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Faire du
vélo…
Faire du vélo, c’est l’espace d’un instant entendre claquer
sa porte d’appartement, la laisser se refermer sur les draps
du lit, les livres, les factures et tout le toutim
routinier. Tout ce qui fait le quotidien qui va en rester
là, pour laisser le maître des lieux s’en aller à la
rencontre de l’imprévisible. Faire en sorte que sa vie
devienne une chanson de geste.
Faire du
vélo, c’est confronter ses rêves à des réalités inédites.
C’est voyager. C’est s’aventurer dans les couloirs de
l’univers.
Ecrire, jouer avec les mots est une autre aventure tout
aussi palpitante.
Le comble de bonheur,
c’est que les deux aventures se juxtaposent et se complètent
de façon harmonieuse. A croire que l’un n’existe que pour
l’autre. Quand les manivelles s’arrêtent de tourner, le
sport cérébral prend le relais ! La dynamique qui tend vers
un équilibre idéal : la tête et les jambes ! Ça n’est ti
pas beau, çà !
Aussi suis-je en droit de me poser une question ? Alors que
la FFBC recense près de 7000 membres, la fédération pioche
pour dénicher un Pierrot qui soit disposé à prêter sa plume
pour écrire un mot ! Qu’est-ce qui les retient ? D’où
vient cette aversion à l’écriture ? D’où provient cette
allergie à l’encre et au papier ?
Une pédale à la patte
Il est vrai que toutes les sorties à vélo se ressemblent
mais avec un brin d’imagination…
Hélas ! Comme je suis en cale sèche à ce point de vue, je
préfère passer le relais à un randonneur chevronné. De
préférence, un babelair de la FFBC.
Pour une fois, je vous propose un tout autre menu. Une
immersion totale dans l’aventure de l’écriture. Si mon
verbe sujet à compléments à l’heur de vous raser, c’est
maintenant ou jamais qu’il vous faut switcher ! Je
repasserai pour les compliments !
Voilà plus de 25 ans que je roule ma bosse à rédiger des
bafouilles contro tutti i venti pour votre revue « CYCLO ».
Aussi, en tant que vieux briscard du circuit, souffrez,
chers lecteurs, que « j’émiette » quelques
considérations. En toute simplicité, sans me pousser du col
!
Quand je souligne que l’organe officiel de la FFBC s’est
transformé au fil du temps en un véritable magazine qui n’a
plus rien à envier aux professionnels de la presse, ça c’est
une évidence que personne ne contestera. En revanche,
excepté quelques rares anciens, on compte très peu de
renouveau parmi l’équipe rédactionnelle et autres plumitifs
occasionnels. Qu’est-ce qui rend la gent cyclo si frileuse
à l’écriture ? En quoi l’écriture est-elle si
rébarbative ? Pourquoi les cyclos renâclent-ils tant à
coucher leurs impressions sur papier ? Or, nous sommes
tous d’accord pour dire que la mémoire se perd et que les
écrits demeurent. Il n’y a que le premier mot qui coûte !
De plus, je n’invente rien quand je souligne que
l’expérience d’aligner des mots est une expérience
extatique.
Je sais ! Je sais ! On me rétorquera que pour se faire, il
faut du talent, des dispositions naturelles, voire du
génie. Ta… ta… ta … Faux ! Archi-faux !
Quand un auteur nous dit qu’il a travaillé sous le coup de
l’inspiration, il ment. Le génie est fait d’un pour cent
d’inspiration et de quatre-vingt-dix-neuf pour cent de
transpiration nous rappelle Thomas, le père de la lumière
artificielle, à l’inverse probablement de son homonyme,
l’apôtre du Christ. Quand à Jean Anouilh, il dit carrément
que l’inspiration est une farce que les poètes ont inventée
pour se donner de l’importance. Lamartine n’a-t-il pas
écrit à propos d’un de ses célèbres poèmes qu’il était né
d’un seul jet, par une nuit de tempête, dans un bois ! A sa
mort, on retrouva les manuscrits avec les corrections et les
variantes : c’était le poème peut-être le plus travaillé de
la littérature française.
