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Il est superfétatoire de
rappeler que la Belgique possède un riche patrimoine
culturel. Le pays est truffé de monuments, châteaux,
abbayes et autres ouvrages d’art en tous genres. Les
façades théâtrales de la Grand-Place de Bruxelles sont
uniques au monde. Pas étonnant qu'elles aient inspiré un
tas de génies parmi lesquels Jean Cocteau, Victor Hugo et
autres Jacques Brel. Toutefois, s’il ne fallait retenir
qu’un seul site touristique remarquable pour tout le
territoire, le choix d’une majorité de Belges se porterait
sans hésitation sur la ville de Bruges. Or, tout comme le
berceau de Casanova, il est impossible au touriste d’en
faire le tour en un week-end. C’est d'autant plus vrai si
celui-ci se propose de passer au peigne fin la multitude de
musées et de bâtiments historiques, voire couronner
l’escapade par un gueuleton dans l'un des innombrables
restaurants gastronomiques. Donc, puisque la tâche relève
de l'impossible, rabattons-nous sur le port de Damme qui lui
dut les joies de la grandeur et les revers du déclin de son
histoire.
Infos Touristiques
Office de Tourisme à Damme
Huyse de Grote Sterre
Jacob van Maerlantstraat, 3
8340 – Damme
Tél. 050.28.86.10
Website :
www.damme-online.com
West-Vlaamse Vereniging voor de Vrije Tijd
vzw
Provinciehuis Abdijbeke
Abdijbekestraat, 9
8200 – Sint Andries – Brugge
Tél. 050.40.70.40
Westtoerisme vzw
Kasteel Tillegem
8200 – Sint-Michiels – Brugge
Tél. 050.38.02.96
Location de bicyclettes
Tijl en Nele
Jacob van Maerlantstraat, 2
8340 – Damme
Tél. 050.35.71.92
e-mail :
tijl.nele@pandora.be
website :
www.tijlennele.be.tf

Damme : Statue de J. Van Maerlant
Itinéraire :
commentaires
Il eût été dommage de se
priver d’un bol d’air frais alors que Damme ne se trouve
qu’à une poignée de kilomètres du littoral . Donc, cap sur
la mer. L’évasion entre les « slikke » et les « schorre »
est une savante combinaison entre deux routes fléchées
existantes : la Riante Polderroute et la
Maerlantroute. Le pays côtier et son arrière-pays.
Les filons d’Ariane
Km 4.4
prendre à gauche le « Zeekanaalweg », pas de panneau
à hauteur d’une énorme écluse.
Km 6.5
délaisser la route fléchée pour la paisible rive du canal
jusqu’à l’auberge du « Palingpot » de Ramskapelle.
Ensuite, réintégrer le circuit devant l’église.
Le cyclotouriste, qui nourrit des craintes de se fourvoyer
dans le dédale des rues de Duinbergen et de Knokke, peut se
faciliter la tâche en prenant à Heist, devant le Willemspark,
à droite la « Elizabethlaan » en direction de
Knokke-Zoute. L'amateur de "golfes clairs" qui tient a
longer la mer sur le "Zeedijk" de Duinbergen et l"Albertstrand"
de Knokke doit lever le pied et redoubler d'attention. Tous
les panneaux y sont mais encore faut-il bien ouvrir l'œil !
Km 16.5
dans la Bergdreef, qui est l'unique petit raidillon
du parcours, 200 m après l'amorce de la côte, bifurquer à
gauche vers la petite place qui surplombe le littoral.
Le panneau, qui se trouve devant la "Lippenslaan"
(rue principale de Knokke), est branlant ! Traverser la "Lippenslaan"
et la place adjacente et poursuivre dans la "Elizabetlaan".
La circulation devient moins dense une fois la "Zoutlaan"
qui est le quartier le plus huppé de Belgique. Voilà le
« Oosthoek ». Une bonne gaufre chez « Moeder Siska »
ne se refuse jamais.
Km 31
après Sint Anna-ter-Muiden, devant le canal, en prenant à
droite, il est possible de poursuivre sur la Riante
Polderroute jusque Damme. Le
kilométrage est alors ramené à 44 bornes. A gauche, on s’en
va rejoindre la « Maerlantroute » qui contourne la
petite ville de Sluis. Situé à mi-parcours, l’endroit est
idéal pour se ravitailler.
Km 39.5
au lieu-dit de « Heille », après le camping « De
Schaapskooi », ne pas prendre la Ezelstraat et continuer
tout droit vers Middelburg via une route en briquettes
rouges. Ensuite le fléchage est parfait.
Attention au vent ! Il peut jouer les trouble-fête.
