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La Folie des
Baisses
Suite à la dernière mise à
jour du site " Confidences ", des internautes m’ont demandé
la signification des chimères à gogo dans ma chasse aux
monuments du cyclisme. D’accord, l’expression n’est pas des
plus heureuses. Cependant, avant de lever ce coin d’ombre,
il me semble judicieux de faire la lumière sur le pourquoi
de ma rage d’écrire.
C’est en 1968, lors de mon
service militaire obligatoire, que je découvre avec
effarement une des plus grandes plaies de l’humanité à
savoir l’illettrisme, un fléau qu’il faut dissocier de
l’analphabétisme (cf. La Piste aux étoiles). Un analphabète
est une victime malheureuse de la société. En général, il
regrette son état de précarité. L’illettré est par contre
un individu qui a du mal à déchiffrer des textes courants et
qui ne se rend pas toujours compte quand il se plante de
tout son long. Si vous êtes confronté avec un tel zig,
faites le mort et réfugiez-vous dans votre thébaïde !

Quant à la perception de mes
" Confidences", le peloton des ramollis de la substance
grise a magistralement fait fausse route. Il a carrément
brouté la luzerne. Pourtant, la bafouille était balisée en
exergue par une épitaphe qui élimine toute confusion.
Nonobstant l’avertissement, ils sont tombés dans le piège
des Thermopyles (à ne pas confondre avec thermopile) comme
un seul homme car, je suppose que ces prosélytes de
l’obscurantisme assimilent la langue française à du
chinois. Or, l’alphabet français ne compte au total que 26
lettres alors que le chinois recense entre 3000 et 5000
sinogrammes (pictogrammes). Grâce à ce système, les
mandarins ont fait de leur langue un labyrinthe infini et
intemporel mais jamais statique. Car chaque phrase peut
être interprétée de façon différente, surtout dans la langue
parlée. Il n’y a jamais un seul sens, il y en a plusieurs.
Rien n’est jamais fixé. Et voilà, le tour est joué, tout le
monde rentre gagnant. CQFD. Merci, Cyclojose !
Un peu plus tard, dès que je
fus convaincu que cyclotourisme se conjuguait avec art de
vivre, il me vint à l’idée de partager mes sensations
hebdomadaires par le biais de la revue fédérale. À la sauce
Don José. Et amener mes pairs à la lecture par un florilège
de brimborions, de notes et d’anecdotes. Ne voilà-t-il pas
que dans la foulée, je m’autoproclame " Don
(de Dieu) qui Chotte " de la belgitude. Le nouveau "
Messi (e) " de la pédale !
Tant à faire ! Autant déconner à fond la caisse !
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Souvenirs, souvenirs, …
Début des années soixante-dix, dès ma reconversion au vélo,
je me suis mis en tête de rééditer les prouesses que mon
compagnon de classe Eddy avait réalisé en compétition au
cours de sa carrière sportive exceptionnelle. À deux
différences près, exit la course et vive l’allure libre en
randonnée ou en voyage itinérant. De plus, je disposais
d’une vie entière pour y parvenir.
À cette époque, le vélo-loisir renaissait de ses cendres et
une majorité de clubs de vélo avait rejoint une fédération
ou une ligue qui était le meilleur moyen pour s’immerger
dans le monde du cyclotourisme. Et comme les cyclos ne sont
pas des culs-de-jatte, les organisateurs incorporaient dans
le trajet une côte, voire un mur pour y mettre un peu
d’ambiance. En fait, c’était la formule idoine pour
satisfaire les folies de tout un chacun.
En 1977, mon partenaire André succombe aux chants des
sirènes de l’amour et ma quête change aussitôt de
dimension. Je franchis quelques cols gapençais dont celui
de la Sentinelle et les côtes reprises dans la
semi-classique de " La Flèche brabançonne ". Un carnet de
route fait son apparition ce qui va me permettre de rédiger
huit jours plus tard un tas d’histoires dans le détail,
voire trois décennies après l’événement. D’où un stock
illimité de nouvelles qui encombrent ma mémoire car je ne
sais plus " de chemin avec" comme eût dit mon Auguste père.
