Let’s go
! C’est le BIG moment du coming out ! Dis-moi
ce que tu préfères ?
Sucer ze wheel d’un "Merckx"
dans le Sussex ou siroter une Wiel’s les
doigts de pied en éventail en Solex ? Et une bonne pièce de
l’illustre Will, cela te ferait-il plaisir ?
À moins que ce soit l’album « Thriller 25 » de
WILL.i.am qui te fasse transir ?
T’es indécis ? T’en as rien à cirer ?
Aucune importance, c’est ton jour de bol. Je t’offre
le tout contre une charretée de clopinettes. Hé ! Be
cool ! Nuance ! J’n’ai pas dit "Clopine..Net !
Hell on Wheels,
Four Wheels or Two,
All what I need is Wiel’s
Que je t’annonce illico la couleur ! Mon exposé a
littéralement explosé (>40p. – format A4 – illustrations
comprises). It’s a long tale of friendship ! Un
pavé de Roubaix que tu dois négocier avec feeling et
a delicate touch of critical mind. Avec du recul et
de l’humour. Par contre, il est conçu de manière à être lu
comme des brèves de comptoir.
Prends un drink ! Mets-toi à l’aise. Cheers !
Je te propose un deal ! Pour rendre davantage la
bafouille baba cool, je mets délibérément les
rigueurs du « Bon Usage » en veilleuse. En échange,
tu passes au bleu tous mes accords grammaticaux bafoués et
les patronymes étrillés. Équitable, non ? Une formule en
or à retenir car elle permet de se dédouaner auprès des
lobbies et de l’intelligentsia.
En un mot ! Tout le monde rentre gagnant ! "Eie ma vast"
disait ma mémé flamouche.
Ce qui traduit en jargon de l’Ordre de la Jarretière
donne « Do you understand what I
mean ? »
Réponds : "I got it" et je suis l’homme le plus
heureux de d’Ordre de la Jarretelle.
(cf.
http://www.cyclojose.be/Bicycleinmotion7.html)
Sauf l’intro, nul besoin de tenir compte de l’ordre
chronologique de mes déconnades.
De fait, le périple ne sert que de cadre pour y coucher mes
errances. Mes besoins de délire. Mes envies déjantées. Mes
coups bas. Mes envolées lyriques. Hélas, qui sont trop
souvent étiques ! La chronique est fadasse comme
d’habitude. Comme tous les genres narratifs, d’ailleurs ! A
toi, cher lecteur, de scratcher ce qui te déplaît de
ma prose de bibliothèques de salles de pas perdus.
Défoule-toi, c’est une excellente thérapeutique ! Épluche
mot par mot parce qu’il y a plus d’une "Fiat (de)
Lux" qui se planque derrière un dérapage contrôlé !
J’insiste par conséquent pour une lecture à doses
rodéo-pathétiques. Ce qui est chouette dans la
formulation, c’est que tu ne tombes jamais de bien haut !
Relaxe,
Max ! Je te garantis sur facture que tu dénicheras dans mes
élucubrations une connerie qui te rendra tôt ou tard un
big service.
Favorise toutefois les œuvres originales des auteurs à
celles des traduttore traditore !
Après intro, préambule, préface, étapes, épilogue et
postface, t’es cependant pas rendu à destination. Les
Tommies ne connaissent que l’usage en port dû ! Tu
craches au bassinet jusqu’au trognon. Crazy ! Sache
pour ta gouverne que j’ai été con tant que j’ai été content
de payer comptant en £. Drache écossaise au
finish. Au change, mes livres Sterling ne
valaient plus leur pesant de penny, alors que nous
avions dépensé nos dernières heures à quelques encablures du
Sussex (exit tout jeu de mots graveleux).
Un bon conseil, Jo ! Écoule ton cash flow avant ton
retour at home. T’éviteras le clash encaissé
par le clache-kop (chauve) c’est à dire le
rapporteur de ce vade-mecum, un mémento qui s’avèrera
précieux si tu te rends sur l’île des Rosbifs.
Wheels, wheels, wheels ! Three words !
Voilà, la messe est dite en angliche in no time at
all. Après une pareille tirade, une mise au point est
indispensable, voire forcée avant de poursuivre cet hymne à
la Petite Reine. Avoue chef, un chroniqueur
fransquillon qui déborde avec autant de panache dans la
langue de « Chèque’spire »,
c’est un cas rare. D’autant plus si les trois mots résument
la quadrature si chère à cette bonne poire William(s).
"To bicycle or not to bicycle": that is the question.
Trois mots qui schématisent l’aventure, une passion, et "My
life" que chante si divinement Shirley Bassey ! Je te
jure qu’elle est sur un petit nuage la Diva quand elle te
chante ça ! Me too, my dear !
Sur le continent d’en face : deux copains, deux combats,
une religion. La même quête philosophique de longue haleine
qui donne accès à la légèreté de l’être où l’épicurisme et
le plaisir de partager deviennent raison de vivre.
Après ce "pré en bulle " (ce qui permet de planer
sans danger) aux couleurs de l’Union Jack, t’as sûrement
retapissé notre destination c'est-à-dire Great Britain on
stage. La sacro-sainte Terre des Rosbifs. Une
virée chez les bâfreurs du roast beef dominical.
By Jove !
De quel droit un écrivaillon sans public se permet-il d’être
aussi irrévérencieux envers un peuple aussi prestigieux qui
compte parmi ses ancêtres les plus grands navigateurs, dont
"Thomas Cook" (le clown de l’autre !) et des
figures légendaires comme Ivanhoé, Robin Hood
ou James Bond. Sans oublier My Fair Lady,
dis !
Tous et toutes, de valeureux descendants de la "Perfide
Albion". Tu ne me crois pas ! Dommage, quand tu prends
la peine de gratter un peu, tu te rends compte qu’ils ne
l’ont pas volé leur sobriquet.
Perfides, ils l’ont été ; perfides, ils le sont ; perfides
ils le seront jusqu’au bout du tunnel.
