Avant-propos
J’invite toute
personne allergique à la lecture d’examiner un instant les
sous-titres. Pour peu qu’elle ait une once d’imagination,
c’est au pas de charge qu’elle déchiffrera les péripéties
d’un cyclo-européen en quête de ses origines. En outre,
pour rendre le délire crédible, des images vintage
renvoient l’internaute au Temps des Cerises.
1.Le Baptême du Feu
2.Voyage au bout de la Nuit
3.Repos du Boche du Nord
4.Les Sentiers de la Gloire
5.Ce n’est qu’un au-revoir
Je suis né sous
le signe de l’exercice physique pour le plaisir. Un
penchant, voire une maladie pernicieuse qui pose souvent
problème dans la vie d’un couple. Excepté si le conjoint
épouse la même passion. Stop ! Joker !! Ce n’est jamais
gagné d’avance !
Grimper aux
arbres et sur les toits, sauter les ruisseaux et jouer au
Tarzan étaient les moments privilégiés de ma prime enfance.
Je m’offrais des numéros de voltige qui n’étaient jamais
sans danger. Ainsi, bien avant mes cinq ans, je trimbalais
déjà un nez cassé dont personne ne connaissait l’origine.
Mes acrobaties sur des échalas se soldèrent par un crash à
la limite de l’éventration, meurtrissant et mutilant ma
précieuse bourse à bijoux de famille. La déchirure signa un
bon de sortie à l’une des orphelines qui pendouilla
pitoyablement à hauteur du genou retenue par un simple fil
gélatineux. Un quart d’heure plus tard, le carabin du coin
récupéra la fugueuse et raccommoda à vif le précieux écrin
au moyen d’une agrafeuse. En quatre clic-clac bien
appliqués, il redressa le cours de la bourse en perdition
alors que je poussais une tyrolienne tonitruante dans les
bras de ma bobonne. Quant à la suite de l’histoire, elle
n’est pas triste mais je ne vous la raconte pas. C’est du
passé démodé !
Le footeur en herbe
Cadets & Scolaires : une équipe invaincue
Le fouillis des
servitudes et des chemins de traverse se faufilant entre les
serres viticoles fit le régal de mes vadrouilles
préadolescentes. Le vagabondage dans ces passages interdits
finissait pratiquement toujours par une poursuite
infernale. Si un viticulteur chopait un môme en maraude, il
lui administrait la raclée du siècle.
À côté des
gamineries, comme beaucoup de galopins, je me voyais briller
dans la peau d’un Puskas ou d’un Kopa tapant dans un
ballon. Aussi, dès mes douze ans, mon premier soin fut-il
de m’affilier à un club de football local. Tout en ignorant
que je prenais un ticket aller sans aucun retour !
Actuellement, il n’est pas rare qu’un enfant s’essaie à
trente-six disciplines de sport et, au bout du compte, c’est
bernique. Au début des années cinquante, les colonies de
vacances prenaient leur essor. Peu d’enfants du village
avaient accès à ce type de loisir puisqu’en été, ils étaient
réquisitionnés pour égrener les raisins cultivés sous
serre. Les autres garnements dont je faisais partie
courraient les rues et s’amusaient à faire la guerre des
boutons dans la Forêt de Soignes. Déculottage et bizutage
carabinés du prisonnier y compris. Mais encore, en plus de
ce passe-temps, chaque année j’avais droit à un long séjour
dans la propriété à Dole où j’avais fait mes tous premiers
pas. Des moments sublimes libérés de la présence
paternelle.
Et avec le temps
…, avec le temps, va, tout s’en va … clame l’illustre poète.
Après de nombreuses années de compétition, pressentant
devenir un maillon faible de l’équipe, je me recycle dans un
exercice sportif qui ne pénalise personne. Le vélo, voilà le
sport qui me convenait comme un gant. Le copain Merckx
m’avait donné un aperçu lors de l’adolescence. Habité par
un orgueil de surmonter les obstacles, l’attrait de
l’inconnu me faisait littéralement planer.
Huit jours avant le grand départ avec mon futur
webmestre
Par un beau matin
d’été, alors que ma tendre bergère respire le bon air de
Han-sur-Lesse (cf. les Grottes), je me propose un
défi qui me chipotait depuis longtemps à savoir faire une
escapade jusque dans mon Jura natal, soit parcourir en
quatre jours une distance de l’ordre de 850 km comptant plus
de 6200 m de dénivelé. En somme, un raid à la portée de
n’importe quel quidam. Seulement voilà, en ce temps-là, ma
plus longue sortie se limitait à une équipée allant de
Bruxelles à la Mer du Nord. Un peu plus de cent bornes !
Un souvenir pénible sur toute la ligne !
Qu’en sera-t-il
du défi franc-comtois ?