Je ne revendique pas la paternité de cette assertion. En
revanche, je sais que mon épanchement lyrique n’est
absolument pas né en l’espace d’un éclair. Il m’a fallu un
bon bout de temps pour le rendre cohérent, le peaufiner, le
fignoler. Pour plaire, car c’est bien de cela qu’il s’agit,
il faut biner, sarcler et cultiver l’art de la présentation.
Comme je suis bon prince, je vais vous refiler une série de
ficelles qui se révèlent souvent pratiques dans la
rédaction d’un récit. A noter toutefois que celles-ci ne
sont pas exhaustives et qu’il y a autant d’écriture qu’il
existe de prosateur. En fait ma seule envie, c’est de vous
donner envie d’écrire ! Qu’importe le style, la forme, le
vocabulaire, l’orthographe ! L’important est de coucher ses
impressions sur papier. Surtout si celles-ci ne respirent
que du bon air. Rien n’est plus infidèle que la mémoire !
Bis repetita, je sais !
Ecrire, c’est
pénétrer dans une autre vie et encore
une autre façon de voyager des heures entières sans se
fatiguer. Le prosateur se réfugie d’abord dans
l’imaginaire. Ce n’est que par la suite qu’il
concrétise son rêve.
Par conséquent, faire du vélo, c’est se faire 2 fois
plaisir : écrire et voyager !
Faux ! Mon syllogisme est faux parce que tous mes voyages à
vélo font l’objet de 3 phases bien distinctes : la
préparation d’un projet (l’imaginaire), l’exécution
de la balade (le concret) et la rédaction d’un
compte-rendu (le trait d’union entre l’imaginaire
et le concret). Un périple me donne donc une triple
satisfaction, une triple joie, une triple évasion.
N’oublions jamais que 3 sont les vertus théologales,
3 les langues sacrées, 3 les parties de l’âme,
3 les classes de créatures intellectuelles, anges,
hommes et démons, 3 les sortes de son, virtus (force
expressive), flatus (souffle), 3 les
époques de l’histoire humaine, avant, pendant et après la
Loi, etc. Quelle merveilleuse harmonie de correspondances
mystiques pour le plus sacré des nombres ! Celui-ci est de
surcroît synonyme de sociabilité et de communication.
Il est
important de faire une distinction entre les genres
littéraires. Un récit n’est pas un roman ni une chronique.
Il est dit que pour réussir dans le romanesque, il faut la
conjonction de 3 éléments : le talent, le travail et
la chance.
Qu’est-ce que le talent ? C’est une notion très
controversée. Avoir du talent suppose d’abord d’être
passionné par ce que l’on fait. Et par là consacrer
beaucoup de temps à sa passion. Le don est une chose mais
c’est le travail acharné qui le transforme en talent. Nous
possédons tous des talents à des niveaux différents, à nous
de les exploiter. Personnellement, je dirais aussi que c’est
la faculté que possède une personne à résumer en 3
lignes une brique de 300 pages.
Dans un
récit, l’auteur ne court pas après le même lièvre.
Le roman permet de mettre en scène un autre soi, débarrassé
des masques. Le récit, quant à lui, ne fait pas appel à un
héros fictif puisque c’est l’auteur qui se met en scène ou
un de ses proches. Pas question de « Captain Cap »
ou du félon « Cobra » ! Ici, l’humilité est de
rigueur sinon l’auteur risque de se faire taxer de bluffeur
ou de fanfaron.
Dans un récit ce qui est à la fois intéressant, difficile et
compliqué, c’est qu’il faut réinventer l’écriture. J’admets
que ça n’est pas toujours évident. Mais ça fait partie de
l’aventure. Casser la monotonie du récit, voilà en quoi se
résume le challenge. Ainsi aurez-vous remarqué que dans la
présente proposition, j’ai introduit un corps étranger,
en l’occurrence le nombre 3 et ses multiples en
numérologie.
Que ça plaise ou non, je m’en bats les pinceaux. Il n’est
pas question que les salades, que je vous ai mitonnées,
soient du pipeau !
Terminons-en avec cette digression. Tout papier comprend
toujours 3 phases: s’informer, réfléchir et écrire.
« Eie ma vast » dirait pépé, mon respectable
boempa !