Bon ! Puisque tu ergotes, remontons un chouïa la machine de
H.G.Wells et
tu seras édifié ! Des Européens ? Ça, ils le sont
incontestablement, les Anglais ! Mais si peu ! Si peu et
contre goût ! Souviens-toi de Madame Tas-de-Chair,
la pin-up à la sacoche, qui briffait du belge à
toutes les interventions politiques. Celle qui se faisait
appeler La Dame de Fer, la même qui clamait sur tous
les toits "I want my money back". Schocking !
N’est-il point ?
Opposée à l’Euro, opposée aux transferts de pouvoir vers
Bruxelles, opposée à une intégration européenne, qu’est-ce
qu’elle a dû cauchemarder lors de la construction du
shuttle ? À tel point que sa cervelle a fini par en
tournebouler. La pelle magistrale sans appel !
Maintenant, cette arrogance mise à part, cette attitude
europhobe ne serait encore qu’un demi-mal. Hélas, ils font
bande à part sur toute la ligne. Toujours en embuscade, ils
se complaisent dans leur rôle de pinailleur de l’Europe.
Quelques exemples !
Vise un peu leur système de mesures.
Dès que tu mets un pied sur leur île, t’es confronté avec le
tout à gauche sur les voies publiques. À vélo, j’ai
toujours eu un faible pour cette ligne de chaîne mais en
auto, avec la conduite à gauche, c’est vraiment pas le pied
de rouler à gauche de la droite. En plus, comme il te faut
convertir les yards et les miles en mètres, ça
te fait une belle jambe et une fameuse épine dans le pied !
Yessss, Sir !
Dans le cas d’une intervention chirurgicale, toubib or
not toubib, le carabin te prend la température, te
tranquillise parce que le thermomètre se stabilise un
fifrelin en-dessous des 100° F. Tu t’rin compte ?
Ton académie, portée à la limite de l’ébullition, et malgré
tout, tu te portes comme un charme ? Plize, be cool !
Yessss, Sir !
Et encore ! En fin de consultation, le doc se fait un
plaisir de réclamer son dû. C’est le moment de sortir ton
convertisseur de devises pour éviter que ses émoluments ne
t’achèvent forever.
Qu’à cela ne tienne ! En cas d’honoraires surfaits de la
part du praticien, tu chopes ton copain et tu te précipites
dans le premier pub venu. Un nouveau challenge
s’ouvre à toi ! Tu réclames deux pintes (de bière), -
twee pintjes (25cl) comme disait mémé (se prononce
pine-tche), - et le barman te sert deux bocks de
plus d’un demi-litre. Bref ! Au lieu d’une chope, tu
dégustes deux chopines d’Abbot sans cost & low, ni
faux col ! Le jeu de mots est réservé aux mamies et aux
papys contemporains du Cannibale, notre soleil des
Toujours Jeunes !
Tiens, à propos de pine ! Si tu omets de joindre dans tes
bagages un adaptateur de prise électrique made in England,
t’as neuf chances sur dix pour que tes gadgets tels
que GSM, GPS, PC, numérique, rasoir,
etc. ne soient pas compatibles avec leur electricity
network.
C’est ce qu’on appelle en français "l’avoir dans le baba".
Irritating isn’t it ?
Yessss, Sir !
Pour faire passer la pilule, rien de tel qu’un coque tel
de fort rhum !
Hé ! Panique pas, y’a toujours un drive-in à
proximité ! Et pourtant ! Les soiffards ne sont pas à la
fête. Comme les blondes ordinaires titrent un taux d’alcool
nettement inférieur à celles du continent, ça leur donne un
goût de bibine. Quant au pinard courant, il est carrément
imbuvable ; les bonnes bouteilles sont hors prix ! Don’t
worry ! Ce n’est pas la mer à boire… quand t’es un
ascète qui ne boit que de l’eau, of course !
Charles Baudelaire
s’empressait d’ajouter qu’un quidam de cet aquavit
avait un secret à cacher (Du vin
et du haschisch). We do not. Plus
clean que nous, n’y a que l’eau de roche !
Quid le pain ? Oublie la boulangerie artisanale, je la
cherche encore ! Encore heureux que le Cheddar sain
de première bourre me consolait de la cochonnerie du
bas con !
Et toujours ! Si tu ramasses une casquette, t’as intérêt de
l’essayer avant. Ne te fie pas à la taille indiquée. Quant
à vous, miladies, cette remarque s’applique aussi à
vos soutifs. Vu les tailles affichées, les Anglaises ont
des roberts minuscules. Les "sweet Jane Birkin
(ou Beerking)" mènent le bal ! Maintenant, notez bien,
belles demoiselles, qu’en cas d’une cure de "Nice Top",
vous gagnerez deux cm. Very nice ! Yessss,
Sir ! Hallelujah !
Même leur église, ils l’ont assaisonnée à la sauce
anglaise.
Beurk ! "Gode save the Queen".
Là, je pousse Sa Très Gracieuse Babette II d’Angleterre
dans les ort(ens)ies.
Cette fois, c’est too … too… tout match ! O.K !
Stop !
J’arrête ma purée d’or dur avant que l’épine de mon pied ne
se transforme en une pique de cyranosaure en fin
d’envoi.
En dépit de cette succession exhaustive de chinoiseries
anglo-saxonnes, l’Angleterre se pose comme un pays majeur
d’art et d’histoire. Aussi est-ce un must de la
découvrir une fois dans sa vie. Ouf ! Cette pirouette me
dédouane de la philippique ! Cicéron, ce n’est Poincaré ?
Tu piges que dalle ? You welcome ! Puisque je sème
à tout vent comme le Petit Larousse, il va de soi qu’il y
ait des couacs de comprenette.
Et puis, l’indubitable Plus Point ! La Grande
Bretagne occupe une place prépondérante dans le monde du
vélo grâce à une foule d’auteurs et de poètes qui portent
aux nues les bienfaits de la Petite Reine. Des
précurseurs. Des cicérones.
