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Enfin ! Nous y voilà. J’ai tourné casaque.
Mes appétits de cyclo-randonneur itinérant se sont
recyclés. En ce printemps 2005, la montagne n’est plus tout
à fait au cœur de mes préoccupations. Cette fois, c’est le
centre de la France qui scotche ma curiosité. En effet, pas
moins de sept communes revendiquent cet honorable privilège.
Le mensuel « Cyclotourisme » d’avril 1997 y consacrait un
article et concluait : « comme vous le constatez, le choix
est vaste. Alors à vous de voir… » C’est ce que je me suis
empressé de faire. Dans mon itinéraire cependant, ne sont
pas reprises les communes de Chazemais ni de Nassigny qui
tiennent compte de la Corse dans les calculs. En effet, il
n’est pas exclu que l’Ile de Beauté recouvre un jour son
indépendance. Exit, donc !
Un préalable auparavant. Il est important de
distinguer la randonnée en plaine de celle en montagne. La
débauche d’efforts et le goût de la réussite n’étant pas
identiques, la satisfaction et les sensations ne sont pas
pareilles. Ce qui ne veut pas dire que la plaine soit
dénuée de charme et d’intérêt. Un patrimoine culturel plus
dense, des étapes plus longues et moins harassantes et une
récupération physique plus aisée sont quelques atouts non
négligeables qui exhortent le randonneur à changer de cap.
Notons par ailleurs que le relief des départements du Jura,
de la Saône & Loire, de l’Allier, de la Nièvre et du Cher ne
ressemblent en rien à la platitude des Landes. Au
contraire, c’est un terrain de rêve pour y tracer de
merveilleux brevets à dénivelé.
Alors…
Qu’en restera-t-il de ce voyage au centre de la France ?

Auberge du Moulin de la Chapelle
Dimanche 29 mai 2005
Etape : Dole (Jura) – Saint-Germain du Bois –
Messey s/Grosne - 120km - Dénivelé ?
Carnet de route
Un soleil de plomb invite la France entière
au farniente. La circulation routière est quasi nulle.
Déjeuner sur l’herbe. Terrain vallonné sans difficulté.
Mon altimètre se met à déconner et me privera du calcul du
dénivelé de mon voyage itinérant. Une première en 30 ans.
Ce jour-là, une moitié de la France s’est mobilisée pour
exprimer son ras le bol au gouvernement en lui disant
« NON » au projet de la constitution européenne. Une autre
moitié anticipe le dépouillement du scrutin sous une
tonnelle devant un digestif. Le politique n’est pas à la
fête.
Comme toujours, mon arrivée à l’auberge est prématurée où je
surprends les convives d’un banquet en plein becquetage.
C’est la fête, celle des mamans. Deux événements le même
jour : « En France, on ne fait jamais les choses à moitié. »
Guide Futé
Un mot à propos de l’Auberge du Moulin de la
Chapelle. Située à proximité des Monts du Mâconnais,
l’auberge est un point de chute idéal pour un chasseur de
cols. Le bâtiment et les dépendances sont isolés en rase
campagne le long d’une rivière. La réputation de
l’établissement, surnommé « Chez les Canadiens », n’est
plus à faire. Elle déborde largement les frontières du
canton. Mélodie et Frédéric, respectivement hôtesse et chef
coq de cet havre de paix, conjuguent amabilité et
convivialité à des prix honnêtes. Conquis par leur accueil,
j’y retournerai 5 jours plus tard.
Les curieux trouveront leur bonheur en surfant sur
www.aubergedumoulindelachapelle.fr
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La Basilique Notre-Dame de Paray-le-Monial |
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Lundi 30mai 2005
Etape : Messey s/Grosne –
Saint-Bonnet-de-Joux – Pierrefitte s/Loire - 128km -
Dénivelé ?