Quand je consulte mes
premières notes, je me vois frapper à la porte d’une
fédération belge où le radicalisme communautaire n’est pas
encore parvenu à pervertir les associations sportives
privées. Les ségrégationnistes et le pognon allaient s’en
charger ! En attendant la rupture des membres associés, la
fédération déclarait que la compétition n’était pas de son
ressort. " Notre pratique du vélo de
loisir – sport allié au tourisme – bannit la notion de
compétition ". Tout-à-fait vrai mais nulle part, il
n’est fait allusion au vélo en tant que moyen idéal pour se
refaire la cerise en cas de burn-out, bore out, voire la
descente aux Enfers. Sauf mauvaise lecture de ma part !
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Ma chasse aux bosses prend
naissance un beau dimanche du 8 juin 1980 à la suite d’un
défi lancé par mon beau-père qui avait relevé l’annonce
d’une manifestation cycliste dans le quotidien " Le Soir".
Une rigolade pour le premier sportif venu ! La première
édition du Tour du Hainaut oriental, longue de 230 km
comptant un dénivelé de plus ou moins 2500m, décrivait une
boucle au départ de Soignies vers Beaumont, Chimay, Thuin et
retour à Soignies. La côte la plus significative étant
celle de Rance. Le 22 juin 1980, je remets le couvert dans
la Haute Meuse qui faisait la fête aux côtes puisqu’elle
recensait cinq juges de paix dont La Pairelle, Leffe,
Gayolle, les Sept Meuses et la Citadelle.
C’est parti mon kiki ! Le
virus est inoculé pour toutes les lunes qui vont se
succéder. Je décide de mettre à mon programme de route un
minimum de 3 monuments du cyclisme par an (pour commencer)
en complément à mes sorties libres. T.B.T (LA Doyenne –
version cyclo), le BAR (la copie conforme du Brevet dur
randonneur alpin) et la Flèche de Wallonie seront les 3
premières classiques à ouvrir le bal. En même temps,
j’inaugure le brevet des Cols Durs par le Mont Ventoux et
poursuit une chasse effrénée au Club des Cent Cols. A la
même époque, mon ami Michel Dessart des Dragons de Mons crée
le BCCB, le brevet cyclo-côteur belge qui est un challenge
similaire au BCMF, le brevet cyclomontagnard français. La
merveilleuse aventure se prolongera pendant une longue
décennie et sera doublée ensuite par une version plus soft
qu’est le challenge des brevets à dénivellation. En outre,
dès la mise sur pied du Brevet international du Grimpeur (BIG)
en 1985 et dans sa foulée l’Association des Monts de France,
je signais présent pour tout ce qui montait au ciel, y
compris le fleuron des courses " OPEN " tel que " La
Marmotte ". Excepté le chemin de St Jacques de
Compostelle. Voilà la faille pour l’éternité !
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Bref, tout va très bien Madame
la Marquise. Hélas, un homme n’est jamais heureux, il lui
en faut toujours davantage. Résultat des courses : les
organisateurs rivalisent d’imagination, gonflent les listes
des goals à atteindre ; des cyclos futés assouvissent leur
rêve en créant des cols ex nihilo dans leur jardin, d’autres
redéfinissent la terminologie de la géomorphologie et
biaisent les règles existantes. Bref, un monde insatisfait
est en ébullition.
Nous sommes une bonne dizaine d’années avant de passer au
deuxième millénaire. Comme les raidillons font recette, de
nombreuses épreuves cyclistes se plaisent à truffer leurs
parcours de côtes. Le vélo en montagne a le vent en poupe,
appuyé en cela par des magazines spécialisés dans le
cyclotourisme.