Mon équipement se réduisait à sa plus simple expression : un
vélo de course dépouillé de toute quincaillerie, doté d’un
développement démentiel comme Eddy. Et comme barda : un sac
de guidon contenant un coupe-vent, un maillot de rechange,
une veste de training, un mini nécessaire de toilette, une
casquette, deux cartes routières, une dose de pugnacité et
un tombereau d’inconscience. Sous la selle, une trousse de
réparation contenant deux boyaux de rechange (???) et
un jeu de clés dont l’utilisation restera toute ma vie un
casse-tête chinois. Avec le temps, le colson deviendra mon
outil de prédilection. Un merveilleux serre-câble que je
consomme encore et toujours sans modération.
Quant aux rudiments du voyage-itinérant ? Kesako ?
J’en avais pas la moindre idée !
Quid le relief du
parcours ? Mes seules inquiétudes se limitaient aux
Ardennes et aux rigueurs du Plateau de Langres et de la
Haute-Saône. Par contre, l’Argonne me laissait impavide.
Ce coin de France, je l’avais arpenté seulement dans les
romans d’Erich Maria Remarque et de Maurice Genevoix. Une
région jalonnée de chevrons sur la Michelin, un indice qui
aurait dû me taper dans l’œil.
Bref, le retour à mes racines s’apparentait davantage à un
brevet sportif musclé qu’à une simple balade à vélo. Drapé
de mon beau maillot jaune, je me lançai à l’aventure avec un
cœur gonflé à bloc. Sans me douter un instant que ma
toquade ressemblait bigrement à un casse-pipe.
Info pour le linguiste ! L’usage abondant du pronom
personnel à la 1re personne du singulier n’est
pas très heureux ! J’en conviens ! Mais comment procéder
quand on est le seul et l’unique protagoniste d’un récit ?
Quant à se mettre dans la peau d’un autre, jamais ! J’en ai
suffisamment bavé dans la mienne !
Vendredi, 13 juillet – Jour 1 – Le Baptême du Feu
Distance : 207 km
Dénivelé positif : 1808 m
Dénivelé négatif : 1777 m
Pause midi : Dun-sur-Meuse (112 km parcourus)
Han-sur-Lesse
Le coq pousse son
premier chant ! Les villageois se prélassent encore auprès
de leur belle de nuit ! Inutile de se magner la rondelle,
le boulanger vient seulement d’enfourner les croissants. De
toute façon, le volet de sa boutique ne se lève jamais avant
8 h. du mat’. Et si ça te plaît pas, t’as qu’à valser à
Bruxelles pour les viennoiseries, me serinait la boulangère
aux miches défraîchies (sic).
Aussi, dès le premier cocorico, je m’échappe du village à la
rencontre de la gloire. À peine sorti du patelin, suis-je
contraint de me hisser au sommet du belvédère via une
grimpette de 2.5 km à une moyenne ascensionnelle de 5%.
Début musclé mais connaissant quelque peu le relief
accidenté du bled, je ne me formalise pas. Cool !
Je mouline en souplesse sous un soleil radieux. Je traverse
la Semois à Bouillon, monte résolument à
l’assaut de la côte qui donne accès à la douce France et
pénètre dans la plaine septentrionale de la Woëvre du " Ciel
de Meuse ". La Woëvre est une vallée faiblement ondulée
où l’eau stagne en permanence et crée des étangs entourés de
taillis. Bigre ! Il me semble renifler les mêmes remugles
qu’à Wavre de la vallée de la Dyle ! Elle, aussi, baigne
ses pieds dans les eaux d’une rivière.
Pour info, la Dyle prend sa source à 10 km de la Butte de
Waterloo. À 200 km de Stenay. Étymologistes, à vos
métiers : Woëvre et Wavre, même racine ?
Me voici à
Stenay. Mais l’heure n’est pas au tourisme. Faut
avancer ! J’enroule le braquet, boycotte le musée de la
bière qui est mon premier crime de lèse-majesté dans ma
carrière de trappiste du vélo ! Pour ma part, les
philosophes et les théologiens peuvent pérorer et se
chamailler jusqu’à la fin des temps, c’est le nectar des
moines trappistes qui m’ouvrira les portes de l’enfer. À
chacun sa religion !
Affiche d'Alfons Mucha : Collection "Art.com"
Destination
suivante ! Dun-sur-Meuse, petit bourg situé
sur l’axe de Verdun à Sedan. Le bas de la ville est coincé
entre la Meuse et une colline boisée qu’on appelle
Dun-Haut. C’est le nouveau testament de Wikipédia
que je cite ! No comment.
Plus de la moitié de l’étape est derrière le dos. J’arrive
pile à temps pour dénicher encore une gargote qui propose un
menu du jour. Je crève la dalle ! Tout en me remplissant
la panse, je m’abandonne à un de mes exercices favoris à
savoir le déshabillage des noms de lieux. Un modèle de
réflexion prôné en son temps par André, mon regretté
partenaire qui doit rudement s’emmerder trois pieds sous
terre.
Bon ! Comme je dois passer à Dun-sur-Meuse au retour, je
vous propose de découvrir la solution à ce moment-là !