Journal
Ciel bas, plombé. La pluie bat les bosses
des forêts mâconnaises jusqu’en début d’après-midi. Elle
sera à l’origine d’une erreur de parcours. Relief très
accidenté jusqu’à Paray le Monial. Musée du vélo à
Cormatin : comme il est fermé, je remets la visite aux
calendes ! Un véritable petit col se profile à la sortie de
St André-le-Désert avant la halte à St Bonnet-de-Joux. Un
rapide coup d’œil au paquetage sauve mes papiers du dégât
des eaux. Comme ce n’est pas mon meilleur jour, une
déviation m’expédie sur une voie expresse. Les poids lourds
me font endurer un cauchemar jusqu’à Charolles.
Enfin, Paray le Monial marque le début d’une
fin d’étape de rêve sur les berges du Canal du Centre.
Séance de tourisme de Paray à Digoin après la descente des
montagnes russes du Charolais. Hébergement à
l’Hôtel du Port
(Tél.0033(0)470.470.068) qui est probablement le
Logis de France le plus avantageux de l’Allier du point de
vue rapport/qualité.
Anecdote
Repas du soir. Les touristes, des Français
moyens, commentent le résultat du référendum. Je suis
interpellé et ils m’enrôlent dans leur conversation.
Discussion à trois voix. Les dames pipent. Très vite, je
constate qu’ils méconnaissent la Belgique. Ils ignorent
tout de sa politique, de son système électoral, de ses
communautés. Normal ! La conversation dévie alors sur les
problèmes d’émigration, de chômage et de délocalisation des
entreprises. J’évoque la fermeture de l’usine Renault de
Vilvoorde en février 1997. Pour un des vacanciers, cette
catastrophe économique ne lui rappelle rien du tout. Quant
à l’autre intervenant, une vague réminiscence lui fait à
peine branler le chef en guise d’acquiescement. La Belgique
a-t-elle droit de cité au cœur de l’Europe ?
Or, Renault avait annoncé la fermeture de Renault Vilvoorde
pour rationaliser sa production en Europe. Hélas, les
Belges et les Français avaient des repères bien différents
en matière de rapports sociaux et de rôle du politique.
Bref, l’affaire s’est soldée par une perte de 3100 emplois
directs alors que Renault venait d’investir 8 millions dans
cette usine. Pendant ce temps là, Renault créait une
nouvelle usine à Moscou. Et depuis, le géant français
poursuit tranquillement sa progression commerciale.
Bravo ! Vive la solidarité européenne !
Stop ! Je préfère en terminer sur une note optimiste en
saluant la bonhomie et la prévenance du patron de l’hôtel.
Mardi 31 mai 2005
Etape : Pierrefitte s/Loire – Moulins –
Vesdun - 135km - Dénivelé ?
Carnet de route
Le temps est beau mais nuageux. Une matinée
tranquille dans le val de la Besbre. Durant de longs
kilomètres, mon regard embrasse un paysage reposant,
cloisonné de haies ponctué de chênes et de frênes. Le
bocage bourbonnais éveille en moi une pensée pour René
Fallet. Pas seulement pour l’auteur de « La soupe au
choux » mais surtout pour Henri Plantin, son héros de
« Paris au mois d’août ». Il est certain que ce grand cyclo
devant l’Eternel se défoule maintenant à fond la caisse au
royaume des bienheureux en compagnie de ses héros. Ici,
dans la Besbre, le relief vallonne gentiment.
Moulins. Flânerie au cœur du centre historique entre les
vieilles maisons, le château des Ducs de Bourbon et le
Pavillon d’Anne de France. Traversée de l’Allier qui se
targue d’être l’unique rivière sauvage d’Europe.
Toutefois c’est à Souvigny que je déjeune à l’ombre de la
puissante abbaye clunisienne qui est la nécropole des ducs
de Bourbon. Des américains mitraillent toutes les vieilles
pierres. Moi y compris. Halte dans la cité médiévale de
Hérisson qui se mire dans les eaux de la rivière. Le
château est assis sur un éperon rocheux mais ce ne sont que
des pans de muraille qui restent debout. La ruine n’a pas
l’heur de capter mon intérêt. Comme la vallée de l’Aumance
baigne dans un climat de quiétude, je préfère lambiner le
long de la rivière.
Traversée du Cher à Vallon en Sully.
