"Le récit s’inscrit dans
le prolongement du concours organisé par le secrétaire des Monts
de France
à l’occasion
de la concentration cycliste
à
Montmartre."
Paris
"
Misters" &
"Miss
Tresses "
"Cyclo,
j’ose"
tout te dire ! J’ai fait du vélo sans donner un coup de
pédale !
Dieu ! Qu’est-ce
que ça le démangeait ! Il en avait envie mais alors une
envie, je ne te dis que ça ! Une soif d’évasion identique à
celle qu’il éprouve quand il aperçoit des petits bateaux !
Et ça, faut le voir pour le croire ! C’est beaucoup plus
mieux qu’une Voie lactée qui scintille
dans les lotos d’un mioche qui reçoit trente-six cadeaux de
trois Saint-Nicolas en une fois. Inénarrable !
Notre secrétaire, puisque c’est de lui qu’il s’agit, s’est
fait grand plaisir en inscrivant la butte de Montmartre au
panthéon des Monts de France. Son auto-consécration,
l’apothéose de son défi ! Mais avant ça, fallait-il qu’il
débauche quelques bonnes pâtes pour l’accompagner dans cette
parade triomphale. Une entreprise à risque puisque le gros
du peloton n’en a rien à cirer de cette taupinière qui ne
compte que pour du beurre ! Enfin ! Une chance, le dernier
carré répond toujours présent !
À balade
insolite, bafouille atypique ! La chronique aurait dû
s’articuler autour de sept édifices majeurs et douze pépites
parigotes repris sur l’itinéraire cycliste, l’ensemble
ponctué par une touche personnelle des participants. Le
sept parce que le nombre répond à une soif de vérité et le
douze se référant aux Travaux d’Hercule. Mais voilà, c’est
folie d’entreprendre quelque chose qu’on ne maîtrise pas.
Et oui, une fois de plus, j’ai nettement sous-évalué le
manque d’entrain du peloton à accoucher d’une idée sur
papier. Finalement, ce qui me restait de mieux à faire,
c’était de retourner ma veste du bon côté. Me faire plaisir
comme Dominique. M’évader dans mes décarrades. Exit la
chronique tartinée BCBG. Aussi, ai-je débauché
Mister Jo, le
nègre de service en qui sommeille un moulin à paroles
hideux.
Fais comme tu veux, m’fi ! Suis la caravane à pied ou sur
papier, à vélo ou en bateau-mouche ! Chez nous, personne ne
reste sur la touche !
Art contemporain
Cours des
Petites Écuries Les Fontaines à boules du Palais-Royal
Maintenant …
Comme le
reportage a changé de nature, il n’y a plus de raison pour
que je suce la roue d’un équipier, d’autant plus que
j’éprouve la sainte-pétoche à rouler en ville. Par
conséquent, c’est pedibus, en zigzag, que je me rends à
Montmartre pour accueillir les artistes du vélo. Et ce,
agréablement accompagné de ma Pasionaria, Marc, Cathy et la
famille Laviéville au grand complet sans oublier les
copines.
Quant à
Dominique, alias Mister Paris,
il propose son parcours au fil de l’eau et le long des
grands boulevards de la Ville Lumière. Un tracé de toute
beauté ! Il chasse les Monts de Mars et de Mercure (étym.
Montmartre). Au même moment Mister Jo surfe sur
les Monts d’orgueil réservés à la cour des Grands et te
propose d’aller à la recherche du temps perdu. Par un lacis
de ruelles sinueuses aux intrigues horizontales.
Ambiance !
Suis-moi dans ma quête féminine puisque "♪♪♪
Je m’en vais voir les p’tit’s femm’s de Pigalle, …♪♪♪".
Une virée en compagnie des Parisiennes de la Belle Époque
sans effeuiller les fleurs du mal !
Hardi les gars !
Place à la Parisienne de
Marie-Paule Belle
sur un tempo de Jacques Offenbach !
♪♪♪ … Depuis je suis à la mode, Je me rôde, je me rôde
Dans les lits de Saint-Germain, C’est divin, c’est divin
Je fais partie de l’élite, Ça va vite, ça va vite …
Me sachant originale, Je cavale, je cavale
J’assume ma libido, Je vais draguer en vélo
Maint’nant, je suis parisienne, J’me surmène, j’me surmène …
♪♪♪
Ne t’enfièvre
pas ! Je m’emprouste pas ! Quoique je salue en
passant le "Saturnien" qui a eu la bonne fortune de
tremper son biscuit "à l’ombre
des jeunes filles en fleurs".
Ohé Marcel, plize, toi qui a piqué ton fameux
questionnaire aux Angliches●, conseille-moi un peu comment
métamorphoser les Travaux d’Hercule en Œuvres de Vénus !
Késako ?
Demande le mode d’emploi à la Belle Marie-Paule et à
sa copine Françoise ! Ou bien encore, traquons les
animatrices et suis mon panache sans bourse délié dans une
tournée des grands-ducs. Quoique l’exercice ne soit pas
inventorié comme discipline olympique, l’effort n’en reste
pas moins olympien.
Tu rentres gagnant ! Ma proposition est de toute façon
beaucoup plus avantageuse (voire lubrique) que celle
de bêler à la suite d’un guide et de l’écouter débiter la
chiée de chanoines qui ont administré le chapitre de
Notre-Dame de Paris.
Après cette envolée ! Kiss and go !
Les cyclistes se
regroupent sur les Hauts de Seine pour des soucis
logistiques. Nadia et moi, nous nichons (rassure-toi, je
me soigne !) dans le "Ventre" de Paris,
point de ralliement des marcheurs. À une foulée de la
rue Paradis-Poissonnière, un milieu largement
évoqué par Émile Zola dans "l’Assommoir". C’est dans
ce quartier populaire que la future maîtresse d’Offenbach,
Valtesse de La Bigne,
passera ses jeunes années. Ambitieuse, elle aura hâte de
faire sa place au soleil et pour ce faire, elle enchaînera
les amants et fréquentera le cercle des artistes peintres.
Posant pour Corot, Manet et bien d’autres, elle héritera
d’un éloquent pseudonyme : "L’Union des Peintres".
Tiens ! Un truc bizarre à propos d’Édouard Manet ! Ne
voilà-t-il pas que notre carré d’as cycliste vient de
quitter Gennevilliers qui fut le fief de la famille Manet.