Soyons fair-play, only for once. Les
Angliches n’ont rien à envier à la merveilleuse armada
d’écrivains français avec en tête de peloton Alfred Jarry,
Maurice Leblanc, Alphonse Allais, Blondin, Frédéric Dard,
Nucéra etc. Attention ! L’autobus n’est pas loin, les
Américains, les Irlandais et les Australiens ne suivent qu’à
une longueur.
Voilà la raison essentielle pour arpenter les terres de la
Perfide Albion en y faisant un périple d’anthologie.
Qui m’aime, me suive dans une resucée du Major Tompson.
D’accord, Pierre ??
Vive la France !
Dernière précision ! Tu peux switcher à tout moment
de paragraphe. Aucune crainte de perdre le fil de mes
carabistouilles. Je sais, ça c’est du bis repetita ! Que
veux-tu ? La redite est le propre du pisseur de copie !
Soit !... mais avoue qu’un récit qui se lit pêle-mêle, dans
tous les sens, sans s’en faire, de haut en bas, de bas en
haut, sans un roadbook, n’est-ce pas là l’avenir de
l’écriture ? "All’s Well That
Ends Well". Pour l’éditeur, exit les soucis de
la mise en page ; pour l’auteur, exit la hantise d’une
histoire mal ficelée ; pour le lecteur, exit les contraintes
de la chronologie. Nobody n’est lâché à la pédale !
For BIGgers only !
And last but not least,
une nouvelle donne m’est apparue ces derniers mois : BIG,
BAG, BEG ou big BUG, c’est kif-kif sans le bourricot.
Celui-là, je me le garde comme joker.
Good time !
No stress at all !
No problem@OHLL
! (only pour les forts en thème).
Un hat-trick à ne pas louper! Asss-tu pigé, m’fi ?
Non ? Never mind ! On est en fin de préambule.
Vogue la bafouille ! (en anglais : Wait and see)
There are three rules for writing a novel.
Unfortunately, no one knows what they are.
W. Somerset Maugham
L’été bat son plein. Je bats la campagne. Dominique se bat
pour redorer mon BIG matricule.
Avant de mettre une roue sur les côtes du Kent, visite
express aux Bourgeois de Calais qui doivent une
fière chandelle à un Jean de Vienne, oncle et homonyme d’un
natif de mon bled franc-comtois. Comme c’est probablement
la première et la dernière fois qu’il a droit de cité, je
suis heureux de te présenter mon illustre ancêtre. Ce marin
d’exception mena de nombreuses attaques sur les côtes
anglaises pendant la Guerre de Cent Ans ce qui lui valut le
titre d’amiral de France.
Fait curieux, nous retrouverons la célèbre statue à Londres
dans les jardins de Victoria Tower à proximité du Palais de
Westminster. À une différence près ! À Calais, la statue
compte sept personnages sur le cliché ; or, à Londres, le
compte est bon ! Réponse en fin de récit.
Seconde mise au point : après la destination, une courte
présentation de l’équipe s’impose. Elle se compose de :
-Dominique, un good looking middle-aged man,
copain-clopant
-mécol, relooké en second-hand cyclist,
scotché au sol dès que la route relève son col
-ma fidèle et vieille LEÓN, "Always " stand by,
transformée en break, et
-deux rosses en acier fatiguées et résignées,
c'est-à-dire une fine équipe de has been à qui un
lifting ou un traitement anti-aging ne ferait pas
de tort !
Aussi, interdit de péter plus haut que son cul. Le périple
s’articulant autour de villes au bord de l’eau, de collines
perdues sur la lande et de quelques vieilles pierres. De
commun accord, il est convenu que l’itinéraire quotidien
serait établi au jour le jour en fonction de la fantaisie et
du coup de cœur inopiné. Un impératif : une séance
journalière de vélo sans distance imposée.
Ultime précision concernant les monts et sommets : tous sont
inscrits au challenge du Brevet International du Grimpeur (BIG).
Calais, elephant town
À la pique du jour, nous rejoignons un port aux débarcadères
fantomatiques. Un univers surnaturel, irréel et bizarre. À
un pelé et un tondu près, nous sommes les seuls à chercher
notre chemin dans un dédale de couloirs d’embarquement. Le
calme plat ! Or, il est acquis que le territoire de la
ville est envahi pour l’heure par des milliers de migrants
regroupés dans un bidonville. Nous n’avons pas aperçu un
indice qui puisse confirmer cette assertion. Après une
boucle complète des installations portuaires, nous
franchissons des postes de contrôle où on nous apprend que
la compagnie maritime auprès de laquelle nous avons booké
a fait faillite. Les dieux nous tombent sur la tête. Ça
frise une scène de l’absurde de
Samuel Becket. Je
reviendrai sur cet auteur irlandais unique. Après tout, la
chance ne nous abandonne pas. On nous recase sur un autre
ferry aux trois quarts désert moyennant un horaire
chamboulé.
Il nous reste plus qu’à tuer le temps. Dominique m’invite à
introduire les coordonnées de l’auberge de jeunesse d’Exeter
dans le Garmin. Shit ! Le GPS a mis
les voiles ! Je déballe tout mon saint-frusquin sur le
capot de la LEÓN. Nothing ! Nix ! Nib ! Quant à
mon cher compagnon, il a bazardé tous les documents afférant
à l’hôtel Belazur de Calais. Puisque les autorités
portuaires nous ont mis en carafe, il se propose de faire un
saut jusque là mais… va-t-on lui permettre de sortir et de
rentrer à vélo dans le port ? Pour ma part, j’avais
enregistré les coordonnées dans un dossier de mon laptop
dont la batterie tient mal la distance. Pas de souci, le
PC répond présent. Coup de fil à la réception de
l’hôtel qui accepte de faire un check-up de la
chambre. Au moment où je range l’ordi dans sa housse, ne
voilà-t-il pas que le GPS refait surface en glissant
hors de l’étui.
Deux grosses frayeurs dans l’heure, ceus qui ne
croient pas au Bon Dieu des cyclos n’ont plus qu’à se
recycler dans les délais les plus courts !
Once upon a time in Great Britain !
Heart of Devon
Débarquement à Douvres sous un ciel azur. Wonderfull !