Me voilà dans le Berry. Le pays de George Sand dont elle
clamait haut et fort : « J’aime mieux une ortie dans mon
Berry qu’un beau chêne dans un autre pays. » Cette fois, je
touche au but. Je suis au centre du centre de la France.
Je m’attarde donc à Epineuil-le Fleuriel qui rappelle à mon
bon souvenir qu’il est le « Sainte-Agathe » des aventures du
Grand Meaulnes. Alain Fournier n’hésita pas à le
considérer comme le centre virtuel de la France. Un des
vrais centres géographiques niche à une longueur de là. A
Vesdun précisément, dont pas moins quatre hameaux
différents en revendiquent le privilège. Je fais l’impasse sur
le monument qui en symbolise le centre et reporte la visite
au lendemain matin.
Une inspection sommaire du vélo m’apprend que la visserie
des porte-sacoches se déglingue. Comme de bien entendu, ma
trousse de réparation comprend la gamme complète des clés à
six pans sauf une. La bonne. Une visite expresse auprès du
mécano du village et la randonneuse est à nouveau « bon pour
le service».
Fait Divers
L’hébergement se fait au gîte du Centre
France. Un gîte d’étape communal classé 3 épis.
Réservation par téléphone pour 1 nuitée avec petit
déjeuner. Le responsable m’isole dans le manoir, une
magnifique demeure bourgeoise qui fait aussi office de toit
pour un randonneur. Mais qui inspire la sinistrose quand
on a que des corbeaux à qui parler. Le gîte d’étape
affichait-il complet ? Je n’en suis pas convaincu. Trêve
de supputation ! Il est probable que les intentions du
responsable n’étaient que louables. Les clés me sont
remises par l’aubergiste du bourg. La maison, qui se trouve
au cœur du village, est imbriquée dans un vaste complexe de
bâtiments municipaux. J’exécute un rapide tour du proprio
avant de m’installer et de procéder à l’inventaire de mes
sacs. Miracle ! A ma grande surprise, je découvre
pêle-mêle des restes de boustifaille du midi et même de la
veille. Petits pains, croissant, demi-camembert, beurre,
miel, confiture font leur apparition. En un mot, je me
retrouve comme Jésus dans le désert quand il a nourri 5000
hommes avec 5 pains et 2 poissons. Il en reste plus qu’il
n’en faut pour casser la graine au saut du lit. Du coup, je
branche le frigidaire dans la cuisine et y fourre les
reliefs. De retour à l’auberge pour le repas du soir, je
décommande le petit déjeuner du lendemain matin.
Une première surprise ! Le prix de la nuitée grimpe de 18.5
Euro à 20.5. La veille, pour 9 Euro supplémentaires, je
prenais possession d’une chambre single au Logis de France.
Quelques jours plus tard, la responsable du gîte communal de
Fessevillers dans le Haut-Doubs me réclamera le même prix
pour 3 nuitées. Confort et commodités identiques à ceux
de Vesdun, excepté la télé. A défaut de ne pas être
l’unique centre géographique de la France, les âmes de
Vesdun n’en perdent pas pour autant le nord, ni le sens du
business !
Après le repas, petite promenade locale pour accélérer la
digestion. Je contemple la mairie qui est l’ancien château
Boucherat et pousse la balade jusqu’à la lisière de la forêt
des Poètes. La nuit tombe. Je ne musarde pas trop et
aussitôt au gîte, je boucle mes sacoches en vue d’un départ
à la fraîche. Bingo ! Pendant mon absence, quelqu’un a
verrouillé la porte qui donne accès à la cuisine. Bye bye
mon petit déjeuner. Jésus dans le désert n’est plus qu’un
mirage ! Quoi qu’il en soit, je suis vite retombé sur mes
pieds malgré ce vilain pied de nez. Le lendemain matin, j’en
fus quitte de dévaliser la première boulangerie venue.
Aussi, pas question d’inscrire Vesdun parmi les bonnes
adresses de mon carnet futé.
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Eglise Ste Agathe à Epineuil-le-Fleuriel |
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Mercredi 01
juin 2005
Etape : Vesdun – Bruère-Allichamps – Gannay
s/Loire - 165km - Dénivelé ?