Je m’en vais digérer le plat du jour et évacuer le pinard
sur les départementales de l’Argonne. Comme je passe devant
le monument aux morts, il me semble que le poilu, qui monte
à l’assaut baïonnette au canon, me cligne de l’œil.
Traversée de la Meuse à hauteur de l’île. L’Ardenne n’étant
plus qu’un souvenir, à moi la dolce farniente !
J’évite par conséquent la nationale qui remonte la Meuse en
direction de Verdun et lui préfère la route touristique qui
se perd au cœur de l’Argonne. La route de Montfaucon, bien
que l’altitude n’excède pas les trois cents mètres, est loin
d’être une cure de santé. Mais quel plaisir de folâtrer
dans ces forêts et ces paysages vallonnés. La campagne est
somptueuse surtout sous un rayon de soleil. L’Argonne me
fascine, j’y reviendrai !
Cette fois j’y
suis. Je roule entre les lignes des Poilus de "Ceux
de 14 sous Verdun".
"La Grande Guerre bat son plein bientôt depuis une année.
Pour des raisons de mobilité rapide et silencieuse,
l’état-major m’a confié, en tant que chasseur cycliste, un
ordre de mission à faire parvenir d’urgence au poste avancé
de Vauquois. Mon uniforme me gêne pour écraser les pédales
malgré les molletières. Tout à coup, un grondement sourd
s’abat sur le bois que je traverse. Des salves sèches des
mitrailleuses crépitent au-dessus de moi. Je baisse
instinctivement la tête. Je suis assommé par le sifflement
des obus de petit calibre qui sillonnent le ciel. Puis
viennent les explosions des marmites qui embrasent la
campagne et qui soulèvent des gerbes d’étincelles en
retombant au loin. Des panaches de poussière et de fumée,
noire, rouge et jaune se répandent partout. Cette vision
d’apocalypse me donne des hallucinations ! À l’horizon, je
perçois vaguement des capotes bleues et des pantalons
rouges. C’est probablement un peloton de chair à canon qui
monte à l’assaut d’une crête. Merde ! Je m’y retrouve plus
dans ce micmac, c’est mon grand-père maternel qui a dégusté
les pruneaux en 15 ! C’est lui le héros de l’Argonne".
Foin de digression !
Je débloque à
fond de balle ! Le paysage se met à flamboyer devant mes
yeux, il danse la java à tout casser. Quelle teigne, cette
gargotière de Dun ! Elle a dû farcir les paupiettes de veau
avec des champignons hallucinogènes ! Ça ne peut être que
ça ! Les champignons psychotropes sont les seuls qui
expédient le bâfreur dans un climat de réalité virtuelle. À
moins que la patronne ait vachement trafiqué la piquette !
Une alternative à laquelle je souscris volontiers mais qui
n’a jamais fait planer mon vélo au septième ciel !
Je roule dans les
vaps !
Sans m’en rendre
compte, je viens de brûler mes dernières cartouches. Je
suis explosé ! Écrasé par les agapes et le soleil, je suis
foutu ! Il me faut absolument rejoindre Bar-le-Duc, la
ville-étape, par le chemin le plus court et le moins
accidenté. Or, je pédale au centre de l’Argonne, une région
faite essentiellement de cuestas. Toutes ces éminences pour
demoiselles en goguette sont des traquenards. Suffit de se
souvenir du rôle stratégique qu’elles ont joué lors des
conflits. C’est tout dire ! Ainsi, en passant par
Varennes-en-Argonne, Clermont-en-A et
Érize-la-Brulée, il reste un dénivelé positif
de 400 mètres à franchir pour une distance de 90 km. C’est
peu mais titanesque quand les bielles sont coulées.
Meuse : Borne de la guerre 14-18
Par conséquent,
je passe au bleu la butte de Montfaucon et sa colonne
dorique à la sauce américaine. Je contourne ce tertre
culminant, fortifié et utilisé autrefois comme observatoire
par les Allemands, et file sur Varennes-en-Argonne car je
redoute que le coup de cul ne se transforme en gibet. Quant
à Varennes, c’est tout juste si je me souviens à cette heure
de l’épisode de la "Fuite à Varennes". Décidément,
quand on est cuit, on oublie tout ! Et encore ce même
village de Varennes, occupé par les troupes allemandes, qui
fut presque complètement détruit par les bombardements
français !
Oublié aussi vite
la Voie Sacrée que je me faisais une joie de parcourir ! Je
ne suis plus à Verdun, c’est Waterloo. Il me reste encore
50 bornes à détricoter. Dieu que c’est long ! Comme y’a de
la bosse, je ménage mon coup de pédale car il n’est plus
question de se refaire la cerise.
En clair, ne
disposant pas d’un camion balai, il n’y a plus qu’à rouler à
l’économie.
J’entre dans
Bar-le-Duc comme un zombie ressuscité de la boucherie de
Vauquois.