Aussi voit-on apparaître la création d’un col ex nihilo dans
l’ascension du Mont St Aubert dans le Tournaisis qui est
inauguré en grandes pompes par les pontes du Club des Cent
Cols. Le porte-parole des Audax de Tournai titrait à
l’époque ; " Tous les moyens sont bons pour faire rouler les
cyclos ". Et comment donc !Les cyclos vont se faire rouler
dans la farine autant qu’ils sont ! L’initiative inspire
aussi nos amis nordistes qui créent ex nihilo le col de Long
Buisson près de Bavay et le Pas St Rémy dans le Cambrésis.
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Voici mon compte-rendu in
extenso de l’époque.
Le 28 mars 1998. Je me mets en route
à Etroeungt (près de Fourmies) dans l’Avesnois pour une
boucle de 110 km développant 850m de dénivelée positive.
La Thiérache. Oh ! le joli nom ! C’est une région imprégnée
d’histoire qui appelle le curieux à en savoir davantage sur
ce coin perdu aux confins de la Picardie. Le cyclo
autochtone a fort bien compris le challenge. Pour accentuer
l’intérêt aux yeux des prosélytes, il a semé un col entre
les champs de betteraves qui s’étendent à perte de vue au
sud de la bourgade de Guise. Il sait qu’il faut d’un rien
pour faire rouler un Cent Cols. Il sait qu’un col, même
s’il ne se pose pas en juge de paix, reste un but de
sortie. Donc, comme tout Cent Cols qui se respecte, je me
fixe cet objectif en ce début de printemps.
J’y suis allé. Et, j’en suis revenu dégoûté !
Je m’abstiendrai de rédiger une note négative. Néanmoins la
probité m’impose de clamer à gorge déployée que le versant
« EST » du Pas Saint-Rémy ressemble à une côte comme il y en
a des centaines dans le bled et le versant opposé n’est
qu’un faux « faux-plat ». Rien de plus. Parodiant
Michelin, je dirais : " À franchir par accident ".
En somme, de cette balade longue d’une centaine de bornes,
probablement mal tracée par mes soins, je ne retiendrai
qu’une longue matinée sans le moindre coup de cœur dans un
paysage monotone à mourir.
Veni, vidi. Quant au vici, c’est un « ad honores » par
hasard !
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Dans le carnet de route,
j’indique aussi : " À mettre dans le même sac que le col del
Saux ".
Voilà un défi que je qualifie de mascarade nonobstant qu’il
soit repris dans les cols belges reconnus par la FFBC et
repris sur les cartes Géocart. En fait, le soi-disant col
s’inscrit dans la même lignée que le Pas St Rémy. Tous les
deux sont perdus au beau milieu de vastes champs de
culture. Or, en fonction des documents qui sont en ma
possession, il s’avère que le col del Saux répond en tous
points aux normes exigées par le Club des Cent Cols. Par
conséquent, le Club des Cent Cols homologue d’emblée le
col. Trois lustres plus tard, le col disparaît de la liste
des cols routiers belges repris autrefois par nos mêmes
voisins. Quand je visionne la liste, il y a même le Pas de
Wolfhaag, situé dans le Limbourg néerlandais, qui intègre la
liste des cols belges. Du n’importe quoi chez les uns, du
grand n’importe quoi chez les autres et de la franche
rigolade chez nos amis méridionaux.
Mode d’emploi
pour créer un col en Belgique
Extrait de
correspondance entre la commune de Jurbise et R.P des
Dragons Audax de Mons
03.01.1993
Objet : découverte d’un col routier à Herchies
… Si le passage d’un versant à l’autre semble évident,
la dépression en crête n’était nullement certaine. Après
une étude topographique sur le terrain, le doute est levé.
Ledit col existe bien ! Séparant le S-O, le Bois de Soigne
(92m) et le N-E, le Champ du Moulin (87m), notre col culmine
à 85,52m au-dessus du niveau de la mer. … Un panneau
routier offert par la firme Niezen signalera le " Col del
Saux ".