Carnet de route
Départ sur
les chapeaux de roue. Comme je rumine encore la baffe de la
veille, la fierté des Vesdunois, en l’occurrence leur
monument en forme de camembert, passe à la trappe.
Le soleil est encore au rendez-vous. Etape faiblement
vallonnée sauf sur la fin de parcours. Le cadavre d’un
blaireau ouvre les festivités de la photo. Ce jour-là, ce
sera le premier cliché d’une longue série. Dès le lever du
jour, le numérique est branché en mode rafale. Prêt à
mitrailler la vallée du Cher et celle de Germigny qui sont
au cœur de mes occupations. Emplettes à Bruère et petit
déjeuner sur les bords du Cher.
Midi. Déjeuner à l’ombre d’un boqueteau près d’un ruisseau
à la sortie de Valigny. Une colonie de libellules me
gratifie d’un ballet dans lequel les demoiselles bleues
s’amusent à éclater les arcs-en- ciel du filet d’eau. Une
féerie de couleurs surnaturelle.
Perte du numérique sur les hauteurs de Lucenay-lès-Aix lors
d’un arrêt pipi. Retour sur lieux à fond la caisse et
récupération de mon indispensable œil de lynx. Mon
adrénaline se répandit dans le rouge.
Logement en chambre d’hôte chez Peter & Trudi Delange dans
la vallée de la Loire. Une bonne adresse qui ravira mes
confrères néerlandais puisque le couple est originaire
d’Amsterdam. Le domaine du bourg (
www.domainedubourg.com) s’étend à Gannay entre la Loire
et le canal latéral aux confins de trois départements :
l’Allier, la Nièvre et la Saône & Loire.
Chronique culturelle
Le roman
photo démarre dès les premiers coups de pédale.
Sauzais-le-Potier est la première localité rencontrée, et
bien que la grande majorité des Saulziens se reposent encore
sur l’épaule de leur tendre Saulzienne, je n’en décide pas
moins de rechercher la borne qui matérialise le centre de la
France. La seconde après celle de Vesdun. Le grès rose
donne un cachet particulier à l’habitat de cette ancienne
cité de potiers. La borne, qui se trouve à la sortie du
village, un rien à l’écart de la route en direction de St
Amand-Montrond, est découverte en un tournemain. On peut y
lire l’inscription suivante : « Ce serait ici que les
calculs de l’éminent et astronome l’abbé Théophile Moreux
auraient déterminé le centre géographique de la France. »
Quelques bornes plus loin, je fais l’impasse sur la Tour
Malakoff de St Amand-Montrond car sa qualité de centre est
contestée. D’autant que la circulation est dense. Je
m’écarte donc de ce pôle d’activité pour rejoindre
Bruère-Allichamps considéré comme le troisième centre
géographique officiel de la France continentale. Intermède
contemplatif à l’abbaye cistercienne de Noirlac qui est l’un
des plus beaux ensembles monastiques qui soient en France.
Je vous fais grâce de mes commentaires en matière
d’architecture. Deux photos seront plus explicites qu’une
longue description. D’autant plus que l’entrée m’est
interdite en cette heure matinale. Quatre kilomètres plus
loin, je pénètre plus que jamais dans le vif de mon sujet.
Je découvre Bruère-Allichamps qui se targue d’être le vrai
centre géographique de la France. En fait, le bled ne se
différencie en rien des autres localités environnantes.
Sauf une particularité. Une borne militaire sous forme
d’une colonne chapeautée d’un fanion tricolore, protégée par
des bornes de pierre, se dresse au centre du village que
traverse la nationale. Le voilà donc, le fameux centre
géométrique de la France. Il a été déterminé par le
géographe Adolphe-Laurent Joanne entre 1860 et 1870 en
fonction des frontières actuelles de la France. Sa méthode
de calculs est simple. Il suppose un quadrilatère construit
avec 4 points dans lequel tient la France, le Centre étant
l’intersection des 2 médianes. L’une de ces médianes se
confond avec le méridien passant par 0° 5’15 ’’ de longitude
est, et l’autre avec le parallèle situé à 46°45’47’’ de
latitude.