Le maître, qui cultivait un faible pour les odalisques,
avait souvent donné son Olympia en spectacle à
son entourage. De nos jours, l’hétaïre lascive au regard
pénétrant, tient ses consultations au Musée d’Orsay. Du
matin au soir, sans rendez-vous au préalable ! Elle a pour
voisine une toile de Gustave Courbet dénommée "L’Origine
du Monde" qui, elle, s’est fait descendre en flèche par
les critiques conformistes lors de sa présentation. D’aucuns
prétendent que ce serait "la Présidente", dont
il sera question plus loin, qui aurait prêté son intime
académie à ce chef-d’œuvre. Miss Stress ou
Mystère !
Dans le même
contexte ! L’aquarelle de Man Ray, un artiste américain qui
aimait se ressourcer à Montparnasse, représente une amazone
sur un grand bi (The bicycle’50) qui n’a rien à
envier au drapé académique de "L’Origine du Monde".
La marche des
valeureux "trousse chemise" nous mène au n° 32 de la
rue Richer, un endroit fréquenté par les
noctambules friands de strass et paillettes puisqu’il abrite
le temple des Folies-Bergère. Autrefois, son promenoir
était un véritable bordel. Mais il ne fait pas l’ombre d’un
doute que les Flaubert, Zola, de Maupassant, et autre Manet
bénéficiaient, eux, de l’intimité du cabinet n°6 de la
Maison d’Or.
Actuellement,
c’est une Joséphine Baker
relookée en Goldfinger girl qui éblouit les
spectateurs. Si la façade dorée en art déco vaut le coup
d’œil, ne soyons pas tartufe, ce sont les pensionnaires qui
régalent les yeux !
On entre de
plain-pied dans l’univers de la
Belle Otero, une
croqueuse de diamants qui éclipsait toutes ses rivales parce
qu’elle possédait l’art consommé d’entrechoquer les
castagnettes… Shocking, isn’t it !
Surnommée "la
Sirène aux suicides", elle clamait à corps et à
cri que "la fortune venait en
dormant… mais pas seule". Édifiant, non ! Pour
assister à l’une de ses représentations, les candidats se
bousculaient au portillon. Aussi la bergère parvint-elle à
négocier une nuit de folie à 20.000 francs or à Léopold II,
le roi des Belges, qui emporta ainsi les faveurs de la
Grâce. Au nez et à la barbe de son cousin Édouard VII,
s.v.p. ! Ne t’en déplaise, les Belges ont toujours été les
rois de la carambole !
Les "Trois Grâces" de la Belle Époque
Émilienne d’Alençon,
une autre Grâce et pensionnaire des Folies-Bergère, était
une passionnée de vélocipède et fréquentait assidûment le
manège Humber (cycles) au point que, quand on la cherchait,
si elle n’œuvrait pas à l’horizontale, on se rendait au
manège ! À côté de cette frénésie de bouger, elle avait la
phobie des titres de noblesse.
Hé ! Hé ! Et… à
l’époque, elle était la seule parmi les travailleuses
horizontales qui jouissait d’un manager susceptible de
répondre à cette demande bien spécifique. Ki sa ?
Toujours le même Léo pardi, qu’une presse satirique,
en l’occurrence le "Gil Blas", qualifiait à demi-mot
de "Mercure" c’est à dire de proxénète. Quel
cirque !
Comme le "Roi
barbu" était un grand amateur de chair fraîche, il
chassait sans répit afin de rajeunir son cheptel. Je
suppose qu’une chute brutale d’adrénaline l’aurait anéanti
sur le champ. Sa marotte : il adorait grimper en
danseuse ! C’est ainsi qu’un petit rat d’une beauté
légendaire, miss Cléo de
Mérode, une authentique bleu-blanc-rouge bien
née, fit partie du paddock privé avant que l’ogre ne jette
son dévolu sur "Très Belle",
une gamine de près de 50 balais de moins que lui dont il fit
la baronne de Vaughan. De cette union de la main gauche
naquit deux garçons que le monarque s’empressa de
reconnaître. Faut dire qu’il avait conservé une belle
pointe de vitesse jusqu’à son dernier souffle !
Bref, pour le roi des Belges à la barbe fleurie "Paris
valait bien une fesse".
Le Roi et Très Belle
Cléo de
Mérode
Mon Dieu, mais
que sont les "Kings of the boulevard"
d’antan
devenus ? À se demander pourquoi l’arrière-petit neveu du
même souverain fait tant de chichis pour reconnaître sa
petite fleur de cactus qui est le fruit de sa passion pour
la baronne Bibi-de-c’est-Lisse-le-Long-du-Champ. Or,
une fausse queue de jeunesse, ça se redresse toujours
surtout quand "c’est du belge". Aussi, est-ce
ridicule de vouloir se dissimuler derrière l’épilogue de l’Amphitryon
de Molière :
Tout cela va le mieux au monde ;
Mais enfin coupons aux discours,
Et que chacun chez soi doucement se retire.
Sur telles affaires, toujours
Le meilleur est de ne rien dire.
Pis encore ! De
nos jours le même quidam fait la gueule et se lamente comme
une madeleine dans les basques du gouvernement parce que
celui-ci refuse de lui payer les frais de carburant de son
yacht privé.
Poverino Sire !
Et pourtant … Pour "écouter les chagrins", il n’y a
qu’à faire appel au "Petit calepin magique" de
Mister Paris ! Il suffirait d’une miraculeuse pointe
Bic pour transformer le carrosse des mers en une vieille
bonne galère pour que Paulette retrouve le sourire !! Super
! De plus, c’est vert et moins cher mais… tout compte fait,
qu’est-ce qui les empêche de refaire de la bicyclette sur un
air d’Yves Montant
tout en s’éclatant sur le Beau Vélo de Ravel ?
Mais voilà ! C’est demander l’impossible à un
prince-sans-rire.
Quant à la "Miss
Ter" qui enflamma le Tout-Paris de la Troisième
République, elle avait pour nom
Liane de Pougy, une
copine à la Valtesse de La Bigne qui l’avait initiée
aux mystères de la haute-bicherie. Sans le trio magique
Otero, Émilienne et Liane, la Belle Époque
ne porterait pas son nom. Ces trois égéries ont incarné le
triomphe de la femme.
Elles avaient compris que la coquetterie n’est que de l’art
ajouté à la nature. Dès lors, se sachant défavorisées de ne
point avoir le séant callipyge, elles se posaient des
faux-culs aux croupières pour les étoffer tant et bien
qu’ainsi attifées, elles te mettaient le diable en bénitier
tous les jours que le Seigneur fait !