La première
piaule venue me convient. Je m’assieds, je bois un coup et,
endossant la tenue du béotien, je me désintéresse du
monument érigé à la mémoire des Frères Michaux (haro sur le
plumitif !), de la Tour de l’Horloge et du Mémorial
localisant l’origine de la Voie Sacrée.
Bravo l’artiste,
me direz-vous ! Ben oui ! Ça arrive et ça m’arrivera
encore plus d’une fois d’être nul ! La rançon du dératé !
Veni, vidi, sensi !
Quel baptême, mes aïeux !
Samedi, 14 juillet – Jour 2 – Voyage au bout de la nuit
Distance : 240 km
Dénivelé positif : 1459 m
Dénivelé négatif : 1418 m
Pause midi : Nogent (116 km parcourus)
Bar-le-Duc
La mise en route
est laborieuse mais mon supplice se laisse vite amadouer par
les premiers rayons de soleil qui promettent une journée
radieuse.
La veille au soir, j’avais revu ma copie originale. Comme
l’Argonne, le parcours que je me propose d’emprunter entre
Bar-le-Duc et Langres m’est parfaitement étranger. Je
pressens que cette illustre inconnue va jouer les
Cassandre. Car ce faisant, j’évite en grande partie l’axe
relativement plat de Saint-Dizier à Langres, tracé en
bordure de la Marne, que prenait systématiquement mon père
pour me droper à Dole.
Très vite, en m’écartant des bases connues, je cours à la
catastrophe. Trop tard ! Il n’y a plus qu’à assumer et
mouliner !
Altitude 400m. Arrêt casse-croûte sur le pouce à
Nogent-sur-Meuse, une cité connue pour sa
coutellerie. La bectance est égayée par de jeunes nogentais
à l’accent chaleureux. Cet intermède me divertit de la
longue traversée du silence ! Je suis à mi-chemin. Je
fatigue mais comme je n’ai aucun souci à me faire à
l’arrivée, no panic, no stress !
L’accès pentu à
la ville haute de Langres ne me plaît pas. Je
ne le sens pas ce durillon.
Hé bien ! Contre toute attente, la montée aux remparts se
fait en souplesse à la cadence de "l’Ouistiti des Cimes".
Comme Lulu, le dernier vainqueur belge du Tour de France,
deux ans plus tôt.
Voilà, j’y suis, mon rêve est en passe de se réaliser.
Cette ville fortifiée que j’avais traversée tant et tant de
fois au cours de mes jeunes années, sans le moindre arrêt,
et qui avait suscité ma soif de visite, s’offrait enfin à ma
curiosité. Zéro pointé sur toute la ligne comme la veille à
Bar-le-Duc ! Je fais comme le père. Faut avancer ! La
contemplation, c’est pour les rêveurs, pas pour les
bouffeurs de bitume. De toute façon, faut pas s’en faire
puisque tout finira, un jour, par se découvrir sur
Internet !
Cette fois-ci, je
n’hésite plus par où aller ! Plein tube sur Longeau-Percey,
vive la descente à fond de balle. En effet, je revis, que
dis-je je déguste mon enfance. Petit gamin, je mémorisais
tout au long du parcours un tas de repères parmi lesquels
les ponts, les châteaux d’eau et les passages à niveau, des
détails qui soulageaient mon impatience d’arriver à
destination.
Le moment était venu de passer en mode automatique. Encore
un quart de la distance à mouliner avant de revoir la patrie
de Pasteur qui est la mienne ! Quatre-vingt kilomètres, une
rigolade pour un aspirant cador !
Comme la veille,
je fais le vide autour de moi et je pédale, pédale et pédale
encore.
Champlitte,
le château n’est pas encore reconverti en musée. Je m’en
bats les valseuses ! Comme tu le constates, le toubib
d’autrefois n’avait pas perdu son temps, ni moi l’oseille
de ma bourse crevée ! Je décompte les kilomètres. Je
traverse la Saône à Gray. Sans état d’âme !
Le moral remonte d’un cran lors de la traversée de la ville
fortifiée de Pesmes. Cette fois, ça sent
l’écurie. À nouveau, je ne m’abîme pas en contemplation
devant la cité médiévale et j’enclenche le turbo pour la
lutte finale.
Dole est atteint
au coucher du soleil. Je traverse le Doubs, je suis archi
cuit ! Mes rotules implorent pitié et c’est en roue libre
que je déboule dans la propriété de mes aïeuls.
La moitié du défi est dans la poche !
Dole – La Bedugue
En ce temps-là,
ma grand-mère vivait dans la partie basse de la demeure
familiale entourée de part et d’autre de ses jumeaux qu’elle
avait eu sur le tard. L’affectation des pièces avait été
redistribuée lors de la succession du grand-père.
Ma grand-mère avait pris possession de la chambre de feu son
mari et la salle à manger avait été reconvertie en chambre
d’appoint. Un trou austère, lugubre et froid, qui
ressemblait comme deux gouttes d’eau à une chambre
mortuaire. De tous temps, elle était restée inoccupée pour
des raisons qui m’étaient inconnues.