Quelques bornes plus loin. Les grilles du château de
Meillant ne sont pas encore ouvertes. Je fais l’impasse sur
la visite de ce château de la renaissance et, mettant deux
dents de plus, j’enclenche le diesel sous les frondaisons du
bois de Meillant. Terminé le roman photo. Il me reste
encore une bonne centaine de kilomètres à couvrir jusqu’au
relais de Gannay s/Loire.
Centres géographiques de la France
Jeudi 02 juin 2005
Etape :
Gannay s/Loire – Luzy – Messey s/Grosne - 123km -
Dénivelé ?
Carnet de route
Temps chaud et ensoleillé. Le ruban des
monts de la Saône & Loire dont les ondes s’enfoncent vers le
Sud ne permet aucune récupération. Pour ça, il me faudra
attendre les ultimes kilomètres de la vallée de la Grosne.
Déjeuner sur l’herbe sur les hauteurs de Moragne aux
frontières de la Nièvre et de la Saône & Loire.
Me voilà en Bourgogne du sud. La petite ville
de Buxy, célèbre pour son cachet médiéval,
est la seule agglomération qui ait le droit de cité à cette
heure. Hébergement à l’Auberge du Moulin de la Chapelle avec
restitution de la clé de la chambre emportée par mégarde.
Chronique sportive
Sans m’en rendre compte, l’étape entière
était inscrite sous le signe d’un brevet à dénivelé. Tout
au long du parcours les longues côtes de la Nièvre telles
que Moragne et autre « Aire du Gros Foyard » alternent avec
les raidillons du massif du Signal d’Uchon. D’ailleurs, la
côte du Gros Foyard qui se trouve à proximité de Luzy dans
la partie méridionale du Mont Beuvray ressemble à un col
comme deux gouttes d’eau. Il est curieux que personne n’ait
eu à ce jour l’idée de le faire homologuer.
A quelques lieues de ce passage méconnu, le col des Baudots
près de Montchanin ouvre un vaste panorama qui est un charme
fait d’étendue, de grand air, de silence. Quant aux
critères incontestables et avérés qui définissent un col,
moi personnellement, je les cherche encore. Comme cette
observation risque de voir surgir une levée de boucliers, je
m’empresse de baisser les armes. Restons beau joueur ! Ah !
Vivat ! Loin de moi de cracher sur l’unique col repris sur
le parcours de la randonnée. Et pourtant ! La côte de
Sassangy, la dernière de la journée avant Buxy, n’est pas
moins triste quoiqu’elle aussi, fasse partie des illustres
inconnues.
Vendredi 03
juin 2005
Etape : Messey s/Grosne – Beaune – Dole -
120km - Dénivelé ?
Carnet de route
Temps chaud et ensoleillé. Un violent orage
déferle dans la plaine du Doubs en fin d’après-midi.
Pratiquement pas de dénivelé. Une circulation infernale
agresse les deux roues à l’entrée de Chalon sur Saône. En
grande partie, la traversée de la ville se fait sur une
piste cyclable en site propre le long des berges de la
Saône. Une fois de plus, les auspices ne me sont pas
favorables. Je me paie un pied de grue d’une heure et
demie devant l’entrée des Hospices de Beaune. Enfin Michel
apparaît. Ensuite bout de chemin en sa compagnie. Triste
déjeuner sur l’herbe à Villy-le-Moutier. Une kebab pour
finir la journée dans la rue des Arènes à Dole.
Les deux seuls faits divers qui émaillent cette étape
relèvent de la rubrique des chiens écrasés. Rien
d’intéressant sauf des doléances. En poireautant à Beaune,
je me suis offert un demi à un prix d’or. Deux Euro
nonante pour une bière sur une terrasse de la grand-place
dont il m’a fallu débarrasser le plancher moins d’un quart
d’heure plus tard parce que l’on dressait les tables pour le
déjeuner. Ensuite. Un déjeuner qui m’est passé sous le
nez puisque Michel, n’ayant pas compris ma proposition
d’aller se taper la cloche, s’était chargé de son
casse-croûte de la mi-journée. Bref ! Je me suis payé la
traversée du désert avec une banane et une orange. Moi, un
roumi qui en a rien à cirer des croyances.