Pleins d'éclairs en perspective ?
Sitôt le plancher des vaches retrouvé, nous mettons le cap
sur la ville-étape d’Exeter.
Pianissimo ! Plus rien ne sert de courir puisque le départ
retardé de la malle chambarde le timing de la
journée.
Les falaises blanches de Douvres
À l’origine, j’avais envisagé de calquer notre itinéraire
sur celui de Hoopdriver, le personnage clé du roman
de H.G.Wells,
celui des "Roues de la
Chance". Je lui ai claqué son parcours au
baigneur ! Sa roadmap est trop emberlificotée, sauf
si nous étions restés dans le Sud de l’Angleterre. Aussi,
le jeune Hoopdriver se voit-il momentanément relégué
aux abonnés absents mais j’aurai l’occasion de me pencher
davantage sur le visionnaire H.G.Wells en fin de périple.
Notre route sillonne les terres du Roi Arthur et celles des
Chevaliers de la Table Ronde. Voilà un retour aux sources
qui fait incontestablement plaisir à notre secrétaire
perpétuel des "Monts de France". Les tables rondes, c’est
sa marotte. A l’Américain
Mark Twain aussi. Puisque bien avant
H.G.Wells, le père
de Tom Sawyer s’était déjà amusé à remonter le temps
dans "Un Yankee à la cour
du roi Arthur".
Deux écrivains majeurs qui ont boosté la fée
Bicyclette. Un Américain et un cousin "européen".
L’Américain affirmant que "Fiction has to make sense"
et l’Anglais prétendant que "Every time I see an adult on
a bicycle, I no longer despair for the futur of the human
race".
Des visionnaires sur lesquels je reviendrai puisque tous les
deux appellent un complément d’information.
Notre itinéraire néglige la localité de Crowborough. C’est
l’endroit où repose Sir
Arthur Conan Doyle sous des magnolias
forever. Excentré de notre trajectoire, nous écartons
purement et simplement ce trou perdu du Sussex. Le prénom du
père de Sherlock Holmes, le célébrissime détective,
ne laisse pas mon coéquipier insensible puisqu’il lui
rappelle la descendance directe qu’il chérit.
Quant au maître ès expertises judiciaires, bien qu’il eût
été un sportif accompli, il n’a pas fait souvent allusion au
vélo dans les aventures de Mister Chère-Loque comme
le surnomme San-Antonio. Je retiens toutefois "La
Cycliste solitaire". Un ouvrage dans lequel
le détective est amené à résoudre une énigme dans laquelle
une jeune femme se fait harceler sur la lande par un
mystérieux cycliste. Nouvelle distrayante sans plus.
Encore heureux que l’anobli (anagramme d’Albion) ait
torché une multitude de nouvelles bien plus palpitantes. Au
cas où Sir Arthur
t’intrigue, rabats-toi sur "Une
Anglaise à Bicyclette" de
Henri Decoin.
Astonishing guaranteed novel
!
"When the spirits are low, the day appears dark, when
work becomes monotonous, when hope hardly seems worth
having, just mount a bicycle and go out for a spin down the
road, without thought on anything but the ride you are
taking" confessait le brave Arthur.
Ce qui transcrit dans la langue de Molière donne "Quand
tout va à vau-l’eau (vélo), que t’es au bord de l’abîme,
enfourche ta Petite Reine sans penser à autre chose". (Interprétation
libre de Cyclojose)
La pluie tombe dru lorsque nous traversons la campagne près
de Salisbury. Un bon prétexte pour passer la visite de
Stonehenge à la trappe. En vérité, les mystères des mondes
oubliés sont des énigmes qui m’indiffèrent puisque mon QI
échappe à la courbe de Gauss. Aussi, que les nombres PI et
Phi soient ou non à la base du site, ça n’empêche pas mon QI
de s’en gausser ! De se porter à merveille ! Comme dans
les aventures d’Alice de Lewis Carroll. Tant qu’à
prendre, libre à toi de choisir la Carol qui
interprétait le rôle de Martine dans les
Carnets du Major Tompson
dans sa version cinéma.
Tu roules dans la pampa ? Ok ! Je capitule.
Flotte et bruine ne nous lâchent plus les baskets !
Hébergement au centre ville dans un palace qui abrite des
anciens de Woodstock et des jeunes gens très fatigués à
longueur de journée et qui, I suppose, espèrent
refaire le monde like Zabriskie Point sur des
accords de Pink Floyd.
Another brick in the Wall !
Why not ?
Exeter – Dartmoor
La ville épiscopale se lève sous un manteau de grisaille.
Le patriarche, trônant sur le parvis de la cathédrale, nous
tire la gueule pour avoir boycotté la visite de sa
sainte résidence. Et voilà qu’il se venge amèrement en
priant Saint-Pierre de nous arroser comme vache qui pisse.
Thank you, Mr. Hooker ! Quel pisse-vinaigre, ce père
de l’anglicanisme !
♪♪♪ Exeter Cathedral, You’re bringing me down …♪♪♪
"Words are all we have" disait
Samuel Beckett.
Le poète ne pouvait pas mieux s’exprimer. Or, du haut des
collines du Dartmoor, je restai coi parce que le Bush
Down (BIG 91) demeura bouché pendant toute la durée de
notre double ascension. La lande couverte de bruyères,
d’ajoncs et de lichens, qui frissonnait sous une vaste chape
de pluie, ne m’inspira aucune émotion. Si j’exclus le pont
en dalles de pierre de Postbridge (clapper bridge),
le Bush Down serait passé court et bien dans le peloton des
ascensions anonymes. Par contre, c’est l’occasion unique
d’évoquer Samuel Beckett qui maîtrisait aussi bien le
français que l’anglais.
Écoute voir !