C’est dans ce sépulcre que je vais passer mes deux
prochaines nuits.
Oh ! Quelle nuit ! Mais à l’inverse de Sacha
Distel, moi, je n’avais pas bu deux fines à l’eau, ni
trois whiskys. Par contre, j’ai trouvé tout mon soûl dans
le "Chacun fais c’qu’il lui plaît" du rappeur "Chagrin
d’Amour".
La
Ballade d’Omer.
Minuit sonne, j’suis cuit !
Une heure du mat’, l’alcôve de l’aïeule
J’suis seul, tout seul, tout seul.
Deux heures du mat’, j’tombe du lit
Y a de la rumba dans l’air
Ça n’fait pas l’ombre d’un pli !
Trois heures du mat, j’ai un souci
La sorcière verte me taille sans merci !
J’dors à terre ! Pageot précaire.
Purée ! Elle m’ cherche des misères.
Allo, Nadja, bobo ! J’suis pas fier !
J’course la tête à l’envers,
Bats le pavé de travers.
Ô mer...de, j’traque la chimère
Convoite la tendre et belle Hélène.
La plus belle ? C’est Bo, la reine,
La divine sultane du Boléro.
Hé Hugh, tu m’refiles le numéro
De la playmate, la jouvencelle
Qui reluit les rivets de ta selle
D’vélo ou d’cheval,
Tes Pégases de cavale !
Zut ! M’ v’là schizophrène !
Oublie la "Fée verte" de Rimbaud,
Fausse bimbo !
Admire Bo reins *,
Une chute pareille, Dieu que c’est beau !
DEVIANT ART : by DuvallonFecit
Dis-moi l’athlète !
Et Nadja, qu’est-ce que t’en fais ?
T’inquiète ! Elle fait la course en tête !
Elle emmène le paquet !
Chacun fait, fait, fait,
C’qu’il lui plaît, plaît, plaît.
Quatre heures du mat’, j’ai des frissons
J’claque des dents. Sur le paillasson.
Seul au pied du lit aux draps froissés
Pôvre Joé, sommeil cassé,
J’m’ prends la tête, imite Homère
Pique du nez, la suite aux Enfers.
Fait caillant ! Faut que j’m’ lève
Sans quoi, j’ crève.
Cinq heures du mat’, le même taudis
Vautré sur le même tapis.
Charybde & Scylla ! L’Apocalypse
Scalpe ma nuit.
À l’aide Ulysse !
Laisse tomber Calypso
Ton histoire d’Ô, c’est du pipeau !
Help, I need somebody
Help, not just anybody
J’crie, j’râle, j’grince des dents
J’rampe, j’grogne, que de ronflements !
J’interprète la danse d’Saint-Guy
J’suis épuisé, exténué, anéanti.
J’ suis seul, tout seul, tout seul.
Six heures du mat’, le bateau lit chavire
Sauve qui peut. Ma détresse empire
Ohé ! C’est quoi cette séance de torture ?
Pourquoi tu m’en veux, Arthur ?
Shit, m’ v’là ivre de délire.
Sept heures du mat’, j’ouvre un œil
La turne est morose. Un vrai tombeau !
Ne manque plus que les corbeaux
Pour ponctuer l’accueil !
Décidément, n’y a pas de bout
M’en fout.
J’suis debout !
Le jour se lève
Du balai,
Le rêve !
Depuis cette nuit homérique,
J’suis obsédé par un trésor unique : l’Or d’Omer.
Une potion magique au pouvoir euphorique,
Un nectar qui n’a rien d’une chimère !
Adieu P’tite Fée des champs Élysées.
Bonjour balade "Omérisée" !
Enfin ! Une blonde qui m’plaît !
À soixante-quinze balais,
J’fais c’qu’il me plaît, plaît, plaît !
* Version pour les culs-bénits :
"Beauraing" : lieu de pèlerinage fréquenté en Belgique
Quel voyage, cette nuit-là !
Dimanche, 15 juillet – Jour 3 – Repos du Boche du Nord
Dole
Jour de repos. Jour férié pour la sorcière aux dents
vertes !
N’oublions pas que le soleil de juillet donne la fortune
mais celui qui dort jusqu’au soleil levant, mourra pauvre
finalement. Ça ne me ressemble pas, donc comme notifié, je
me lève allègrement (!!) prêt à saluer la famille de
ma mère !
Une journée entièrement consacrée à des taties et des tatas,
en voici en voilà et patati et patata ! No comment !
Un fait d’histoire peu relevé !
Dès ma plus tendre enfance, le second mari de ma bobonne
flamande m’avait appris que durant la guerre, une fraction
importante des Français avait traité les réfugiés belges de
"Boches du Nord". Sans entrer dans le détail, ce surnom peu
flatteur laissa des traces douloureuses dans la famille. Un
an après la fin des hostilités, quand ma mère franc-comtoise
rejoignit son homme en Belgique, elle fut fraîchement
accueillie par sa belle-mère qui la crucifia par un "la
dernière des Belges vaut mieux que la première des
Françaises". Sympa, non !!
