l’hôtel où la fonctionnalité des pièces
doit répondre à des standards universels, la plupart des
gîtes d’étape ont gardé leur caractère originel. A côté des
bergeries aménagées, on retrouve des bâtiments de toute
provenance : moulin, mairie, relais équestre, grange, annexe
de château, école, fromagerie, maison rurale, etc. Certains
logements ont été remis à neuf, d’autres sont équipés avec
des meubles et du matériel de récupération.
On y rencontre une clientèle disparate, unique et qu'il est improbable
de côtoyer dans une autre formule d’hébergement. Ainsi, il
nous est arrivé de partager les locaux avec des enfants
placés par le juge, des soixante-huitards toujours aussi
revanchards, une famille avec des mômes en bas âge, des
retraités en vadrouille, un jeune Allemand cuit et recuit
comme une vieille frite, des randonneurs de tous poils. Quand on
pratique la même religion, le courant passe plus facilement.
Les veillées sont souvent trop courtes.
En outre, l’accueil du taulier est aussi rarement identique.
Il peut être sincère, froid, indifférent, moche, chaleureux
ou parfait. Aussi suffit-il à chaque fois d’une bricole pour
que je me réconcilie avec ce genre de logis qui reste la
formule qui répond le mieux aux frasques du randonneur.

Ainsi dans le Haut Doubs, je
reçus un accueil chaleureux alors que je n’avais plus rien
de commun avec un être civilisé. Une mélasse blanchâtre
dégoulinait de haut en bas, devant et derrière, sur toute la
surface de mon corps et disparaissait enfin au plus profond
de mes godasses. Le responsable du gîte devança mon appel à
l’aide. Il se chargea lui-même de rentrer les sacoches
décolorées qui ruisselaient de dolomie et me conduisit
aussitôt à la salle des douches. Nul naufragé de la pédale
n’eut jamais droit à autant d’égards. Et toutes ces
manœuvres eurent lieu dans un cadre superbe plein de
convivialité. La salle de resto rendait hommage à la
paysannerie franche-comtoise. De vieux outils, de superbes
gravures, des meubles rustiques et une pendule étaient les
témoins muets des joies et des drames du passé.
La cerise sur le gâteau de ce bivouac n’étant rien d’autre
que le dessert proposé par la patronne, digne de damner un
saint.
Tous ces services pour des prix modiques qui en font un
hébergement accessible à toutes les bourses.
Cette même convivialité je l’ai retrouvée aux «
Astragales » à Château Vieille Ville dans le Queyras où,
cinq ans plus tôt, j’aurais déjà dû bivouaquer sans la
douche écossaise de l’Assietta.
Par conséquent, ma préférence va au gîte d’étape pour la
souplesse de la formule. Mais comme les itinéraires ne sont
pas toujours jalonnés par le type de relais souhaité, le bon
sens et surtout l’expérience m’ont enseigné a user une
combinaison avisée des formules « bon marché » et « moyen
à plus chic ».
bruffaertsjo@skynet.be

|
|