Parcours
Damme (Grand-Place) – « Palingpot »
- Ramskapelle –Heist – Duinbergen – Knokke –
Sint-Anna-Muiden (Gasthof Ouwe Schuur) – Sluis
(Fortifications) – Sluis (Centre ville) – Heille –
Middelburg (De Tol) – Aardenburgbrug – Maldegem – Donk –
Vivenkapelle – Damme.
Damme : grandeur et
décadence d'un port
A l’époque gallo-romaine, la mer s’étendait
encore jusqu’à l’endroit où naîtraient un jour Bruges et
Dixmude. Notre littoral n’était qu’une vaste lande désolée.
Le terme « Flandre »
ne signifie d’ailleurs rien d’autre que « pays
inondé ». A cette époque
les nombreux bancs de sable, visibles à marée basse,
présageaient cependant déjà un ensablement à moyen terme de
la côte. Par-ci et par-là, les flots se frayaient un
chemin au cœur des terres grâce à de véritables bras de
mer, tel le "Sincfal"
large de plusieurs kilomètres que nous connaissons de nos
jours sous le nom de "Zwin".
Actuellement le Zwin est constitué d'un cordon de dunes et
d'une zone de boues salées, les "slikke"
et de prés salés, les "schorre".
Il faut attendre le 10e siècle pour dater enfin avec
exactitude les premiers établissements côtiers.
Le Zwin, artère vitale de Bruges
Les
eaux du Zwin sont à l’origine de la prospérité de Bruges.
Cela ne fait aucun doute. Contrairement aux idées reçues,
le Zwin n’a jamais été un vrai bras de mer mais une vaste
baie s’étendant jusqu’à Damme. Bien qu’il ne soit pas exclu
que Bruges n’ait jamais eu de communication naturelle avec
le Zwin, une liaison, toute précaire qu’elle fût, suffit à
en faire, en fort peu de temps, un des plus grands ports
européens.
Vers le 11e siècle, le port était relié au Zwin par deux
passes navigables : le Vieux Zwin, qui se jetait dans le
Zwin proprement dit près de Reigersvliet, à l’est de
Westkapelle, et la Reie, continuation des canaux de Bruges,
qui reliait la ville au Zwin à hauteur de Damme.
Hélas, l’ensablement continuait inexorablement ses œuvres
tant et si bien qu’un siècle plus tard, les navires de mer
n’avaient plus accès à Bruges, ni par la Reie, ni par le
Vieux Zwin. Mais la ville, qui entre-temps était devenue
une métropole prospère, ne souffrit guère de cette
situation et transféra ses activités portuaires à Damme.
L’agonie de Bruges sera de longue haleine. Deux siècles
plus tard, soit au 15e siècle, alors que la Venise du Nord
était à l'apogée de sa gloire et de sa prospérité, il est
quasi certain que la plupart des marchands ignoraient encore
la menace qui planait sur Bruges.
Damme devient le port de Bruges
Ainsi Damme devint
l’avant-port de Bruges. La ville, qui naquit dans la
seconde moitié du 12e siècle, doit son nom à une digue
construite sous les impulsions et pour le compte de Bruges.
Pour preuve, des livres de comptes attestent que c’est
Bruges qui finançait l’entretien et tous les autres travaux
connexes à l’écluse. Bien après que Damme fut devenue
Ville Libre, la métropole resta propriétaire des
quais et des installations.
Comme le Zwin était fort profond jusqu’à Damme, la digue fut
construite là où commençait la grève. Le but de la grande
écluse et des travaux d’endiguement étaient destinés à
faciliter le transbordement des cargaisons sur des barques.
La substitution de Bruges par Damme en tant que port permit
aux Brugeois de revendiquer, en moins d’un siècle, le
statut de principal port d’Europe pour leur cité.
Des centaines de navires transportant des marchandises en
provenance de toutes les régions du monde venaient y
accoster. Les élégantes galères vénitiennes et génoises
côtoyaient les lourds navires hanséatiques et offrait tout
le long des quais un spectacle pittoresque. Jusqu’au
13e siècle, le trafic portait presque exclusivement sur les
articles de luxe : vins, poisson, sel, ambre et fourrures.
Auparavant, les grandes exploitations rurales et les
communautés religieuses suffisaient à leurs propres besoins.
Il faut attendre la constitution des grandes villes pour que
le négoce des denrées alimentaires se développe. Le grain,
le bois et la bière venaient d'Allemagne, les vins de La
Rochelle, les laines d'Angleterre et les pelleteries de
Russie. Quant aux produits du Levant et de l'Inde, ils
étaient acheminés à Bruges par l'intermédiaire des Italiens.