…
Ndlr. Chapeau pour
la précision altimétrique ! Je suppose qu’on a tenu compte
de la réfection de la route ! C’est plus fort que la mesure
de la montagne JING dans la province de Shandong en Chine
qui se targue de posséder une des plus petites montagnes du
monde. Son altitude culmine à 60cm (sic). Si le monde
entier n’est pas heureux après tout ça, que faut-il inventer
de plus ?
12.01.1994
« Nous avons l’honneur de porter à votre connaissance que le
Collège Échevinal en sa séance du 10.01.94 a autorisé
d’apposer un panneau au sommet du Col Del Saux … … »
19.01.1994
Envoi d’une copie du dossier complet au Club des Cent Cols
via Germain Geenens, délégué officiel du C.C.C pour la
Belgique.
Tout est bien qui finit bien
puisqu’autrefois Michel de Brébisson, une huile du C.C.C
résumait l’article 2 de la règle du jeu du Club de Cent Cols
par " un col existe lorsqu’il est
nommé ". Cette formulation ouvrait la boîte de
Pandore !
Quoi qu’il en soit, c’était
l’aubaine qu’un rêveur d’étoiles se devait d’exploiter.
Fallait surtout pas louper le côté opportuniste de la
manip :
R.P implante un col ex nihilo dans son jardin.
La commune ne débourse pas un clou, et à défaut d’afficher
d’être un des villages fleuris de Wallonie, elle peut
néanmoins se pousser du col.
La société de cartographie (la même pour laquelle j’ai bossé
pendant 2 ans) mentionne une donnée inédite sur ces cartes,
ce qui ajoute un argument de vente supplémentaire. Un souci
cependant ! Les courbes de niveaux ne sont pas
représentées. L’Institut Géographique National ne
cautionnera pas cette initiative.
Pour les clubs cyclos locaux, c’est une plus-value à ajouter
sur la feuille de route pour attirer le badaud à leur
opération accroche-gambettes !
Par conséquent …
Tout le monde est satisfait sauf le rabat-joie qui est allé
se paumer au Pas St Rémy, au col del Saux et ailleurs sur
des taupinières insignifiantes. Ce dernier s’est senti grugé
par un guignol qui a assouvi un besoin mégalo. Je pèse mes
mots ! Quant au panneau sommital du Pas de St Rémy, le
pisse-froid reconnait l’utilité du truc-machin-chose qui lui
a permis de cibler un objectif pour vidanger sa vessie. Une
rose déclinée à tous les temps et à tous les modes mais
c’est à vous qu’il revient de qualifier l’exploit !
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Et puis, il y a ceux qui
magouillent en douce. " Ni vu, Ni
connu " eût été le panneau approprié en lieu et place
du " col du Haut de Beaurieux – 125m ". P.G, l’homme qui a
osé faire le pas (sans trébucher), me conte, lors d’un
brevet à dénivellation en pays liégeois, une nouvelle
version des aventures de Louis De Funès avec son clebs
« Viens ici, Fous le camp ». Ou la création ex nihilo d’un
col au cœur du Brabant wallon. Je rédige le compte-rendu.
Je le soumets à l’intéressé. Il arrondit les angles,
dédouane ses complices ce qui rend mon papier tout-à-fait
caduc. Ma note ne verra jamais le jour. En un mot,
l’artisan présumé réquisitionne un ouvrier communal pour
rafraîchir un vieux panneau de signalisation qu’il renomme à
l’enseigne du col. L’intéressé se présente à la pique du
jour au lieu-dit et implante l’écriteau au nez et à la barbe
de la maréchaussée.