"Chère bicyclette, je ne t’appellerai pas vélo, tu étais
peinte en vert, comme tant de bicyclettes de ta promotion,
je ne sais pourquoi. Je la revois volontiers. J’aurais
plaisir à la détailler. Elle avait une petite corne ou
trompe au lieu du timbre à la mode de vos jours. Actionner
cette corne était pour moi un vrai plaisir, une volupté
presque. J’irai plus loin, je dirai que si je devais
dresser le palmarès des choses qui m’ont pas trop fait chier
au cours de mon interminable existence, l’acte de corner y
occuperait une place honorable. Et quand je dus me séparer
de ma bicyclette, j’en enlevai la corne et la gardai
par-devers moi." (extrait
de Molloy)
N’est-ce pas du miel qui te coule dans les pavillons, dis ?
Toujours sobre comme un Irlandais
Clapper
bridge de Postbridge
Par contre, dès les premières pages de "Mercier
et Camier", l’auteur commente une arrivée
similaire à celle que nous avons vécue une fin d’après-midi
de juillet à Agnières-sous-Dévoluy dans les Alpes. Un jour
très particulier où, auparavant, nous avions rustiné à la
chaîne sur le pavé devant "Le Passé Simple ». Une
gargote ! Un très bon moment ! Et ce jour-là, tout comme
le Christ l’a enseigné, le premier qui se présenta au gîte
fut le dernier arrivé. C’était en l’an 1997. Pour nous,
c’est comme si c’était hier.
C’est l’invitation au voyage qui me plaît dans "Mercier
et Camier". Je retrouve toutes nos frasques dans ces
aventures : des itinéraires minutieusement préparés qui
capotent en cours de route, la rencontre avec des
personnages extravagants, des quiproquos, des malentendus
qui commencent par un coup de gueule et finissent toujours
par un grand éclat de rire.
"Soudain l'été dernier" ! Devine un peu ce qui m’arrive ? Je renoue
avec une vieille coutume disparue du paysage continental :
"Ici, quand tu croises un cycliste, il te salue". Note bien
que j’en faisais autant à mes débuts. Hélas, comme je ne
suis pas le beau Julio, moi, j’ai changé ! Quoi qu’il en
soit, c’est un indice supplémentaire pour affirmer que le
Britannique est resté un grand conservateur dans l’âme.
Bivouac frugal sur un banc au centre de Moretonhampstead
avant de repiquer sur Honiton en vue d’épingler le
Chineway Hill (BIG 94). Une course contre la montre est
engagée pour éviter le remake catacycliste de
la veille. Gouets et mauves sont les seules touches de
couleur qui tranchent sur les bas-côtés de la route écrasés
par les verts. Observe que je reste un brin bucolique pour
un citadin !
L’ascension se résume à un coup de reins, un panneau
indiquant un passage à 20%, une route sinueuse à souhait
bordée de part et d’autre de hautes haies, une
caractéristique commune à de nombreux comtés dès qu’on
s’éloigne des nationales.
Retour pénible à Exeter via Exmouth dû à une signalisation
laborieuse, confuse, voire enchevêtrée. Un GPS up-to-date
pour te guider n’est pas un luxe. Sans ça, tu tournes sur
orbite jusqu’à la fin des temps !
Ma dernière pensée va à l’église de la commune d’Ottery St
Mary qui n’est pas sans rappeler la cathédrale d’Exeter. En
modèle réduit, of course !
Quant à mon coéquipier, ce sont les anciens quais d’Exeter
et l’animation qui gravite autour des ateliers et des
boutiques qui scotchent sa curiosité.
Fluctuat nec mergitur !
The Exe Estuary Trail
L’estuaire de l’Exe et le Devon déclinent toute la vallée au
gris. Mais pluie du devonien n’arrête pas le pèlerin.
Grâce à un contact sympa de la veille, l’auto est remisée
dans un clos privé de la "Chandlers Walk". Cette
tranquillité nous permet d’échapper à des éventuels
penalties des autorités locales.
Au moment de la prise de vue,
je t’assure que j’étais sobre comme un chameau
Que retenir de cette étape ? More or less, tout
dépend du degré de contemplativité du cycliste. Si
l’âme poétique d’un John
Helston te tarabiscote, la complainte prendra
la forme d’une stance de "The
Rhymes of a Cyclist" :
« Au-dessus des collines du Devon l’ouest coloré est
beau.
D’où vient-elle, cette Beauté sentie au cœur de l’homme,
Qui fait de son sang l’écho de choses plus que mortelles,
Et la poussière anglaise sur les chemins du soir
Sous sa roue de vélo
Le sentier vers la côte mythique où chante l’eau-sirène. »
Le poète, comme la plupart de ses coreligionnaires, a pris
depuis longtemps l’autobus des oubliés. Je l’ai repêché
néanmoins parce que son patronyme, à une lettre près, me
rappelle tout un pan de mon enfance.
C’était au temps où « Le Lion rugissant »
produisait des péplums à la chaîne.
La Bible revisitée et corrigée par Hollywood : Quo Vadis,
Spartacus, Samson et Dalila, l’époque fabuleuse quand les
blocs de pierre et les rochers rebondissaient comme des
ballons de plage ; la pub pour la tocante Swiss time
de Moïse quand il fait le Corcovado dans les Dix
Commandements. L’incontestable star, c’est Ben-Hur, alias
Charlton Heston.
Je le vois encore devant moi quand il écrase à plate couture
tous ses adversaires, juché sur son deux roues à essieux
boulonnés, dûment carrossé Mustang. Du tout
grand art d’autant plus que les boulons n’existaient pas
dans l’Antiquité. À l’époque, Hollywood n’était pas à
un anachronisme près ! Ainsi, le metteur en scène,
William Wyler, avait-il fait ratisser le sable de l’arène avant de
tourner la séquence. Laissant à la postérité une pub
éternelle pour les pneus Goodyear ! Incredible !
Tout ça fait un peu désordre, non !
Un demi-siècle plus tard, les cinéastes ne se soucient plus
de ce genre de détail. Pire, ce sont les amazones
bodybuilders, harnachées d’une mini jupe en cuir,
cuissardes et d’un bustier en acier qui ont pris la relève
des gladiateurs. Rien ne résiste à ces pin-up en
furie ! Un ana de chroniques juteux pour les producteurs !
L’or chair de poule du XXIe siècle !