La nuit venue, des feux étaient allumés sur les clochers
trapus de Muiden, Oostkerke, Hoeke et Damme pour montrer la
voie à suivre aux marins. Malgré tout, le trafic maritime
était restreint car la navigation en haute mer comportait
trop d’aléas.
Damme, ville européenne de
courtage
Grâce à sa situation géographique, Damme devint en peu de
temps le centre commercial idéal entre le Nord et le Midi.
Les comptoirs de marchands lombards et baltes y côtoyaient
les agences bancaires les plus réputées de l’époque.
Des centaines de navires pouvaient mouiller dans son port et
y charger et décharger les produits des autres pays.
L’endroit était donc une place idéale où les négociants
pouvaient troquer leurs marchandises. Ce rôle de courtier
convenait à merveille à Damme mais ce fut néanmoins à Bruges
que les marchands maintinrent leurs comptoirs. Bruges
maintenait ses prérogatives en tant que métropole
commerciale de l’Occident.
Dès 1180, Damme bénéficia de franchises qui exemptaient
ses citoyens des droits de péage en Flandre, ainsi que des
droits hanséatiques en application de par le monde. Malgré
ça, le port de Damme resta dans l’ombre de Bruges qui
continuait à garder la main mise sur les installations et
les affaires afférentes au port. L’essor de Damme ne fit
cependant que croître et embellir.
Le port touchait des droits sur l’entreposage des vins en
provenance de France, le hareng, les résines et la poix. En
1269, la comtesse de Flandre, Marguerite de Constantinople,
lui accorda l’autorisation de dresser une grue sur le quai,
ce que la charte mentionne en ces termes : « ung
instrumen que ont appelle communemen Crane pour l’ouvrage
des vins estrainges et daultres chozes qui arrivent à nostre
port de Dam ». Les litiges en matière de navigation
s’accroissant de jour en jour, il fallut bientôt faire appel
à une réglementation. C’est ainsi que fut élaboré à Damme
le premier code de droit maritime des Pays-Bas, le « Seerecht
van Damme » qui, en fait, n’était qu’une traduction du
code du droit maritime français en vigueur de l’époque.
C'est à cette époque que Jacob Van Maerlant, écrivain et
poète régional, écrivit son chef d'œuvre la "Spieghel
Historiae".
Et le glas se mit à sonner !
Entre-temps l’ensablement du Zwin se poursuivait
inlassablement. A tel point que le port de Damme devint
pratiquement inaccessible aux navires de haute mer. L’Ecluse
(Sluis) qui prit alors la relève des installations
portuaires et se substitua à Damme comme avant-port de
Bruges.
A voir de nos jours cette ville charmante, il est difficile
d’imaginer qu’elle fut jadis un port florissant. La ville
avait prit une telle ampleur que non seulement il fallut y
bâtir deux églises, mais encore deux prisons. Dans une de
celle-ci, le « Steen van den watere », on enfermait
les prisonniers du Bailli de la mer. Vers la fin du 15e
siècle, l’Ecluse dut à son tour capituler devant la lente
asphyxie due à l’ensablement, et dès lors la fin tragique de
Bruges et des autres cités sur le Zwin devenait inéluctable.
Il y eut bien encore quelques initiatives pour sortir Bruges
de cette impasse mais toutes échouèrent lamentablement. Avec
la mort de Bruges, cette décadence mit un terme à une des
périodes les plus prestigieuses du Moyen Age : celle de la
Hanse.
Quant à Damme, grâce à ses fortifications, elle se recycla
en ville de garnison jusque dans la seconde moitié du 18e
siècle. Cependant, si Charles Decoster n’avait pas eu la
bonne idée d’associer la ville aux exploits de Tijl
Uilenspiegel, symbole de la liberté et de l’âme flamande,
il se peut qu’à l’heure actuelle la ville eût sombrée dans
une complète léthargie.
Le Saviez-Vous ?
La naissance de la Bourse
Bruges a joué un rôle prépondérant dans l’histoire mondial
du commerce. Aussi n'est-il pas étonnant que la Bourse ait
trouvé son origine dans cette ville !
En son temps, il y avait une auberge dite « ter Beurze »,
tenue par la famille van der Beurze.
« Ter Beurze » devint le local des marchands vénitiens
établis à Bruges, et comme les Génois et les Florentins
vivaient dans le même quartier, tous ces négociants italiens
prirent l’habitude de parler affaires devant leurs maisons
respectives. Ces réunions fortuites évoluèrent
progressivement en assemblées régulières de marchands et
d'hommes d'affaires, qui vendaient et achetaient, ou
échangeaient des informations, tout comme cela se pratique
en nos bourses actuelles. Aussi Bruges devint-elle
rapidement le principale partenaire commercial des marchands
hanséatiques et italiens !

Canal à Damme
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