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Bref, au seuil du siècle
précédent, il n’en fallait pas plus pour refaire la
géomorphologie de la Belgique. Le potentiel humain étant
acquis, il n’y avait plus qu’à trouver un leader incontesté,
incontestable, motivé et routiné pour en établir la
codification. Mon ami Daniel Gobert s’imposait comme
l’homme de la situation puisqu’il occupait le haut du pavé
du cyclogrimpisme belge depuis une dizaine d’années. Il
venait de publier " Les cols d la vie " - jeu de mots
parfait pour un enseignant – quand nous eûmes notre premier
entretien. Il s’entoure de 8 collaborateurs et crée la
Commission Nationale de Reconnaissance des Cols de Belgique
(CNRCB).
Tous les collaborateurs appelés sont des cyclotouristes qui
sont tombés dans la marmite de CYCLOTOURIX. Que des
convaincus, des galonnés de la Petite Reine. Et moi, et
moi, et moi, je ne l’étais plus du tout. Sauf, convaincu
d’écraser les orteils de nos cartographes belges autorisés.
S’en suit alors une période très zizanesque entre nos amis
Français du Club des Cent Cols et les valeureux petits
Belges qui caressaient l’espoir de transformer la Belgique
en une nouvelle Petite Suisse. Hélas, mes compatriotes ont
snobé la maxime de Sénèque qui nous enseigne qu’en tout,
l’excès est un vice. Mon Auguste père eût traduit : " Quelle
idée de vouloir péter plus haut que son col ! "
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Bref, si asteure vous cherchez
la liste des cols belges, je vous souhaite bien du plaisir.
Le Club des Cent Cols a revu sa copie en remaniant la liste
originale précédente. Sans oublier de se planter (Bis
repetita : Pas du Wolfhaag).
La FFBC (Fédération), toujours prête à accueillir de
nouveaux projets du genre brevet à dénivellation, a repris à
son compte les activités " Randocols ". Quant à la liste
des cols officiels belges, j’ai jeté l’éponge. De toute
façon, je trouve que nous sommes perdants. Nous n’avons pas
profité de l’occasion d’imposer notre terminologie auprès de
la Francophonie. Le tienne d’Annette et Lubin, le thier de
la Haute Levée, la chavée de la Houssière, etc. sont des
appellations nettement plus appropriées !
Mais encore …
Il y a des autres " Chimères à gogo " ou des cadeaux Bonus.
En France et partout ailleurs. L’exemple qui me vient à
l’esprit est le massif de l’Estérel sur la Côte d’Azur.
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En 2012, à l’occasion des 40
ans d’histoire de Club des Cent Cols, j’évoquais la
personnalité d’un grand ex-ambassadeur de la confrérie :
« Paul
André, un ténor du tableau d’honneur des C.C, fit sa
vélorution en dégradant tous ses compteurs au nombre de 113,
ce qui correspondait à son numéro d’inscription dans la
confrérie. Pourquoi ce chevalier moderne s’infligeait-il ce
cilice moral après tant d’efforts ? Pourquoi cet humaniste,
cet homme pieux doté néanmoins de l’indispensable petite
touche d’orgueil s’auto-stigmatisait-il ? La confirmation
du saint homme m’explosa bien vite en pleine face ! Par ce
S.O.S, le sage indiquait que le Club des Cent Cols n’était
pas une fin en soi mais un moyen pour élever son enveloppe
charnelle et son âme dans la quête de l’absolu. Il avait
fait sien l’aphorisme de
Pierre Dalloz
qui affirmait : " Comme
tous les besoins profonds de l’homme, celui de l’altitude
est universel ".
Et depuis cette prise de conscience, une ascension d’un col
de haute montagne équivaut pour le mécréant que je suis à
une retraite prolongée d’un croyant dans un prieuré dirigé
de préférence par une prieure. Aussi, muni de ce bâton de
péripatéticien, le C.C.C m’aura procuré beaucoup plus de
satisfaction qu’une simple collection de cols. Qui au-delà
d’un score d’ailleurs perd de son authenticité et de son
bien-fondé. Paul André avait parfaitement compris le
message puisque le nombre 113 métaphorise le sacrifice du
Christ. No comment ! »
Paul André nous a quitté en
2006, le jour après la naissance du Christ. Comme c’est un
personnage que je ne suis pas prêt d’oublier, mieux vaut
tard que jamais pour lui rendre hommage.