Le titre est un élément auquel j’attache généralement
beaucoup de soin. Les gens de plume s’accordent à dire que
le titre est une clé interprétative. Pour ma part, le but
du titre est de mettre le lecteur au parfum en 3
mots. Par exemple, mon carnet de route intitulé « La
Corrèze sous une volée de coups » annonce clairement la
couleur puisque tout le déroulé du compte rendu s’articule
autour des variantes du mot « coup ». En ce qui
concerne la présente réflexion, le titre m’est venu tout en
pédalant. D’abord, j’avais opté pour « un p’tit vélo dans
la tête ». Ensuite, de fil en aiguille, ç’là m’a fait
songer à « un Fil à la Patte » devenu par extension « Une
pédale à la patte ».
Une autre composante extrêmement importante ! L’histoire doit être complète avec un début, des
péripéties et une fin. Encore un 3 indécrottable.
L’attaque et la chute sont ponctuées par des formules qui
invitent au voyage, imaginaire et concret. Tout prosateur
doit avoir le respect du lecteur. Et par conséquent, pas
question de rédiger une histoire qui donne l’impression
d’être bâclée.
Maintenant il arrive que je prenne des notes par routine
sans but, sans finalité bien déterminée. Souvent ce sont
des bouts de phrase, des brimborions qui n’existent que
parce qu’ils sont des garde-fous de ma mémoire. Très
curieusement, ces petits riens deviennent un patrimoine
inestimable au bout d’une longue saison, au bout de la
longue passion. Mais ici, il s’agit davantage d’un réflexe
que d’écriture.
Personnellement, je reste persuadé qu’un cyclo
individualiste, même replié à 100% sur lui-même, sera tenté
de partager les impressions que lui procure le vélo.
Oralement ou de manière écrite. Pour autant qu’on lui en
donne l’occasion, bien sûr ! La revue « CYCLO» est
justement la formule idéale pour partager cet excédent
d’adrénaline.
Maintenant, écrire une bafouille, même dénuée de toute
imagination, n’est pas toujours facile et ne le devient pas
avec la pratique. Au contraire de ce que pense un grand
nombre de lecteurs. Avec chaque année qui passe, avec chaque
récit et avec une notoriété grandissante, le risque de
blocage se renforce et le plumitif est loin de gagner en
liberté. Mais ça n’est pas votre problème !
Mon
premier souci, avant de commencer toute rédaction, est de
noter sur une feuille volante un maximum d’informations sur
le pays, les habitants, les incidents de parcours, les
rencontres, des anecdotes bref je fais flèche de toutes les
idées qui me passent par la tête.
Je conserve religieusement un réservoir de fiches, de notes,
de références, etc. que je considère comme mon trésor de
guerre.
Ensuite, elles sont triées et mises dans l’ordre
chronologique. En attendant de vous
exposer une éventuelle « Fiat de Lux » !
Dans un
premier temps, je proposerais au néophyte de composer des
récits linéaires à l’aide de textes fluides et sobres
utilisant des phrases courtes pour éviter les pièges
grammaticaux.
Faire simple et clair réclame beaucoup plus de
travail que de faire grandiloquent, incompréhensible, et
rempli de sous entendus que l'auteur est le seul à connaître.
Ne prenez pas exemple sur ma prose car justement je suis
un malade du discours au second degré et je suis convaincu
que certaines de mes saillies sont parfois mal
interprétées. Quant à mes envolées lyriques, oubliez-les
parce que leurs queues sont trop longues. Faire court sans
raser les pâquerettes, voilà le challenge. Etre soi et
personne d’autre ! Et encore et toujours se
mettre à la place du lecteur.
Pour rendre la narration complaisante, insérez un dialogue
avec un autochtone. Cela rend la lecture plus vivace,
alerte. Utilisez des procédés de proximité comme le
dialogue direct tel que « Holà ! Qu’en pensez-vous ? ».
C’est un tuyau d’enfer qui paie !
Même si le récit s’adresse en premier lieu au
cyclotouriste, le public-cible peut être varié et élargi.
Il faut alors s’efforcer d’utiliser un vocabulaire simple.
Toutefois, quand le texte paraît dans une revue destinée à
un lectorat ciblé comme « CYCLO », il est conseillé
d’utiliser des mots ésotériques qui apportent du piment et
un souffle qui sont indispensables pour garder le lecteur en
haleine. Surtout, évitez les redites et les doublons.
Quant aux
flashbacks, c’est une technique à laquelle j’aurais recours
seulement plus tard à des fins humoristiques, poétiques,
etc. Lorsqu’une routine est déjà bien installée.