On prolonge en
direction de la rue de Provence et au bout de
celle-ci, on oblique à droite pour rejoindre la Place
Saint-Georges. Les Bruffaerts circulent en terrain
conquis, leur dernier passage remonte à moins de deux ans.
Pourtant une surprise les attend. À proximité de la Place
Saint-Georges, ils croisent la rue d’Aumale
qui rappelle à leur bon souvenir les performances d’un
certain Henri d’Orléans, le fils de Louis-Philippe 1er,
le roi des barricades. À la mort de sa femme, ce brillant
personnage ressentit tout à coup un besoin irrésistible de
séduire les dames du Second Empire. Le libertinage devint
son credo à tel point qu’il donna son nom à une position de
kama-sous-le-tram-nommé- délire ! Note qu’en
enfourchant le « Cheval d’Hector », c’est kif-kif
bourricot ! Cette figure, il la peaufina à moult reprises
avec Léonide Leblanc,
rebaptisée "Mademoiselle
Maximum" qui, elle, se fera un plaisir de
refiler la recette à Georges Clémenceau.
Voilà un immense homme d’état qui bouffait à tous les
râteliers et qui montait à tous les créneaux ! En outre, "Le
Père de la Victoire" avait plus d’un tour dans son sac !
Il est sûr et
certain que Mister Paris s’est fait un immense
plaisir de commenter le magnifique Pont Alexandre III à ses
coéquipiers, un ouvrage d’art qui marqua la Belle Époque.
Le pont a été construit pour cimenter l’alliance
franco-russe lors de l’Exposition universelle de Paris en
1900. La première pierre fut posée par le tsar Nicolas II
et le président Félix Faure (le président soleil) qui
décéda dans les bras de sa maîtresse un an avant son
inauguration. Je suppose que Dominique aura ponctué
l’événement qui inspira au tribun Clémenceau la saillie
suivante :
"Il a voulu vivre César, il est
mort Pompée !"
Allez, franchement, n’est-ce pas un coq tel à servir
à un dîner mondain ?
À ce propos :
"Dis-moi ! Selon toi, que médita
Miss Meg, "la
pompe funèbre" qui tenait le beau Félix des hôtes des
ces boys par les deux orphelines en attendant que se
pointe Madame la Présidente à qui revenait l’honneur de
recueillir le dernier souffle du moribond ?
De toi à moi ! En âme et conscience, est-ce que tu ne
signerais pas illico des deux mains pour t’envoyer en l’air
pour l’éternité de cette manière ? Tirer sa révérence tout
en ayant le cœur léger, sans un remord ni un regret ! Quel
pied !
Les promeneurs
sont encore et toujours plantés au coin de la rue d’Aumale.
Rien ne sert de courir à Paris ! Un dernier mot pour bien
te situer la demoiselle "Maximum" ! On rapporta
qu’au cours d’un voyage en chemin de fer, la conversation
portait sur le duc d’Aumale. L’un des voyageurs déclara "je
déjeune avec le Duc demain", un second confessa "nous
allons prendre le thé avec lui samedi", un
troisième enchaîna to de go : "Nous
sommes invités à dîner dimanche". Le train
arrivé à destination, Léonide se leva et dit de son plus
beau sourire "et moi, messieurs,
mesdames, je dors avec son altesse ce soir". (Source :
Amis et Passionnés du Père-Lachaise)
Détrompe-toi sur
le compte de Léonide Leblanc ! Même si dans
l’intimité elle avouait volontiers que le bouc de son duc
lui procurait de bonnes sensations, elle taquinait le gigot
qui lui donnait davantage de plaisir !
Ce cri du cœur
m’inspire une réflexion. Elle me fait penser à Marc, mon
religionnaire laragnais, qui fustige avec raison les méfaits
d’une compétition malsaine qui se développe à tous les
échelons de la société. Comment aurait-il arbitré le débat
entre les nombreuses cocottes qui se targuaient d’avoir
dragué Napoléon III ?
Ultime "Miss
Terre" au cabinet du Duc-Beau-Mâle ! Va savoir
pourquoi le tableau mythique des "Trois Grâces"
(Raphaël) faisait partie de la collection privée du fieffé
coquin ?
Les "Grâces" de Botticelli
Figure-toi que le
jour du départ, les Bruffaerts sont contraints de tuer trois
heures d’attente. Que faire ?
Ne cherche pas midi à quatorze heures, la réponse va de soi
à qui connaît les Ostrogoths.
Ils se tapent
allègrement la cloche chez Da Mimmo, une trattoria
napolitaine qui propose la baie de Sorrente en toile de
fond. La salle est déserte ! Les mandolinistes se reposent
encore un peu avant leurs fatigues à venir ! Aussi le
serveur leur donne-t-il la meilleure table ! Tu sais où ?
Juste en-dessous d’une reproduction des "Trois Grâces"
de Sandro Botticelli !
Suspens & Mystère !
Quand je te tanne
les oreilles à te répéter que le monde est petit, petit,
petit !!
Passons la digression !
♪♪♪ Même vous, qui passez sans me voir, Sans même me dire bonsoir,
Donnez-moi un peu d’espoir ce soir…♪♪♪
Merci Mr. Charles Trenet !
Il est temps de reprendre notre bâton de pèlerin.
Résidence de la Païva : Place Saint-Georges
Quelques pas plus
loin, nous déboulons sur la Place Saint-Georges,
le quartier des lorettes. Nous accédons dans le saint des
saints. Sur les terres privilégiées de "La
Païva" ! La ville de Paris a scellé sur la
grille d’un hôtel particulier une plaque commémorative en
forme d’écusson narrant la petite histoire des lieux.
Extrait :
"… Le buste de Gavarni, peintre des
« lorettes », surmonte la
fontaine depuis 1911 … C’est en 1840 que l’architecte Renaud
construisit cet immeuble dans un style gothique et
renaissance. Thérèse Lachmann, demi-mondaine en vue qui
venait d’épouser le marquis Païva y Arunjo, vint y habiter
en 1851 ; puis elle fit construire un nouvel hôtel aux
Champs-Élysées. Elle devint une courtisane adulée sous le
second Empire, sous le nom de "La Païva".
Sans me rendre compte, voilà que je me mets à fredonner le
tube de Michel Delpech :
♪♪♪
C’était bien, chez Lorette,
Quand on faisait la fête, Elle venait vers nous. Lo-rette
C’était bien, c’était chouette, Quand on était fauché, Elle
payait pour nous. Lo-rette ♪♪♪
Forget it, my dear !