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Je vous propose de retourner au siècle précédent. Nous
sommes le 15 mai 1990. Ayant jeté mon dévolu sur le massif
des Maures pour la chasse aux cols et aux monts, je ne
résiste pas aux sirènes de l’Estérel qui se planquent à
proximité de la résidence d’été. Cette manne miraculeuse,
je la devais à l’apôtre Paul André que j’avais consulté au
préalable. L’humaniste m’avait mis l’eau à la bouche en me
faisant parvenir la carte de la forêt domaniale de
l’Estérel. Sur 6000 ha, il avait coché et balisé plus de 45
cols et baisses ainsi que de nombreux sommets. Le point
culminant étant la tour de guet du Mont Vinaigre (618m) et
Belle Barbe (83-45m) s’appropriant la casquette du col le
plus bas. Les non convertis doivent savoir que l’Estérel
est un véritable éden pour les randonneurs, un massif de
falaises déchiquetées bordant la Méditerranée où les roses
font la nique aux verts du maquis buissonnant qui engloutit
les ravins. De temps en temps, un chêne-liège ou un pin
parasol émerge de la garrigue. Cet espace qui est 6 fois
plus vaste que le Bois de Vincennes des Parisiens
dissimulerait plus de 60 cols en son sein. Animé d’un
esprit frondeur, Paul André avait pris ses distances avec le
règlement du C.C.C en août 1987 mais l’insoumis insistait
lourdement de ne pas changer les règles du jeu.
(Cf.
Revue n° 16 du Club des Cent Cols – Un ténor qui chante faux
– Paul André 09.09.1987).
En fait il s’amusait
free-lance au jeu des Cent Cols. Sachant que j’avais inséré
la baisse Mathieu (83-204m) dans le parcours, il s’empressa
de machiner le verset 2 : 8 de Mathieu l’évangéliste en
« Suivez votre étoile … et quand vous aurez trouvé le
nouveau col que tout le monde attend, faites-le moi savoir
pour que j’aille aussi le reconnaître … ».
Un message sous forme de boutade qui aurait dû me mettre la
puce à l’oreille, d’autant plus que j’avais commencé la
boucle des 30 cols par la baisse de
« Messe-à-con » (83-402m), située sur la Route des
Cols au pied du Mont Vinaigre.
Hélas, je n’ai pas la science infuse ! La comprenette me
vient toujours à retardement. En finale, l’abattage
« industriel » de la constellation estérelienne n’a pas été
ce que j’ai fait de mieux. Au temps pour moi !
Cependant, grâce à la
révélation de Paul André, l’Estérel restera néanmoins un
souvenir inoubliable. Difficulté majeure : des " strade
rosse " rocailleuses sans comparaison avec les " Strade
Bianche " graveleuses.
Mais… déjà … une ombre
se profilait à l’horizon. La caillasse me préparait à la
catastrophe de l’Assietta qui allait jeter un froid sur ma
manie de sortir des sentiers battus. Mais ça, c’est une
autre histoire.
Ne tirez qu’un seul
enseignement de cette chronique. On regrette ce qu’on n’a
pas fait. Et ce qu’on a fait, c’est trop tard pour le
regretter !
A refaire le cycle,
j’opte donc pour la seconde proposition. Et vous, qu’en
pensez-vous ? Ce ne sont que des carabistouilles, me
direz-vous !
D’accord, pourquoi pas si ça vous fait plaisir !
Hiver 2023
PS.
Tous les courriers cités en référence sont toujours et
encore archivés.
bruffaertsjo@skynet.be

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