Dimanche 05 juin 2005
Dole - Montmirey le Château - Dole -
55km - Dénivelé 425m
Parcours
Dole (La Bedugue) – Azans – Falletans –
Rochefort s/Nenon – Châtenois – Amange – Massif de la Serre
- Offlanges – Montmirey le Château – Montmirey la Ville –
Frasnes-les-Meulières – Peintre – Chevigny – Rainans –
Jouhe – Autume – Dole (La Bedugue)
Commentaires
Le fidèle lecteur de mes chroniques n’est pas
sans ignorer que je cultive un faible pour le nombre
sept. Il lui suffit de compulser quelques écrits pour
s’en rendre compte. Pour que le compte soit bon, il était
donc facile de prolonger la randonnée par une boucle locale
dans les coteaux de ma terre natale.
J’eus la main particulièrement heureuse en traçant ce
circuit au pied levé. Il donne un reflet assez fidèle du
paysage dolois.
Ainsi les premiers kilomètres flirtent avec la Forêt de
Chaux qui est un petit paradis pour les cyclistes.
Traversée du Doubs à Rochefort sur Nenon où l’on peut
admirer le Saut de la Pucelle. A Amange, c’est un vieux
lavoir qui retient l’attention juste avant de faire sauter
la chaîne vers la gauche.
La montée dans la forêt de la Serre est une amusette où il
convient néanmoins de posséder des jarrets quelque peu
entraînés. Au sommet, le dévot peut pousser jusqu’à la
« Grotte de l’Ermitage » qui semble un lieu privilégié pour
pique-niqueurs. Magnifique panorama sur les confins du
Jura, de la Haute Saône et de la Côte d’Or. De là, c’est un
relief en montagnes russes jusqu’au point d’arrivée.
Montmirey-la-Ville. Ici, on fait la fête dans le parc du
château. Points d’eau, cascades, statues, des dizaines
d’arbres d’essences différentes, voilà le programme.
Inutile de m’étendre davantage car déjà un cycliste très
original m’accueille à l’entrée de Frasnes-les-Meullières.
Plus moyen de s’égarer. Le clocher du sanctuaire du Mont
Roland domine toute la région. Par contre, la saignée de
l’autoroute limite les accès vers Dole.
Quant à Dole, le berceau de ma prime enfance, il faut vous
faire conter ce joyau de la Franche-Comté par un
connaisseur. Cité natale de Pasteur et ville des années
d’enfance de Marcel Aymé, cette ancienne capitale de la
Comté regorge d’édifices chargés d’histoire. Faire le tour
de Dole en une journée relève donc d’un challenge. Un
choix s’impose dès lors dans cette ville de pierre et
d’eau. Comme il n’est pas dans mes intentions de passer au
crible le patrimoine de mon berceau, je citerai pour
mémoire la basilique Notre-Dame, le marché couvert qui fait
face au porche de l’édifice religieux, l’ancien couvent des
Cordeliers reconverti en Palais de Justice lors de la
Révolution, le Collège de l’Arc et autre maison natale de
Louis Pasteur. Pour en savoir davantage, il n’y a qu’à
consulter les dépliants ou faire appel à guide
professionnel. Par contre, je conseille vivement de pousser
de temps à autre un porche ou un portail. On y fait des
découvertes insoupçonnables telles que des vastes cours
intérieures gazonnées qui donnent sur des communs, des
jardins et des potagers, des escaliers à vis ou à rampes
droites, des grilles de fer, des tourelles, etc. Si j’étais
de vous, je mettrais un point final à la balade du côté des
canaux et du Doubs. Quant à moi, je suis allé en vitesse me
rincer la dalle à Villette. C’est ma façon à moi de tirer
ma révérence.
Printemps
2005

Retrouvailles "Kosmites"
bruffaertsjo@skynet.be

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