Un des problèmes majeurs de l'écriture, c'est qu’on est seul, tout
seul devant sa feuille.
Si on n’a rien à se dire à soi-même, on n’a rien à dire aux autres
et l'écriture ne va que nous faire mesurer un vide
intérieur. Une toute petite envie est donc indispensable.
C’est peu mais ça suffit pour se mettre à raconter, à
décliner le vélo à tous les temps.
Mais il
se peut que cette envie soit parfois compliquée à reproduire
sur papier. A qui la faute ? Inutile de chercher midi à
quatorze heures ! De nos jours, l’école enseigne
l’orthographe, la conjugaison, la syntaxe et le vocabulaire
sans intention réelle d’en faire un moyen de communication.
Mais là n’est pas mon propos, c’est un autre débat !
Délicat !
Les livres parlent toujours d’autres livres. Chaque
histoire raconte une histoire déjà racontée. Ça Homère le
chantait déjà à son époque. Il en va de même en ce qui
concerne les récits. Le roman ou la nouvelle sont une
affaire de cosmologie c'est-à-dire que pour raconter, il
faut avant tout se construire un monde, le plus meublé
possible, jusque dans les moindres détails. Ça n’est
absolument pas le cas du récit, qui la plupart du temps, ne
fait que relater une succession de faits et d’impressions.
C’est la raison pour laquelle
j’essaye
pour ma part de mettre l’accent sur l’originalité et le
rythme de la narration.
Une histoire doit apporter quelque chose de nouveau. Si ce
que vous faites est dans la prolongation de tel ou tel ou
ressemble à tel ou tel ce n'est pas la peine de le faire.
C’est du réchauffé ! En modifier la sauce, c’est innové !
Il faut être le plus original possible dans la forme et dans
le fond. Le style doit être neuf, désopilant. En un mot
éclatez-vous !
D’aucuns comparent l’écriture à de l’artisanat. Peut-être,
pourquoi pas ? Puisqu’il faut avoir le goût à ça, puis
l’entretenir régulièrement. En effet, on apprend à écrire en
écrivant, comme on apprend à lire en lisant. La clé
du succès consiste à écrire au kilomètre et lire des
bibliothèques entières. Chaque livre va vous enseigner un
petit truc nouveau dans la manière de situer les
transitions, de poser éventuellement un dialogue, de créer
une digression.
Ensuite, le rythme est, pour moi, un élément majeur dans
l’écriture. Le rythme de la phrase, le rythme du récit doit
capter l’attention du lecteur en permanence. Si on ne règle
pas le tempo dès le départ, on finit par s’essouffler.
Mais…
Au bout de 33 balades, j’avais peur d’avoir fait le
tour de la question. Normal puisque 33 correspond à
l’âge du Christ qui est celui du plein développement. L’âge
parfait. A cette époque, j’avais déjà eu l’occasion
d’expérimenter la méthode de Jean Bodin, grand Inquisiteur.
Celle pour soutirer les aveux des sorciers. Oh ! Pas
question ici de roue, de poire d’angoisse, de brodequins ou
d’arrachage de chair. Non ! Toutes ces techniques ne sont
que de l’enfantillage en comparaison d’une formule douce en
apparence : la privation de sommeil.
En effet, avec le temps, je devenais de plus en plus
perfectionniste, et le perfectionnisme est source
d’insomnie. Une chance que je le sois, insomniaque, parce
que je me suis aperçu que je n’étais pas au bout de mes
recommandations.
J’apprécie personnellement quand l’auteur termine la
rédaction de son récit par un paragraphe d’accroche. Un
dernier clin d’œil au lecteur !
L’ultime opération se termine toujours par un toilettage du
texte : précision du vocabulaire, vérification de la
cohérence et de la lisibilité (syntaxe, orthographe,
ponctuation, harmonie).
Il y a plusieurs manières de raconter un récit. Roman-photo,
texte descriptif, texte narratif, etc. peu importe, mais un
périple se raconte toujours à l’aide d’un croquis, d’une
carte et des photos. Le récit ne vit que par les couleurs,
les lumières, les odeurs que lui insuffle le prosateur.
Et puis
que dire quand on arrive à la 333me balade, il n’y a
plus de fin. Par conséquent pas de commencement non plus.