Fin de digression sinon je vais me ramasser une charrette de
bleus pas possibles.
Quant à l’eau-sirène du poète, nous l’avons vécu au propre
comme au figuré puisqu’elle s’est imposée tout au long de
notre sortie.
Mon leader, qui, le soir venu, troque volontiers sa
toque pour celle de dealer en Panzani, et moi avons
laissé un peu de notre enthousiasme dans cette étape qui
aurait dû nous donner un coup de fouet pour la suite de
l’équipée.
Minehead : the waterfront promenade
Keep smiling ! Tomorrow will be another day !
Exmoor National Park
Puisque nous sommes dans le Somerset, laissons la parole à
W.Somerset
Maugham. Le même
lover que celui chanté par Alain Souchon au début des
années 1980 :
♪♪♪ Allez, Somerset, ailleurs
Casser les autres cœurs
Des autres fiancés
Comme dans ces nouvelles pour dames
De Somerset Maugham
♪♪♪
C’est donc le moment d’en dire deux mots. À l’époque où le
vélo snobait le haut du pavé par rapport aux autres moyens
de déplacement, le jeune Maugham sillonnait tant et plus la
campagne du sud de l’Angleterre avec ou sans compagnon de
fortune. C’était au temps où les gens associaient vélo et
amour, vélo et sexe. Dans sa nouvelle "Cakes
and Ale"
ou "The Skeleton in the
Cupboard" dont le personnage principal est en
partie autobiographique, un adolescent rencontre un couple
apparemment heureux. Il se propose de leur apprendre à
rouler à bicyclette mais bien vite, il s’aperçoit que
l’épouse entretient une liaison extraconjugale …
Cette nouvelle me renvoie au petit bijou de littérature
qu’est "Voici des Ailes",
un roman écrit par Maurice
Leblanc, le père d’Arsène Lupin. Une
variante au scénario de S. Maugham à la différence près que
l’ouvrage de M. Leblanc parut 32 ans plus tôt en librairie.
"Deux couples dans le vent entreprennent un petit tour de
Normandie à vélo. Très vite, tous les quatre s’aperçoivent
qu’en fait ils sont mal assortis. Ce qui doit arriver,
arrive : les couples se défont et se refont dans le désordre
après, toutefois, quelques hésitations et cachotteries.
Style impertinent et léger. Cette satire remonte à l’époque
des premiers mouvements féministes."
Mais la roue tourne … Avant d’échouer dans notre
Waverley B & B à Minehead, nous avons parcouru le
comté de Devon de part en part. C’est l’entité de
Bridgetown qui créa le scoop du jour. Une invasion
massive de faisans bloqua la route à deux reprises.
Quelques coqs et des poules par centaines en goguette nous
forçant, nous les forçats de la route, à rouler au pas sur
d’interminables longueurs. Un festin impérial à portée de
roue que mon coéquipier a carrément ignoré de peur de
traumatiser ma tendre et chère LEÓN.
Au programme du jour, deux ascensions : le Dunkery
Beacon (BIG 92) et l’Exe Plain (BIG 93).
Entrepris depuis le pied du Grabbist Hill à Dunster, le
point culminant de la réserve naturelle de l’Exmoor n’a rien
d’un épouvantail. D’autant qu’un cairn de pierre érigé au
sommet est visible de très loin, ce qui permet au grimpeur
de doser ses efforts. Comme la colline est couverte de
bruyères, d’ajoncs, de fougères et de mousses, elle
ressemble à un énorme pompon pourpre parsemé de taches
jaunes. Biou-ti-foul !
Un bémol ! L’ultime kilomètre est un chemin caillasseux
infâme, impropre aux pneus de haute couture griffés Capo
Bananne !
Mais… il y a pire encore. Si le grimpeur s’en tient
strictement au tracé SUD de la carte topo du BIG, même s’il
tient la forme éblouissante d’un Julien Absalon, il y
a nonante-neuf chances sur cent qu’il lui faille rendre les
honneurs du pied. Pire, il sera contraint à de la marche à
pied.
J’élimine les projections graphiques et je m’en tiens
exclusivement à la réalité du terrain. Au départ du Dunkery
Gate, juste après le ruisseau et l’aire de parking,
un panneau sur la gauche t’invite à quitter le bitume pour
un sentier de caillasse. En optant pour ce chemin, tu
entres dans la légende du Dunkery. Lors de l’ascension,
Dominique et moi-même avons ignoré cette invitation et
sommes restés sagement sur la route jusqu’au sommet de la
crête, là où les tracés Nord et Sud se rejoignent pour
l’ultime assaut du cairn. Par contre, pour le retour, le
VTT m’a permis de dévaler la pente à fond la caisse.
Sorry ! Je bluffe ! C’est au pas que je suis
descendu en mettant plusieurs fois pied à terre. En
effet ! La pente étant très sèche, les responsables de ce
chemin de randonnée ont renforcé le sentier par des
escaliers de pierre qui dépassent les 20 cm de hauteur. Ces
casse-vitesse, qu’on retrouve tous les 50 mètres, réduisent
les risques d’érosion mais constituent un handicap
qui défie les virtuoses de la Petite Reine.
En un mot ! In-BIG-recevable ! Du moins par ce
sentier pour accéder au sommet !
La question à cent balles ! Les statistiques indiquent que
ce versant compte de nombreux lauréats. Comment se fait-il
dès lors que le pouvoir organisateur ait maintenu ce tracé
infernal ? Pourquoi les grimpeurs ont-ils négligé de
transmettre une information capitale ? Serait-ce croyable
que certains aspirants lauréats stoppent leur effort là, où
le bitume disparaît ?
Comme je suis bon prince, je laisse au lecteur de conclure
puisqu’en vertu de la nouvelle règlementation, je
m’auto-contrains au silence. Tu dois savoir, cher ami, que
je ne me suis jamais fait rétribuer pour des écrits destinés
à des fins non commerciales. Dès lors n’espère pas que
j’aille cracher au bassinet maintenant pour être publié. Le
silence est une sage résolution d’ailleurs qui m’empêchera
de débiter des conneries, dorénavant.