Dites-moi, docteur ! La dame était accompagnée d’un petit
bout de chou qui portait une musette de l’armée anglaise au
cou sur laquelle figuraient ses coordonnées en cas de
disparition en cours du voyage. Selon vous, la réflexion de
la belle-doche* a-t-elle eu une incidence sur le psychisme
de l’enfant ?
À vrai dire, la question reste ouverte. En revanche, ayant
évolué dans un monde bilingue, le bout de chou s’est maintes
fois interrogé pourquoi les deux femmes s’étaient
retranchées chacune dans leur langue respective ! Par
contre, elles excellaient dans la pratique de la langue de
bois, ce qui leur faisait une belle jambe !
*Ne pas confondre belle-doche et belle Boche !!
L'Europe, la belle affaire !
Lundi, 16 juillet – Jour 4 – Les Sentiers de la Gloire
Distance : 217 km
Dénivelé positif : 1489 m
Dénivelé négatif : 1482 m
Pause midi : Bourbonne-les-Bains (113 km parcourus)
Dole
Les courbatures me cueillent au saut du lit. Assurément, je
n’ai pas récupéré des efforts des jours précédents. La tête
et les jambes refusent de s’extraire du pieu. La tête parce
qu’elle appréhende le relief de l’avant-veille et les jambes
parce qu’elles sont raides comme des manches à balai.
Hélas ! Le vin est tiré, il ne me reste plus qu’à le
siffler. Je m’extirpe du lit, me débarbouille et m’apprête
pour le retour. Le parcours est simple comme bonjour et la
route m’est familière. Retour par où je suis venu. Du
moins jusqu’à Champlitte.
Toutefois mes craintes vont se concrétiser beaucoup plus tôt
que prévu. Les premiers symptômes du coup de buis se
manifestent bien avant Pesmes. En fait, ce n’est pas
une brusque défaillance qui me fragilise mais une
slaptitude générale ou un état fébrile dont l’unique
thérapie est le repos complet. Le cauchemar du
randonneur ! Les kilomètres se mettent à s’éterniser, à se
multiplier et le calvaire se métamorphose en un mirage comme
on en voit dans le grand sud algérien.
Du coup, je fais l’impasse sur la visite de la cité
médiévale comtoise. Un zéro de plus pour mon matricule.
Dommage, les remparts qui surplombent l’Ognon valent le coup
d’œil. Je reviendrai ! Maintenant, faut avancer !
Gray.
Traversée de la Saône par le Pont de Pierre.
Champlitte.
Dans le bas de la ville, j’oblique à droite, traverse la
rivière du Salon et poursuis mon pèlerinage sur la
départementale qui file en direction de Bourbonne-les-Bains
et les Sources de la Meuse. Un parcours limpide, sans
complication, sur la ligne de partage des eaux.
Alors, comme toujours, je soliloque pour me donner courage
et savoure les odeurs de la nature qui embaument la vallée
de l’Apance. La fringale me donne le coup de grâce vers midi
à proximité de Bourbonne-les-Bains, en
Haute-Marne. La ville, une station thermale, se situe aux
confins de la Champagne et de la Bourgogne à deux pas des
Vosges. La cure thermale est reconnue pour deux
indications : la rhumatologie et les voies respiratoires.
Ouf ! Voilà le ballon d’oxygène salutaire !
Une bonne centaine de bornes au relief accidenté m’a
proprement lessivé. Impossible d’aller plus loin dans cet
état. Je m’engouffre dans le premier resto venu comme un
automate. Est-ce l’Étoile d’Or ? Pas sûr du tout,
ma mémoire fait relâche. Le garçon de salle m’installe à
une table occupée par trois personnes qui discourent en robe
de chambre. Ou en robe d’apparat ? On se croirait aux
Halles de Paris ! Le restaurant est plein à craquer. Des
hommes et des femmes en tenue élégante côtoient et bavardent
avec des commensaux en peignoir et pantoufles. Les
réparties volent bas. Qu’est-ce que tu proposes pour ce
soir, Germaine ? Un Trivial Pursuit ? Bof ! Quoi
d’autre ? Un strip poker ? Ah ! Non. Pas question,
c’est de la triche, je suis à poil sous ma pelisse en
pilou ! Une fois de plus, je digresse et je me perds en
bavassages dérisoires et stériles.
Je délire ! Le carnaval est passé depuis belle lurette et
ce n’est pas un lupanar. C’est quoi ce cirque ? Deux
troubles graves de la vision à 48 heures d’intervalle, c’est
beaucoup. C’est trop ! C’est dingue !
Me voilà condamné à supporter la compagnie de Jack Nicholson
dans sa résidence du "Nid de coucou". C’est ma
deuxième expérience d’un anéantissement de cet acabit.
(Avec Aquavit, la cuite c’eût été la frite !)