Ça n’était absolument pas dans les mœurs de la "La Païva"
puisque son hôtel était surnommé "Qui
paye, y va". Concernant le nouvel immeuble aux
Champs-Élysées (n°25), elle y tint chambre ouverte pour le
Tout-Paris des lettres sauf les femmes ! Ce déploiement de
faste inclina les frères Goncourt (de gros consommateurs de
partouzes salonnières) à l’accabler de quolibets et le
Figaro de titrer :
"Bien que son hôtel ne soit pas
encore aménagé, Madame la Marquise de Païva peut s’y
installer ; le trottoir vient d’être terminé …"
Cela n’empêchera
pas la femme galante d’être mystifiée par un comédien
relooké en un Napoléon III plus vrai que nature. Néanmoins,
elle saura entretenir la légende autour de sa personne. Et
si j’ajoutais maintenant que je suis le beau-père d’une
dénommée "Païva Nunes" (étym. Fille de Païva),
que répondrais-tu ?
-C’est du roman, tu te fiches de ma pomme !
-Ça, c’est toi qui le dis !
Au nom de quoi un
rubricard de chroniques cyclos devrait-il s’interdire
d’écrire des choses vraies sous prétexte qu’elles paraissent
invraisemblables ? Ainsi ma "Païva" n’est peut-être
que le jouet de hasards complaisants mais en attendant, je
fais avec … la bru devenue une Bruffaerts avec son
mystère !
Et dis-toi bien
qu’avec cette Païva-là, tu vas au casse-pipe ! Si
t’es un "zotte pei" (un secoué du bulbe ; se prononce
peille), vas-y, mais fais gaffe à tes oreilles, papy !
Moins de cinq
minutes plus tard, on dépasse l’hôtel de la Villa Margaux où
nous avions séjourné la dernière fois. Trois pâtés de
maisons plus loin, c’est au tour du n°4 de la rue
Frochot qui scotche l’attention de Marc. C’est là
que la "Présidente"
Apollonie Sabatier (aucune
apparenté avec le poulbot des Allumettes Suédoises)
tenait un salon branché à la mode de Ninon de Lenclos, la
reine des salons parisiens du XVIIe siècle pour ses célèbres
"Cinq à Neuf" ! Les convives se retrouvaient pour
des repas bachiques suivis de saturnales où toutes les
outrances étaient permises.
Femme très
raffinée, Apollonie inspira
Charles Baudelaire qui
lui écrivit :
"Vous êtes pour moi non
seulement la plus attrayante des femmes, de toutes les
femmes, mais encore la plus chère et la plus précieuse des
superstitions."
Quand à Mister
Jo, il est convaincu que le personnage n’est pas
étranger au rôle tenu par la mère maquerelle de l’Apollonide,
un film qui fouette vachement la débauche du quartier.
Après un long
passage à vide (avide de chatterie ?), Apollonie
retrouva un protecteur en la personne de Richard Wallace●,
fils de Lord Hertford. En l’occurrence, le Grand fontainier
de Paris et propriétaire de « Bagatelle » au Bois de
Boulogne !
Bien plus qu’une
demi-mondaine, Apollonie restera pour l’histoire une
des inspiratrices de Baudelaire. Cette belle destinée
laisse Mister Jo sur sa faim ! Sans entrer dans les
détails, pour peu qu’un esprit curieux se documente un rien,
il butera sur des énigmes que je refuse d’évoquer afin de ne
pas ternir l’image de celle qui a eu l’immense bol
d’épancher "Les Pleurs du Mâle" ! Mes aïeux, quel
chassé-croisé dans ces salons, toujours les mêmes têtes de
pipe ! Toujours les mêmes manœuvres de dessous de table !
Que Maurice
Grévisse pardonne mon rudoiement de l’emploi du sujet où
les "on" dament le pion aux "nous", "Mister
Jo" prend le pas sur le "je" et le tutoiement
supplante le vouvoiement. Si tu y ajoutes le patronyme des
Bruffaerts, ça fait carrément bordélique ! L’orthographe,
n’en parlons pas ! Quant à l’usage des temps, c’est du
grand n’importe quoi. Comme le présent n’est que le reflet
d’un passé révolu n’ayant plus de relation avec le présent,
l’indicatif, l’imparfait et le passé simple s’accordent bien
ensemble houspillés parfois par un futur dépassé ! Si t’as
pigé, n’hésite pas ! Passe-moi un coup de fil ! Zut ! Où
donc est passé mon Ariane ?
♪♪♪ Dieu !, Mais que Mon Ariane était jolie, Quand elle marchait
dans les rues de Paris… Ça ira, ça ira, toute la vie …♪♪♪
Ne tire pas sur
le rimailleur, svp ! Ce n’est qu’un colporteur de ragots,
une mouche à cancans qui s’escrime à faire de l’humour avec
des formules éculées. Alors de grâce, respecte le bordel de
son chiffonnier !
À propos de
cancan, qu’est-ce que ça te dit ?
On aboutit sur la Place Pigalle, à quelques
pas de la Place Blanche.
Comme le groupe
des marcheurs n’était pas du tout homogène, il fallait
s’attendre à un coup de pompe de l’un ou l’autre. C’est la
benjamine qui jette l’éponge ! Logique !
Dislocation du groupe en un quintette et la smala Laviéville
tout en accordant les violons pour un regroupement général
au square Jehan Rictus.
Le rambour des noctambules
Est-il nécessaire
de présenter le Moulin-Rouge, le tout premier grand temple
des dessous de Paris by night et probablement le cabaret le
plus célèbre au monde ?
Même refrain pour "La Goulue",
la papesse du French Cancan et l’égérie de
Toulouse-Lautrec qui, à
côté de ses séances de jambes en l’air, appréciait aussi de
prendre un bol d’air dans les parcs.
"J’allais le mardi ou le vendredi au bois de Boulogne car nous
étions sûres d’y rencontrer les Parisiennes de « haut
vol ». J’allais pas faire mon « persil » comme on l’a dit.
J’étais pas une prostituée ! J’allais respirer le bon air
et jacter, bavarder avec les personnalités, comme qui dirait
des duchesses authentiques, voyez-vous ? Les gens du peuple
se pressaient pour voir les cab’s de la « Haute-Société »
mondaine et demi-mondaine qui passaient, dont le mien rempli
de toute ma petite famille."
