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Maintes et
maintes fois, j'ai chanté les méandres enchanteurs de la
Semois. J'ai vanté les délicieux caprices de l'Ourthe et la
beauté sauvage de l'Amblève. J'ai raconté la "Petite
Suisse" du Pays de Herve. Les Ardennes Flamandes et la
Région des Collines ont fait l'objet de commentaires
touillés à toutes les sauces possibles et imaginables. Il
en va de même pour la Haute Meuse Dinantaise. Quant au
Viroinval, il me faut reconnaître que ma prose n'a pas été
prolifique à son égard. A tort, je le concède ! La
randonnée F-T-A me donne une opportunité de me racheter.
Du Cul
d'Enfer au Trou du Diable. Ou, si vous préférez, de
Petigny à Oignies, la randonnée F-T-A est balisée d'une
kyrielle de lieux dits pour le moins grivois. En les
mettant bout à bout, j'aurais pu transformer la balade en un
itinéraire quelque peu gaulois. Ce ne sera pas mon propos.
En effet ! Ici, il sied mieux d'évoquer les innombrables
curiosités qui jalonnent le brevet F-T-A que tout
cyclotouriste averti sera amené à découvrir pour peu qu'il
ne coince pas son nez dans le guidon.
Comme
curiosités et sites remarquables, je citerai dans l'ordre
chronologique : les Grottes de Neptune (Frasnes) – la
fontaine de « jouvence » (Petigny) – le barrage du Ry de
Rome - les forges et les fonderies (Couvin) – les maisons
en bauché (Moulin Manteau) – la voûte pour péniches et le
Calvaire des Manises (Revin) – le centre de l'Europe des
Quinze (Oignies) – le pays de Toine Culot (Trignoles) – le
château Hamal ( Treignes) – le centre d'observatoire (Dourbes)-
Fondry des Chiens et la Maisons des Baillis (Nismes). Il
est des cyclos qui pousseront le bouchon plus loin puisque
les Fagnards ne crachent pas dans la soupe. Il est même
possible de s'offrir un festin à tout moment avec une
spécialité culinaire du coin. Un morceau d'andouille à
Petigny, des escavêches au Ry de Rome, de la tarte rombosse
à Couvin, du boudin blanc à l'oignon de Fumay arrosé d'une
triple de Nismes sont quelques gâteries qui empêcheront un
éventuel coup de pompe.
Le Fondry des Chiens
Le Fondry des Chiens est un ensemble de gouffres
naturels creusés par la dissolution du calcaire par
les pluies. La nature a mis des millions d’années
pour façonner le site. Le fer s’est accumulé
progressivement dans les cavités rocheuses et dès
que les hommes ont été en mesure d’extraire le
minerai, le relief a fait l’objet d’une exploitation
intensive qui a perduré jusqu’au 19e
siècle.
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Cette
énumération de possibilités d'un tourisme bien compris n'est
pas exhaustive. Toutefois, il faut rappeler que le but
principal de la F-T-A consiste à grimper des bosses
mosanes. C'est une autre spécialité très prisée de la
région. Pour les cyclotouristes en particulier qui se sont
spécialement déplacés dans cette perspective. Par
conséquent, je m'en vais vous en décrire une seule. Celle
qui, à mon avis, est la plus coriace. En l'occurrence, le
Mont Malgré-Tout.
De toute la
moitié nord-ouest de la France, il n'y a que deux sommets
qui dépassent les trois cents mètres de dénivellation : le
Menez Hom dans le Finistère (Bretagne) et le Mont
Malgré-Tout (Ardennes). Ce dernier présente un dénivelé
moyen de 6% sur 5 kilomètres.
"A la
sortie de Revin, délaissant la "Route des Légendes de Meuse
et de Semoy qui file en direction de Monthermé, je m'engage
dans la rue George Sand qui donne accès aux sites de la
Faligeotte et du Mont Malgré-Tout. Cent mètres après le
franchissement du pont du chemin de fer, il suffit
d'insister dans la direction des Hautes Buttées et du
Calvaire des Manises.
Au bout de cinq cents mètres, un premier lacet annonce le
vif du sujet. La route se relève brutalement et pénètre
dans une forêt de chênes rouvres qui doit faire face à une
poussée de charmes. Les points de vue jalonnent la
grimpette. Une première échappée sur Revin se découvre à
hauteur du Monument des Manises. La route se cabre ensuite
jusqu'au point de vue de la Faligeotte. Un panorama
magnifique sur la Meuse qui vient à brûle-pourpoint pour un
explosé en puissance. Ce n'est pas mon problème ! La pente
s'accentue de plus belle au-delà du deuxième kilomètre. Un
chemin de calvaire qui grimpe au ciel jusqu'au km 3.3 sans
le moindre répit avec des passages de l’ordre de 14%. Même
à proximité de l'antenne, il est indispensable d'écraser les
pédales sous peine de rendre les honneurs du pied. Ouf !
J'y suis. C'est une débauche d'efforts et de satisfaction
que personne au monde ne pourra jamais me soustraire."
En âme et conscience, le Mont Malgré-Tout figure sans aucune
hésitation parmi les épouvantails les plus redoutables et
redoutés de l'Ardenne mosane. Après cet obstacle "hors
catégorie", il restait le Trou du Diable et quelques bosses
fagnardes à franchir. Même, si c'est à l'arraché que je
parvins à mes fins, des raidillons comme "Les Matignolles"
n'avaient d'autres buts que de parachever avec une pointe de
cru du terroir la randonnée Fagnes-Thièrache-Ardennes.
bruffaertsjo@skynet.be
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