La fatigue interrompt mon rêve et m’estoque à mort.
Dix ans plus tôt, il m’était arrivé une horreur similaire.
À une différence près ! C’était une fièvre de cheval qui
m’avait terrassé lors d’un parcours du combattant, la
troisième épreuve d’un pentathlon militaire. Une terrible
défaillance qui ne m’empêcha pas quand même de terminer
parmi les lauréats. C’est à cette époque que j’ai appris à
repousser les limites de la douleur. Voire même que je suis
devenu un peu maso à mes heures perdues.
Dès lors …
Je n’écoute pas les dîneurs. Je les fixe simplement d’un
œil éteint. Mon esprit vagabonde sur une autre planète.
Pas le souvenir d’avoir pété un seul mot ! Les plats sont
engloutis les uns après les autres sans distinguer ce que
j’avale. Quelle purée ! Puis, petit à petit, le miracle
s’accomplit. Le sang se met à irriguer mes neurones, mon
visage prend des couleurs et un coup de rouge met fin à
l’état de torpeur. Encore un peu de rab et je suis à
nouveau " bon pour le service". Je réalise que ce
n’était qu’un mauvais rêve puisque je me trouve dans une
station thermale où le déshabillé tient le haut du pavé !
Redoutant les lourdeurs de la digestion, je mets le cap sur
Neufchâteau et la vallée de la Meuse. Cette
région de forêts et de pâturages, qui est le symbole de
l’unification de la France, me réconcilie avec mes artères.
De prime abord, le relief me paraît plus accessible que
celui de la matinée. La Haute Meuse est un véritable
trompe-l’œil ! Ni plus, ni moins ! En lieu et place de la
plaine espérée, il me faut découdre avec un enchaînement de
vallons et de collines. Mon second tracas est la recherche
d’un gîte.
Domrémy-la-Pucelle,
éveille en moi une page d’histoire, mais comme les voix
célestes n’ont rien à cirer d’un mécréant, je délaisse la
basilique du Bois-Chenu et continue mon chemin de croix
jusqu’à Vaucouleurs.
Permettez que je teste votre culture ! Essayez un instant
de vous mettre dans la peau de Charles VII ; des deux dames
l’une, laquelle a-t-il choisi pour lui réchauffer les
pieds : Jeanne la Pucelle, la future béatifiée, ou Agnès
Sorel, la Dame de Beauté ?
Y’a pas photo, non ! Du coup, le Bon Dieu m’a cloué au
pilori !
Nous étions un lundi, j’ignorais que c’était le jour de
fermeture hebdomadaire de l’hôtellerie. Or, je n’ai plus
envie d’aller plus loin. Moi aussi, je fais relâche !
Hélas, c’est pas le moment d’aller aux fraises.
Void-Vacon.
Ville morte. Au fur et à mesure que l’après-midi
s’installe, je me fais une raison de bivouaquer à la belle
étoile.
Je finis par trouver mon bonheur à Commercy en
fin d’après-midi. Dépôt du vélo dans la coursive près des
cuisines et en attendant le souper, je m’octroie une
promenade au centre ville. Ça va mieux, la défaillance du
siècle est surmontée.
Assis à la terrasse d’un bistrot, j’écoute les commentaires
du Tour de France qui arrivait ce jour-là à l’Alpe d’Huez.
Soudain ! Ô Stupeur ! Le journaliste informe les auditeurs
de la mise hors course de Michel Pollentier. Je tends
l’oreille ! Le petit monde du Tour de France est en émoi,
les officiels courent de gauche à droite, tout est en sens
dessus dessous. Notre Michel national, quant à lui, se
retrouve sans dessus ni dessous. Il vient de gagner
l’étape mythique de l’Alpe mais, quelques minutes plus
tard, il se voit conspué, déclassé et exclu de la
compétition pour tentative de fraude.
Le rêve de "Cuisse de Mouche" s’évanouissait mais le
forçat de la route se posa à jamais comme la poire qui
épancha la soif d’un blaireau pour la plus grande joie des
Franchouillards. Tout ça à cause d‘une canalisation qui
s’était obstruée. Comme quoi, faites gaffe à votre
plomberie !
♪♪♪ Cet été-là/J’m’éclatais pour la première fois/Et la
gloire, ça n’était pas pour moi /Oh quel été, cet été-là/
… … C’était l’année soixante-dix-huit ♪♪♪
L’année fatale à Cloclo.
Bye Bye, les Sentiers de la Gloire !
Mardi, 17 juillet – Jour 5 – Ce n’est qu’un au revoir
Distance : 197 km
Dénivelé positif : 1473 m
Dénivelé négatif : 1552 m
Pause midi : en bord de Meuse (117 km parcourus)
Commercy
Le ciel est
pluvieux. Les nuages chagrins refroidissent ma fougue et
mon enthousiasme. Je n’ai pas envie de faire dans la
dentelle et je prends la nationale qui coupe les méandres de
la Meuse entre Commercy et Saint-Mihiel. Du
coup, je contourne le petit village de Han.