(source : Moi, la Goulue de Toulouse-Lautrec)
Mister Jo
avance encore qu’elle se serait dévergondée comme la plupart
de ses frangines et qu’elle aurait goûté au gigot aillé mais
…pas avec n’importe qui puisqu’il s’agirait d’Émilienne
d’Alençon.
Au cours d’une
promenade au Jardin de Paris, elle apostropha le Prince de
Galles, le futur Édouard VII : "Hé
Galles, Tu paies l’champagne ! C’est toi qui régales, ou
c’est ta mère qui invite ?"
Le Prince lui répondit du tac au tac : "Mademoiselle
La Goulue, vous êtes l’esprit parisien perché sur de bien
jolies jambes."
Une certitude
toutefois. C’est qu’elle n’était pas la première à arpenter
le Bois de Boulogne. Plus d’un siècle plus tôt, cet écrin
de verdure avait été prisé par les chasseurs à courre de
tous poils. Déjà sous le règne de Louis XV, l’endroit
faisait florès auprès des gens de la cour. De plus, il
assurait un havre de paix à la cousine du roi, surnommée la
"Maquerelle Royale"
par le comte d’Argenson, qui s’y retirait régulièrement un
mois ou deux pour accoucher discrètement du fruit de ses
amours. Le comte Paulmy d’Argenson note dans ses mémoires :
"On dîne à Madrid chez
Mademoiselle de Charolais ; on soupe à la Muette●. Dans
l’après-midi, à Bagatelle, chez la maréchale d’Estrées, on
passe joyeusement le temps, on y fait l’amour, si vous
voulez ; tout est bien réglé".
Résultat des
surprises-parties fines ! Avant la petite quarantaine, les
marquises se retrouvaient édentées et les maladies honteuses
fauchaient les plus fines lames du royaume. À ce sujet, mon
Biquet, as-tu remarqué que les gentilshommes bien nés et les
belles poseuses de l’époque ne rient jamais de toutes leurs
dents ! Imagine un instant, une Mona Lisa qui te fait un
large sourire sans dominos ! Le Louvre serait réduit à
fermer aussitôt ses portes !
De nos jours, le
Bois de Boulogne a surtout la cote auprès des « chevaliers
de la jaquette ». Les péripatéticiennes, quant à elles,
il n’y en a pas une qui ce soit égarée dans le bois
puisqu’elles y ont fait définitivement leur trou tout en
fignolant leurs techniques de farces et attrapes.
Madame se promène dans le Jardin des Plantes
Quant aux
Bruffaerts, à l’instar de La Goulue, ils vont faire
une rencontre qui relève du monde merveilleux. Le jour
suivant la balade "trousse-chemise", ils décident de
se relaxer dans un cadre de verdure. Mais où ? Il y en a
partout aux quatre coins de la capitale. Toutefois, tous
n’ont pas le même cachet. Bref, les Bruxellois vont se
réoxygéner dans le Jardin des Plantes dans lequel ils
papillonnent sans but précis allant de parterre de simples
en massif fleuri. S’extasient dans l’allée des roses et des
roches, se penchent sur les herbes du jardin potager,
découvrent les plates-bandes fleuries des « sans » soucis et
échouent dans un enclos qui protège un chapelet de miroirs
d’eau pleins de nénuphars dans lesquels batifolent des
grenouilles partageant leurs émois à un très jeune public.
Soudain Nadia, alors qu’elle est dos à dos avec une jeune
maman qui réprimande ses marmots, balance un coup de coude
dans le lard de Mister Jo, qui en reste comme deux
ronds de flan. Qui pige que dalle, s’écarte de quelques pas
et assiste subitement à une avalanche d’onomatopées.
C’est pas
possible ! Toi, ici ? Je rêve Nadia !
Fantastique ! Dis-moi, c’est pas vrai ? Quelle
coïncidence ! Quelle chance ! Et patati, patata,
en veux-tu, en voilà ! Et moi, et moi, et moi, je n’y
crois pas pendant que ça
jacte à tour de bras !
En fait, il
s’agit de la fille de leur voisine de palier, qui habite à
Paris, qu’ils auraient dû retrouver deux jours plus tôt pour
la mise au point d’une affaire délicate. Or, le rendez-vous
avait capoté pour des raisons qui sont trop longues à
développer dans ce poulet. Grâce à cette providence, les
pendules sont remises à l’heure et l’entrevue aura bien lieu
le lendemain soir !
Franchement,
dis-moi ! T’appelle ça comment toi, un tel télescopage ?
"Hasard et Eden" ou "Mystère" ?
Steve Kaufman’s homage to Van Gogh featured by TQ Arts
Toute cette histoire, c’est magnifique, mais pour le moment
nous sommes encore loin de notre destination. Or, nous
lambinons sur le boulevard à proximité du Moulin-Rouge.
L’agression urbaine bat son plein. Un monde sauvage se
fraie un passage à la hussarde entre les étals. Cette fois,
on tourne radicalement le dos au royaume des courtisanes
pour pénétrer sur le territoire des égéries et des muses.
Dans un univers où les valeurs sont totalement différentes.
Ici, c’est les femmes qui faisaient bouillir la marmite.
La première "bellissima" qui me vient à l’esprit,
c’est l’Italienne.
Autrefois, la signora Agostina
Segatori, patronne du café « Au Tambourin »,
proposait une délicieuse timbale bolognaise à la clientèle.
Néanmoins, c’était le cadre et l’atmosphère qui attiraient
les piliers de bistrot. Vincent
Van Gogh, l’homme à l’esgourde cannibalisée,
apporta une touche personnelle à la gargote. C’est là aussi
que Toulouse-Lautrec réalisa en 1887 le portrait du
rouquinos. Sous la houlette d’une bonne et belle patronne
puisque la belle Agostina cumulait les activités.
Chapeau, Monsieur Vincent ! Toi, t’as su au moins t’y
prendre avec le beau sexe ! Quand je pense qu’avec la belle
"Italienne" t’as eu droit à la totale : elle t’a
hébergé, cajolé, nourri, elle a servi de modèle, exposé tes
croûtes. Tu t’es même soulagé avec elle ! Le carton plein,
quoi ! Dommage pour la belle, Mister Jo trouve
qu’elle n’a pas été croquée à sa juste beauté !
Le café a disparu de nos jours. Il est remplacé
avantageusement par une boutique ultra branchée spécialisée
dans les dessous affriolants. Ici, le badaud profite de la
décoration sans dépenser un traître kopeck !
