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Où y a gégène, y a pas de plaisir !
Foi de cyclo-grimpeur, le Ballon de Servance
(1158 m) est une ascension agréable mais de là à lui
consacrer un papier, il y a de la marge.
Pente régulière (max. 7% dans l’ultime km), zone militaire
avec une tour au sommet, quelques échappées sur le massif
des Vosges ; en somme, absolument rien de particulier.
Pour y accéder, j’ai fait le détour par le versant nord du
col du Mont des Fourches (620 m) prolongé ensuite par une
route en montagnes russes jusqu’au col des Croix (678 m) qui
se trouve sur la ligne de partage des eaux entre la Mer du
Nord et la Méditerranée. Restait 500 m de dénivelée pour 10
km d’ascension via une route forestière en bon état. Bref,
pas de quoi fouetter un chat si ce n’est qu’au sommet se
camoufle un bonus de 3 cols dans la verdure dont le Luthier
(1104 m) que le guide Topo des 100 Cols catalogue de simple
formalité.
Me voilà donc rendu à hauteur de l’aire de détente qui fait
office de carrefour entre la tour du Ballon de Servance, le
GR 59 et la descente sur Plancher-Bas.
Au préalable, je pousse une pointe jusqu’à la zone militaire
et m’engage ensuite dans le GR 59 où se planque le Luthier.
Je n’ai jamais craché sur les bonus. Bien vite le sentier,
qui longe une clôture métallique, se réduit à une sente à
peine perceptible qui est envahie par les herbes folles et
les champs de myrtilles. C’est plus du vélo, c’est de la
marche à pied avec un poids mort. Au bout de quelques
centaines de mètres, le chemin franchit un petit ravin.
Tiens ! Tiens ! Au-dessus du raidillon, une porte métallique
donne accès au pâtis qui s’étend derrière la clôture.
Tristement comme toujours, j’insiste néanmoins sur le GR
jusqu’au col. Là, moi y en avoir ras le col et j’effectue
un demi-tour à droite qui me renvoie vers le pâtis que je me
suis mis en tête de traverser pour rejoindre l’aire de
détente. Tout roule à merveille ! Le pâturage est franchi
à vélo. Jusque devant la clôture qui débite du jus à basse
tension. Il ne me reste plus qu’à la sauter. La clôture
bien entendu. Mais mon clou est lourd et encombrant.
Enfin, il est pratiquement de l’autre côté des fils, …
Aïe ! J’essuie une décharge électrique. Je lâche tout et
la bécane bascule cul par dessus tête faisant un soleil
parfait. Je rampe sous la clôture. Aïe ! Nouvelle
décharge. Je heurte le garde-boue. Aïe ! Les mains dans
les poches, j’examine minutieusement la situation.
Horreur ! Un fil électrique est coincé entre une manivelle
et le rebord de la pédale. Le vélo est électrifié. Je
tente de le dégager en utilisant les parties isolées.
Boum ! Une décharge de plus. Boum ! Parce que je perds les
pédales. Aïe ! Parce que le levier du dérailleur me fait
une touchette au genou. Boum ! Aïe ! Après l’énième
tentative pour en découdre avec ce foutu fil de fer et
autant de décharges, je parviens à grand mal à dépêtrer la
bécane de cette maudite entrave. Aïe ! Une petite dernière
pour la route.
L’opération vient de durer une éternité. Aussi, ne soyez
pas étonné de ma fuite instantanée de ce haut lieu. Surtout
dans l’état où je me trouvais c’est à dire gonflé à bloc
comme une pile électrique.
Moralité
Suivez mon exemple si vous voulez vous défoncer à
l’électricité. C’est moins cher que de l’epo et aussi
efficace qu’un coup de fouet. Quant au Ballon de Servance,
il a fini par l’avoir son papier.
bruffaertsjo@skynet.be
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