Ne vous en déplaise, je ne bats absolument pas la campagne.
Il s’agit bien de Han mais sur Meuse.
Prochaine destination : Verdun, l’objet des
convoitises du Grand État-major de l’Armée impériale
allemande. Je boycotte la visite du centre ville. J’aurai
l’occasion d’y revenir trente ans plus tard pour quadriller
la région en long, en large et en travers. Même topo pour
les Côtes de Meuse. (cf. /
www.cyclojose.be/Meuse)
Le turbocompresseur est enclenché. C’est la chevauchée
sauvage vers la Belgique.
Et me revoilà de retour à Dun-sur-Meuse. Le
ciel fait toujours grise mine, aucune amélioration n’est en
vue. Comme je me trouve à 50 bornes de la frontière belge,
c’est le moment propice de vous exposer ma petite digression
sur l’étymologie de Dun. Et puis …zut ! Je ne vous
servirai qu’un commentaire succinct.
Sachez pour votre gouverne qu’il y a une pléiade de noms de
ville dans lequel le mot "Dun" apparaît. Issoudun,
Châteaudun, Verdun en sont quelques exemples. Ce mot qui
signifie colline fortifiée, je le découvre pour la première
fois dans "La Rabouilleuse" de Balzac qui me donnera
l’envie de m’attarder sur l’origine du mot ainsi que sur les
pentes de la Montagne du même nom dans le Charolais. (www.montsdefrance.be)
n°23
Stenay.
À l’inverse des jours précédents, je retrouve mon coup de
pédale. La veille, les bords de Meuse m’avaient proprement
anéanti ; aujourd’hui, je pète des flammes ! Serais-je le
jouet des "Nibelungen" mosans ? Mon vélo serait-il
devenu un dragon ? Quoi qu’il en soit, tout à droite,
j’écrase les pédales. Enfin ! Je me reconnais ! Je roule
sur des coussins d’air !
Quand je relève
la tête, je me trouve sur le pont de la Semois à Bouillon.
La côte de la nationale en direction de Paliseul a de quoi
réchauffer mon moteur et de refroidir mes ardeurs. La côte,
longue de plus de huit kilomètres, développe un dénivelé
positif de plus de 220 mètres. Or, contre toute attente,
c’est la circulation sur la longue ligne droite qui me fait
le plus suer.
Au sommet, à la hauteur de Paliseul, ça sent
l’écurie. Me voilà transformé en Pégase !
Maissin.
Un jeune cyclosportif me rejoint, le tempo s’affole ! Le 12
dents se met à rougir ! C’est sympa pour une finale !
Han-sur-Lesse.
Big bisou de ma bergère.
C’est plus qu’un au revoir, mes frères !
Céline affirmait
que "Voyager, c’est bien utile, ça fait travailler
l’imagination. Tout le reste n’est que déception et
fatigues." C’est une vérité parmi d’autres.
Pour ma part, mon imagination m’a souvent permis de grimper
au ciel dans un fauteuil, sans les fatigues du voyage.
Dernière
minute !
Malédiction ! La fabuleuse histoire d’OMER. n’aura pas
lieu.
L’honorable faculté de « Mets de Chine » a
rayé à jamais le divin nectar de mon menu quotidien.
Le Mot de la Fin
D’aucuns
railleront : "Que d’emphase pour commenter un récit tout à
fait anodin."
C’est vrai, je le reconnais. Mais quand ma plume s’emballe,
je perds carrément les pédales et me laisse porter par le
courant des mots.
Maintenant, le
cyclo qui a pris la peine de lever de temps en temps la tête
du guidon, se sera rendu compte qu’il s’est promené dans un
paysage qui couvre plus d’un millénaire d’Histoire. Une ère
qui commence à la première croisade (Bouillon) et qui finit
par la seconde guerre mondiale (Argonne) en passant par la
patrie des Frères Michaux (Bar-le-Duc), Pasteur (Dole) et
autre Jeanne d’Arc (Domrémy-la-Pucelle). Une tranche
d’histoire qui a vu le démembrement d’un empire,
l’unification de la France, la chute de la royauté, les
conflits mondiaux et la construction de l’Europe. Comme tout
au long du parcours, je n’avais que les corbeaux à qui
parler, je fus contraint à un exercice de patience,
d’obstination et de haute solitude. À chaque endroit du
commentaire où il est indiqué "Faut avancer", je me
suis fait un plaisir d’y retourner pour passer au peigne fin
le site dans tous ses coins et recoins.
Et surtout, grâce au coup de folie de naguère, j’ai rajeuni
de plus de 40 ans en l’espace de quelques heures. Allez !
Honnêtement ! Est-ce que ça n’en vaut pas la chandelle ?
Bon vent à tous sur les routes de l’Eternité !
Été 2019
(Récit rédigé d’après mes notes de 1978)
bruffaertsjo@skynet.be
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