On oblique dans la rue Lepic qui n’a aucun
rapport avec la déclivité de la chaussée vu qu’elle a été
baptisée au nom du général qui se distingua lors de la
bataille d’Eylau sous l’Empire.
La rue donne accès au Sacré-Cœur. Considérée comme l’une
des plus pittoresques de Montmartre, les âmes poétiques la
connaissent grâce au Fabuleux Destin d’Amélie Poulain,
une comédie romantique portée à l’écran. Les anarchistes
s’y reconnaissent tout autant dans les deux réquisitoires
contre l’humanité que Céline
y accoucha. (Voyage au bout de la nuit et Mort à crédit)
Le quintette des Paris-trotteurs s’engouffre dans la
rue des Abbesses en direction du square Jehan
Rictus. Alors que Cathy et Nadia s’offrent un arrêt
shopping, Marc se reconvertit momentanément en chasseur
d’images et déniche une enseigne cocasse qui le fait
marrer. Tiens ! Tiens ! Serait-il doté d’un pouvoir
surnaturel ? Imagine-toi qu’au retour dans mes pénates, le
premier courriel que j’ouvre, me propose pour la fête des
Pères la gamme complète du Slip Français "Tel Père, tel
Slip". Exactement la même enseigne qui l’avait
amusé ! Un regret, cependant ! Un oubli impardonnable !
La société de distribution a omis de présenter un modèle à
bretelles pour papy !
Où en sont nos cyclistes ? Le timing est-il respecté ?
Mystère et Boule de gomme !
Jusqu’ici, si le parcours pédestre a été romanesque à
souhait, on ne peut pas en dire autant du point vue
romantique. Il est donc grand temps d’apporter une touche
de poésie.
Square Jehan Rictus : "Le Mur des je t’aime"
"Le Mur des (311) je t’aime" est par excellence un
site pour compenser cette lacune. De plus, c’est aussi le
point de rencontre avec le groupe dissident des marcheurs.
Dans un monde marqué par la violence, la construction d’un
mur a généralement pour fonction de séparer les peuples, se
protéger de l’autre. Ceux-ci sont hélas plus que jamais à
l’ordre du jour avec l’apparition de jungles en prime. En
Europe et ailleurs ! Le "Mur des je t’aime"
représente tout le contraire. La fresque est un hymne à
l’amour érigé dans le jardin romantique du square Jehan
Rictus.
Par contre, pas la moindre trace du second groupe de
promeneurs. Bernard stresse à mort ! Tel son secrétaire,
voilà qu’il se sent pousser des envies ! Et quelles
envies ? Il se met à mordiller le bout de ses doigts comme
un castor. Je sens qu’il se reproche d’avoir abandonné sa
smala. Au bout d’une courte attente, on se faufile sous le
porche qui donne accès au Passage des Abbesses.
Autrefois, le coupe-gorge abritait des tripots dans lesquels
opéraient des individus connus pour des grecs de profession
(truands).
Le goulet se termine par une volée d’escaliers et débouche
sur la rue Ravignan, un
quartier évoqué par Denis
Guedj dans le « Théorème du Perroquet », une
intrigue policière qui passe toute l’histoire des
mathématiques en revue.
Passage des Abbesses
Cette fois, nous nous immergeons intégralement dans le
demi-monde bohémien de Paris. Une pépinière d’artistes a
animé et égaient encore le quartier. Les citer tous serait
du même tonneau que d’énumérer la liste des chanoines de
Notre-Dame. Exit la corvée et plein cadre sur le "Bateau-Lavoir"
de la place Émile Goudeau● et sa fontaine Wallace.
Le "Bateau-Lavoir" abrita jadis une ribambelle de
débutants devenus par la suite des gloires de l’art de la
fin du 19e siècle et du début du 20e
tels que Picasso, Modigliani, Max Ernst,
etc.
Bernard n’en a rien à cirer ! Il décarre à tous les coins
de rue. Encore heureux que son survêtement rouge et ses
baskets jaune fluo "splashent" dans cette fourmilière
humaine.
Ohé, toi qui sais tout ! D’où vient le nom de "Bateau-Lavoir" ?
Élémentaire, il n’y a pas de mystère Watson !
C’était l’endroit réservé aux lavandières parce que cette
ancienne fabrique de pianos reconvertie en ateliers
sommaires ressemblait aux coursives d’un bateau. La
communauté se débrouillait avec un seul robinet !
C’est dans ce trou de quartier miteux, sans aucune
commodité, que Pablo Picasso
réalisa son chef-d’œuvre "Les Demoiselles d’Avignon".
Ce tableau, qui demeure la pierre angulaire de son génie
cubique, constitue un tournant dans le monde de l’art. Le
titre n’a rien à voir avec la ville d’Avignon. En fait, cet
homme à femmes (c’est pourquoi je me limiterai qu’à deux
muses) avait titré sa toile "El Burdel de Aviῆon"
en hommage à des prostituées d’une rue de Barcelone.
Misère ! Les bouis-bouis me collent aux basques comme un
bronze canin dans les zébrures de tes rangers !
C’est Fernande Olivier,
l’égérie de la période rose de Picasso, qui prête sa
plastique pour une tête profilée au carré, un œil qui dit
merde à l’autre et des roberts pointus revisités par Jean
Paul Gaultier pour Madonna qui donnent le tournis de
derviche. Un esthète dirait que le tableau reflète une
synthèse de l’Olympia et de toutes les autres
odalisques. Je ne doute pas un instant de cette assertion
mais … personnellement, je suis plutôt porté pour les
natures vivantes.
Quelques années plus tôt, le peintre avait connu une période
bleue. C’était bien avant l’apparition de Fernande.
À cette époque, Alice Géry
occupait le haut du pavé du maître de Malaga. Elle posait
comme modèle tout en étant la confidente de Picasso. Alice
quitta son mari sur un coup de tête, voire un coup de foudre
pour André Derain. Elle incarna la vie de
Montmartre, fidèle jusqu’à la mort de Derain.
Quant aux Eva, Olga, Dora et les autres, elles n’ont jamais
ramé dans le "Bateau-Lavoir". Exit !
Parenthèse artistique pour les uns, pause-café pour les
autres.
Le Mystère Picasso ?
Quién sabe ?
Est-ce un mouvement artistique, une aventure sentimentale
passée sous silence, un long métrage ou bien une
plaisanterie orchestrée par Dorgelès qui fit barbouiller une
toile « abstraite » par un âne qu’il exposa au Salon des
Indépendants ?