Dunkery Beacon
Quant à l’Exe Plain, il n’a pas volé son appellation. C’est
le haut plateau qui donne naissance au fleuve qui nous
accompagne depuis Exeter. Pourquoi ce cours d’eau a-t-il
basculé vers la Manche alors qu’il se trouve à un pipi de la
Mer Celtique ? Pourquoi cherche-t-il midi à quatorze heures
quand il n’a qu’à tourner le dos pour pissoter ?
Typically british, isn’t it ?
Port de Lynmouth
L’ascension au départ de Simonsbath n’est qu’une
formalité ! Encore faut-il arriver jusque-là car les routes
B3224 et B3223 moutonnent vachement pour parvenir à ce
village de l’Exmoor. Sur les hauteurs de Brenton Common se
tenait une sorte de meeting. En fait, ce haut lieu,
un magnifique balcon qui donne sur la lande, est très prisé
par les chasseurs d’images et les amis de la nature qui y
viennent observer les migrations des poneys et des oiseaux
de proie entre autres. Et pour une fois, des autos par
dizaines en bordure de la route. Aucune règlementation, ni
interdiction ! Result ! Le stéréotype même du parking
sauvage.
Au bas de la côte, la fanfare pastorale du port de Lynmouth
accueillait les badauds sur un pot-pourri à trois longueurs
d’un mur à 25% (franchi en auto) qui mène à la petite ville
de Minehead. Une station balnéaire reposant sous une
atmosphère de nostalgie !
Paddle Steamer Waverley
Quiétude vespérale. Souper sandouiches sur un banc
public de la longue promenade (des Franglais) face au
Canal de Bristol. Il va de soi que le modeste
ravitaillement était rehaussé d’une Côte de Blaye qui avait
tout pour nous plaire. Bad luck ! Une ombre au
tableau ! Nous ne verrons pas le « Paddle Steamer
Waverley » en action. C’est le dernier bateau à vapeur
à aubes au monde, restauré et transformé en navire de
plaisance pendant l’été. Avait-il déjà fait escale ou non,
nous ne le saurons jamais !
Sympathique attention de nos hôtes : Dominique récupère sa
lessive séchée et pliée sur le pas de notre chambre.
Thank you Waverley B&B
!
Sous un Somerset pisseux !
L’objectif de la journée est un site exceptionnel situé dans
les Mendip Hills : les Gorges de Cheddar (BIG 95).
Idéalement placé à mi-chemin de notre ville étape, ce BIG
aurait dû nous booster le moral. Hélas, la météo en
décida tout autrement. Du même coup le secret du Zodiaque
de Glastonbury fut passé au bleu.
Notre arrivée à Cheddar fut accueillie par un déchaînement
des eaux célestes. Un torrent dévalait à fond de balle le
bitume de la route pentue. Les parkings payants face
à l’entrée des grottes étaient pratiquement déserts et
réduisaient l’escouade de surveillants au chômage
technique.
Mais … Resquille INTERDITE !
♪♪♪ Raindrops keep falling on my head
But that doesn’t mean my eyes will soon be turnin’ red …♪♪♪
À vrai dire, la ballade de Butch Cassidy et du Kid se
situait à vingt mille lieues de nos six sous ! Zut ! C’est
soucis qu’il faut lire ! Hé ! Ne vas pas croire ! Je ne
suis pas si soûl. En fait, ça, c’est le rendu de la monnaie
de ta pièce quand tu passes ton temps à empiler des
piécettes destinées à alimenter les murs de lamentation.
Les flic flac floc sur toit de la LEÓN virent aussitôt en
plif plaf plouf ! « Le Beau Danube blue(s) »
apothéose en "N’y a guère Râ osant baise sous une chute
de reins". Soit ! Le calembour est faible. À sa
décharge, il exprime exactement l’intensité du déferlement
des eaux. Moins d’eau que ça, tu t’offres une cataracte
sous un arc-en-ciel !
Une fois le véhicule garé à mi-côte, retour à la case départ
c'est-à-dire à l’entrée des grottes. Quoi qu’il en soit,
les deux équipages sont trempés d’emblée jusqu’aux os avant
le premier coup de pédale.
Okay !
J’exagère un brimborion. Mais … aïe, aïe il reste près de
dix kilomètres à gravir sous le déluge. Fou …Fou… Fou…
Débile ! Il n’y a pas d’autre terme pour qualifier ce coup
de folie. De l’eau, de l’eau partout… et pas une goutte à
biberonner ! Un comble ! Des gorges, surtout ne m’en parle
pas ! Quant au sightseeing, késako ?
Gorges de Cheddar
♪♪♪ … Tous les soucis s’évanouissent
Qu’on est bien avec les pieds dans l’eau! ♪♪♪
Strip-tease
intégral sous le poncho avant de réintégrer la LEÓN et nous
fuyons cette Apocalypse Rain. Les éléments en furie
disturbent la sagacité de Dominique qui loupe l’accès
de l’autoroute. Aussi est-ce par un itinéraire de bison
futé BIS que nous empruntons le pont sur la Severn
qui nous fait passer du Gloucestershire au Pays de Galles.
Mon chauffeur a pointé Cardiff comme un de ses trois
objectifs majeurs du périple. Le soleil refait son
apparition.
Halte dans la capitale galloise de
Ken Follett, auteur
de best-sellers, qui n’hésite pas à faire de larges
allusions au vélo comme dans " Le
vol du Frelon".
Pourtant, je lui préfère l’Écossais
Archibald J. Cronin
– dont la prose n’est en rien comparable au précédent – qui
m’a tenu en haleine dans moult romans comme "Beyond
This Place" (L’Épée de Justice)
dans lequel des Sturmey-Archer peintes en vert jouent un
rôle crucial dans les recherches d’un père disparu. Voilà
un auteur à lire si tu as l’âme quelque peu gaélique !