Le 3 de tête se confond avec le 3 de la
lanterne rouge. Là, on patauge en plein mystère de la
métaphysique chrétienne. Maintenant celui qui veut
s’identifier à « une Bête de Vélo » doublera la mise
c’est à dire 666 qui représente le chiffre de celui
qui veut se placer au-dessus de TOUT. Et du coup nous voilà
au top du top ! Est-ce bien sûr ?
Il ne faut jamais avoir peur de tout recommencer. D’autant
plus que si le récit est mal ficelé et qu’il ne nous plaît
pas, il n’y a aucune chance que cela passionne le lecteur.
N’oublions pas que beaucoup de lecteurs ont souvent des
journées fatigantes. La lecture doit donc être une
détente. Aussi faut-il tenir le lecteur en haleine par tous
les moyens.
Quand je vous disais, il y a un instant à peine, que
l’appétit de l’écriture venait en écrivant, ça ne fait pas
l’ombre d’un doute. Preuve à l’appui, c’est qu’à partir de
la proposition « vélo et écriture = même combat », me voilà
contraint de mettre un frein à mon laïus. Sans le moindre
souci, je pourrais doubler, voire tripler le volume de ma
prose en évoquant quelques interrogations personnelles
telles que quand, comment et pourquoi me suis-je mis à
écrire. Et hop ! Le carrousel se remet en route jusqu’à la
nuit du temps présent. Le temps présent ? Oh zut ! Encore
un lièvre que j’avais omis de soulever jusqu’ici. Attention
à la concordance des temps. Personnellement je préfère le
dynamisme du présent au passé. Mais ça, c’est au choix du
client.
Comme vous voyez, je ne fais pas encore une obsession de la
crampe de la main. D’autant que pour moi, il n’y a que le
temps présent qui soit idéal pour s’exprimer.
Les
esprits chagrins prôneront qu’un mode d’emploi eût été plus
efficace que ma prose au kilomètre. Ils ont tout à fait
raison. Mais en commençant ce message, il n’était pas dans
mon intention de rédiger un condensé de conseils.
D’ailleurs, je n’ai jamais eu envie d’écrire un vade-mecum
de l’écriture. Ça fait trop pompeux et prétentieux, surtout
pour un linguiste pas trop comme il faut. De plus, je ne
considère pas la rédaction d’un mode d’emploi comme de
l’écriture. Disons que c’est tout au plus un procédé de
communication court et bien. Aussi était-ce cette tartine
indigeste ou rien, nada, que dalle !
Et un
jour survient fatalement le nombre 3333.
C'est-à-dire 2 paires de 33. Mais sans le risque
d’une double insomnie puisque cette fois-ci le nombre va me
donner l’occasion de chuter en beauté. En effet, je
terminerai mon exposé par une excellente citation que j’ai
empruntée à Winston Churchill. « L’écriture est une
aventure. Au début c’est un jeu, puis une amante, ensuite
c’est un maître et ça devient un tyran. »
Ce bon
mot résume non seulement mon baratin mais permet aussi de
tirer une foule d’enseignements comme :
- le récit n’est pas seulement l’écriture d’une
aventure, mais l’aventure d’une écriture.
- l’écriture comme le vélo ne doit pas déborder les limites
du jeu sinon la notion de plaisir se métamorphose en un
sujet obsessionnel, maladif et traumatisant. Et le jeu n’en
vaut plus la chandelle.
- que la reine mère et la petite reine fassent place à une
maîtresse supplémentaire ne signifie pas que cela échouera
nécessairement en un trio infernal.
- quant au maître ou au tyran, ça suffit ! Je pense que
nous sommes déjà suffisamment servi depuis la chute d’Adam
qui nous impose de bosser jusqu’à 65 piges pour gagner
notre croûte. Le règne des maîtres et seigneurs est
révolu !
- une place pour chaque chose, et chaque chose à sa place,
comme dit mon voisin.
Et enfin ! Si jamais ma prose n’a pas convaincu, vous avez
le choix entre le bureau des doléances qui est à votre
disposition tous les 36 du mois de 9 à 18h.
ou tourner ad vitam sur les 333,33 mètres que
développe le vélodrome de Roubaix.
bruffaertsjo@skynet.be

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