(Réponse en fin d’article)
J’en termine avec ce lavoir mythique sur une note tragique.
"Noix de Coco",
la muse de Modigliani,
mit fin à ses jours le lendemain du décès de son dieu !
Elle était enceinte de neuf mois et avait toute la vie
devant elle. Pauvre Jeannette, quelle idée de se faire
hara-kiri. Trois ans plus tôt, "Mata
Hari" se fendit d’un large sourire pendant
qu’un peloton d’exécution lui faisait avaler son numéro de
matricule !
Autant, on meurt !
ne crut jamais si bien dire Cicéron avant de subir lui-même
le traitement de choc !
Quelques pas plus loin, on s’engage dans la rue d’Orchampt,
qui se flatte de posséder le trottoir le plus étroit de
Paris. Toutefois, c’est l’ancienne résidence de
Dalida qui est le clou
de l’endroit. Avec en prime sur le mur d’enceinte, un
triptyque composé de trois squelettes tricolores peints au
pochoir. Interpellant cet augure, n’est-ce pas !
Au bout de la ruelle, on butte littéralement sur le Moulin
de la Galette qu’il est inutile de présenter. Excepté que
l’actuel resto n’a rien en commun avec la véritable fabrique
de farine du 17esiècle, qui se transforma en
authentique guinguette, puis en music-hall au 20e
avant d’intégrer le patrimoine des monuments historiques.
Le Passe-Muraille
Une centaine de mètres plus loin, on longe la Place
Marcel Aymé qui nous met en présence d’une curieuse
statue qui tente de s’extraire d’un mur. L’auteur en est
Jean Marais qui salue à
sa manière l’écrivain et son héros, Mr. Dutilleul, qui
s’était découvert le don singulier de traverser les murs.
La suite surréaliste à découvrir dans le roman « Le
Passe-Muraille ». Quant au sculpteur et comédien à la
beauté apollinienne, il fut le fidèle gay compagnon
de Jean Cocteau ! De
vrais "enfants terribles". Accordons-leur une minute
de silence dans l’espace dédié au commissaire San-Antonio.
C’est juste à côté !
Rue Norvins.
Au bout de la rue, notre ascension touche à sa fin sur la
Place du Tertre où les terrasses de café sont
bondées. C’est au restaurant de la Mère Catherine que le
mot russe bistro ("vite") fit son apparition, amené
par les occupants russes qui campèrent en 1814 sur la
butte. La place est pleine à craquer de barbouilleurs et de
touristes. C’est le par-(ad)-is
des cleptomanes, pickpockets et autres grecs de profession !
Finit la grimpette. Nous intégrons le royaume d’une
ancienne pâtissière qui allait s’imposer comme la Lady de
la chanson française (Un gamin de Paris).
Patachou (la pâte
à choux), en y établissant son quartier général, attira
de très nombreux chantres et troubadours en mal de brûler
les planches de l’Olympia.
Il n’est un secret pour personne que la plupart des Français
adorent mettre un point d’orgue à une discussion en
racontant une bonne histoire belge. Hé bien ! Mister Jo
ne déroge pas à la sacro-sainte règle.
Comme tout au long de cette balade, il a mis l’accent sur le
beau sexe, il va de soi qu’il adresse un toast à une dame
que tout le monde connaît mais que personne ne situe.
Elle s’appelait Madeleine
Zeffa Biver.
Souvenez-vous …
♪♪♪ Elle est tellement jolie, elle est tellement tout ça,
elle est toute ma vie …C’est mon Amérique à moi …♪♪♪,
chantait notre Brel
national avec une fougue qui est restée inégalée. Il
l’avait rencontrée à Paris dans les années 50. À l’époque,
elle éclusait les cafés d’artistes, posait nue pour les
peintres et était devenue le porte-drapeau des minijupes
dans la Ville Lumière.
RIP Madeleine ! Voilà dix ans déjà qu’elle a rejoint
son Grand Jacques.
Un souvenir de 1870
Enfin ! Nous y voilà au point culminant de Paris : la
basilique du Sacré-Cœur. Altitude : 130m.
Dénivelée : 100 m. L’effort qu’un « Mont de France » n’a
pas le droit de louper ! Une ascension au ciel à l’image de
celle de Sainte
Marguerite-Marie Alacoque, l’initiatrice du
culte du Sacré-Cœur et la plus fidèle et fervente courtisane
du Christ ! Une nana au-dessus de tout soupçon, dirait une
grenouille de bénitier ! Il ne fait pas un pli qu’elle eût
soutenu à corps perdu l’ami François, un habitué du carré de
Mister Paris, qui souhaite un monde meilleur exempt
d’égoïsme, de fanatisme, d’intolérance, de jalousie … pour
autant que les clés de l’Univers lui fussent confiées !
Fiat voluntas tua …
caro Cisco.
Hélas, la Sainte risque de s’emmêler les pinceaux le
jour du Jugement dernier quand elle verra comment les
Parisiens ont relooké son Sacré-Cœur à la mode byzantine!
Ajoutes-y six minarets comme à Istanbul et la « Pôvre
Calimargot » devra se chat-odoriser et se
reloquer en bourre le kiki pour rester dans le vent
au royaume des bienheureux !
Tout ce charabia ne fait pas notre affaire ! On a paumé la
deuxième compagnie ! Le parvis du Sacré-Cœur est noir de
monde. Une interminable file de pèlerins se presse en rang
d’oignons à l’entrée de l’édifice religieux. Impossible de
repérer qui que ce soit dans cette cohorte de touristes.
♪♪♪ Allo Papa Tango Charlie, Répondez ! Nous vous cherchons
…♪♪♪
Chante toujours ! D’ici qu’on les retrouve dans ce raz de
marée de bermudas ?
Un palier en-dessous du parvis, un black tente de créer le
buzz. Il défie les lois de la pesanteur et escalade un
réverbère tout en jonglant avec un ballon qui lui colle
carrément au pied. Quant à Bernard, il perd les pédales,
toujours pas de Papa Tango Charlie à l’horizon ! Le
temps passe ! La tension monte ! Alors que le " Rat
d’eau de la Méduse" dérive de Charybde en Scylla, un
coup « Allô ! » évite in extremis le naufrage !
Deux étages plus bas, les marcheurs éreintés s’amusent et
tournent manège au pied des escaliers de la butte.
L’un se bile, l’autre écrase la bulle. Que la vie est
belle !
Par contre, toujours pas de trace des cyclistes ! Ils ne
sont pas loin ! C’est une certitude !
En accord avec Mister Paris, Mister Jo
rassemble ses troupes et met dare-dare le cap sur le bistrot
retenu pour célébrer les retrouvailles. François est le
premier à se présenter suivi à quelques minutes par
Dominique, sa Miss Dominici et notre ami Michel.
Les agapes peuvent commencer ! Il n’y a plus qu’à savourer
honorés et madeleines à la terrasse de "L’Été en Pente
douce" de la rue Paul-Albert ! Le peuple
se régale, le peuple est satisfait ! Ce n’est pas
aujourd’hui que nous irons manger des frites chez Eugène !
Hou…là. là, je vois déjà mon camarade Michel qui sue
quand il va se farcir le journal des "Misters de Paris".
Quel pataqu’est-ce, cette bouillie de chat !
Remarque bien que les commentaires s’enchaînent impec sans
un maillon faible ! Toutefois…même une petite
madeleine ne serait d’aucun secours, malgré qu’elle soit le symbole
proustien qui dope la mémoire, puisque ce CON
de "Cyclo, j’ose tout te dire" a omis de brancher l’ABS●
sur ses freins à disque !
Mais … ♪♪♪ C’est tellement
plus mignon de se faire traiter de con en chanson. ♪♪♪
Veni, Vidi, Vici.
Sauf les Mystères de Paris, évidemment …
♪♪♪ … Y a des silences qui disent
beaucoup, Plus que tous les mots qu’on avoue, Et toutes ces
questions qui ne tiennent pas debout …Évidemment …♪♪♪
Vive France ! Vive
les Monts de France !
FIN
● Reproduction du circuit cycliste :
https://goo.gl/maps/VY7QudVfUDS2
● Afin de dissiper tout malentendu,
Mister Jo insiste
lourdement qu’il n’existe aucune parenté entre
Mister Paris et
Madame Paris, la "Bonne Maman" de l’hôtel du
Roule de la Porte Chaillot, qui tenait une maison de plaisir
à l’époque de Casanova. (cf. Mémoires de Giacomo Casanova).
Alors pourquoi le cycliste a-t-il scratché le Palais de
Chaillot de son itinéraire ? Bon sang, mais c’est bien
sûr ! Pas folle la guêpe de Chaillot !
● C’est Antoinette, la petite fille de Félix Faure qui fera
découvrir à Marcel un album ramené d’Angleterre, intitulé "An
Album to Record Thoughts, Feelings & c". Il incluait un
questionnaire à la mode de la bonne société victorienne que
Proust modifiera à sa sauce quelques années plus tard lors
de sa mobilisation militaire.
● Richard Wallace. Mécène et philanthrope britannique qui,
lors de la guerre franco-prussienne de 1870, dota la ville
de Paris de nombreuses fontaines, de véritables petits
ouvrages d’art en fonte.
● Le château de La Muette, ainsi que ceux de Madrid et de
Bagatelle, ont été des lieux de résidence prisés par les
dames de la Haute à l’époque des Temps Modernes. C’est la
reine Margot, l’épouse d’Henri IV, qui en sera la
première châtelaine. Ensuite, il faudra attendre plus d’un
siècle pour que les pavillons soient à nouveau fréquentés
par les princesses de sang. À ce sujet, il y a lieu de ne
pas confondre la Duchesse de Berry, la fille du
Régent Philippe d’Orléans, qui y résida et y accoucha
clandestinement, et Mademoiselle de Charolais, la
petite fille du Grand Condé, qui détourna son cousin Louis
XV de ses devoirs conjugaux et exerça un rôle
d’entremetteuse pour son roi "le Bien-Aimé".
● Émile Goudeau. Écrivain et fondateur du cercle littéraire
des hydropathes, un groupe de joyeux lurons qui carburait
exclusivement à l’absinthe, l’eau étant mise à l’index !
● CON…ABS. Cf. abscons=incompréhensible.
Réponse :
Le Mystère de Picasso. Qui sait ce que c’est ?
C’est un long métrage de son ami et cinéaste
Henri-Georges Clouzot qui a eu l’idée de capter le
cheminement de la pensée créatrice du peintre en plaçant la
caméra devant le chevalet sur lequel est tendu un papier et
non derrière le peintre.
Fontaine Wallace
Liste des principales intrigantes par ordre alphabétique
-André Émilienne Marie (1870-1945) dite Émilienne
d’Alençon, actrice de théâtre et danseuse,
amants : le Duc d’Uzès, le Roi Léopold II, …
-de Bourbon-Condé Louise-Anne (1695-1758) dite
Mademoiselle de Charolais surnommée « la
Maquerelle Royale »,
amant : le Duc de Richelieu (un descendant du Cardinal), …
-de Chassaigne Anne-Marie (1869-1950) dite Liane de
Pougy, danseuse,
amant : Charles de Mac Mahon, …
-Delabigne Émilie Louise (1848-1910) dite Valtesse de
La Bigne surnommée « Rayon d’Or »,
modèle,
amant : Jacques Offenbach, …
-de Mérode Cléo (1875-1966), danseuse,
amant : le Roi Léopold II, …
-Japy Marguerite (1869-1954), épouse Steinheil dite « Meg »,
amant : le Président Félix Faure
-Lachmann Thérèse (1819-1884) dite « La Païva »,
salonnière,
amants : le Comte Henckel de Donnersmark, Napoléon III, …
-Leblanc Léonide (1842-1894) dite « Mademoiselle
Maximum », salonnière,
amants : le Prince Napoléon, le Duc D’Aumale, Georges
Clémenceau, …
-Otero Igesias Agustine Otero (1868-1965) dite « la
Belle Otero », chanteuse et danseuse,
amants : le Prince de Galles Édouard VII, le Roi Léopold II,
Le Grand-duc Nicolas de Russie, Gabriele d’Annunzio, …
-Savatier Joséphine-Aglaé (1822-1890) dite Apollonie
Sabatier surnommée « la Présidente »,
salonnière et peintre,
amant : Charles Baudelaire, …
-Weber Louise (1866-1929) dite « la Goulue »,
danseuse de french-cancan,
amant : Henri de Toulouse-Lautrec, …
-Zelle Margaretha Geertuida (1876-1917) dite « Mata
Hari », danseuse,
amant : Giacomo Puccini, …
Juin 2017
bruffaertsjo@skynet.be
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