Une autre courte métaphore extraite des "The
Green Years" (Les Années Vertes) situe la
verve de ce monument de l’écriture :
« Je me rendis compte qu’il venait de rentrer d’une de
ses furieuses randonnées à bicyclette. Chaque fois qu’il
éprouvait le besoin de se dépenser, il enfourchait sa
machine et partait droit devant lui, gravissant les montées,
dévalant les pentes, courbé sur son guidon, pédalant comme
un forcené, ruisselant de sueur, soulevant derrière lui des
nuages de poussière. De retour chez lui, il se remettait
d’aplomb en mangeant et buvant comme quatre et en écoutant
les symphonies de Beethoven … »
Qu’ai-je à épiloguer sur la ronde dominicale de Cardiff ?
Très peu car je ne suis pas un fan du vélo en ville.
Et ça, ce n’est pas un secret pour Dominique. Il n’aura
qu’à consulter son interminable galerie de photos le jour où
il voudra se rafraîchir la mémoire. D’autant plus qu’il a
fait le plein d’images. But no selfies.
Par contre, l’auberge de jeunesse de NOMAD Backpakers
laissera à jamais le souvenir d’un bivouac minable où nous
avons dormi dans des draps souillés, respiré des toilettes
crasseuses, boycotté des douches perdues dans un
labyrinthe d’escaliers et de couloirs étroits cloisonnés par
une kyrielle de portes coupe-feu. De véritables
guillotines !
Quant à la clientèle, faisons l’impasse, c’est la formule la
plus charitable !
No comment !
Port de Cardiff
Captain Robert Falcon Scott Memorial
"Antartic 100"
Les collines du Brecon Breacons
♪♪♪ Monday, Monday, so good to me
Monday, Monday, it was all I hoped it would be …♪♪♪
La semaine commence bien ! Mon driver me gratifie
d’un petit tour extra du centre-ville avant de mettre le bon
cap sur Hay-on-Wye, The Town of Books (jumelé avec
Redu), et le parc naturel où se niche le Gospel Pass
(BIG 100), le col le plus élevé du Pays de Galles. En cette
fin d’été, comme la circulation est fluide sur les
nationales, nous voilà rendus de bonne heure à pied
d’œuvre. Le méga parking du centre-village est
pratiquement vide. Cette observation me donne l’occasion
d’ouvrir une parenthèse à propos d’un pénible sujet. Un
problème que les continentaux doivent prendre en
considération s’ils comptent se déplacer en auto sur le
territoire du Royaume-Uni. Garer sans frais son auto pour
une journée est une gageure. Les autorités ont
réquisitionné pratiquement tous les emplacements, les aires
et les places de parking. En ville, dans les
villages, en rase campagne, sur les aires d’autoroute. La
règlementation dans les quartiers résidentiels varie d’une
rue à l’autre. Certains parkings exigent que le
numéro d’immatriculation du véhicule soit enregistré sur le
ticket. Bref, un casse-tête chinois qui coûte un
pont d’or en prime. Le dimanche, à Cardiff, il nous a fallu
débourser six livres pour deux heures et demie pour échapper
aux contractuels qui chassaient les contrevenants. Quand
les flics sont absents, les riverains prennent le relais.
À Abergwesyn, un bled perdu au pied du Devil’s Staircase,
Dominique avait remisé la LEÓN en retrait d’une porte de
clôture permettant l’accès à trois tracteurs alignés de
front. Alors que nous déjeunions sur le pouce, nous fûmes
priés de dégager les lieux par une vieille Anglaise afin de
laisser le passage à une hypothétique bétaillère.
À Lynmouth, j’eus l’imprudence de prendre un ticket avant
que Dominique ait garé l’auto. Refaits sur toute la ligne
qu’ils ont été, les Belgicains ! La direction omettait
d’afficher "Parking complet " In ze pocket !
Quand je te dis que tu craches au bassinet jusqu’au trognon,
me croiras-tu maintenant ?
Encore heureux que le coup de bol existe mais il est
rarissime.
Il est temps que j’en vienne à notre objectif de la matinée
c'est-à-dire le Gospel Pass. N’y allons pas par quatre
chemins. Il n’y en a que deux d’ailleurs ! C’est un col
magnifique. Situé dans les Powys, le comté est considéré
comme le paradis des Galles. La grimpette se fait dans un
univers de vert décliné à toutes les nuances. Les cultures
sont pauvres. En revanche, chevaux et moutons
t’accompagnent en permanence dans le dernier tiers de
l’ascension. Il est plausible que ce BIG recueille
absolument tous les suffrages des grimpeurs. Une photo
suffit pour convaincre le premier profane venu !
Gospel Pass : BIG friends on the move
Au fait, pourquoi m’échiner à tartiner alors que le barde
gallois Töpher Mills,
qui tire à boulets rouges sur la circulation automobile dans
"The Bicycle is an Easy
Pancake", met en évidence les bonnes
sensations de la pratique du vélo.
« Qu’est-ce qu’il fout cet abruti de cycliste ?
Je vais lui apprendre à se mettre là où il n’a rien à
faire »
« Je suis de mon côté de la ligne blanche, CONNARD !
Par bonheur il me rate, je quitte la rue principale
Mes pneus déroulent sur du macadam tout neuf
Une telle douceur exquise, je sens à peine le vélo sous
moi.
Une route monte, une côte difficile et raide…
Je me mets en danseuse appuyant de tout mon poids
Pédalant, m’arrachant
M’arrachant, pédalant jusqu’au sommet…
Mais je m’accroche jusqu’au moment où surgit le soleil au
sommet »
(Extrait traduit par Edw. Nye)
Qu’en penses-tu ? Est-ce que ça ne vaut pas du Zola à la
sauce Worcester ?
Quant au deuxième volet de l’étape, c’est une véritable
vacherie qu’il a fallu gravir. L’épouvantail dans toute son
acceptation ! L’Abergwesyn Road est cataloguée comme une
route des plus dangereuses de Grande-Bretagne. Elle exige
un taux d’adrénaline élevé et je la déconseille vivement à
tous ceux qui courent en permanence après leur deuxième
souffle. Le Devil’s Staircase (BIG 99) concentre en
quelques hectomètres toutes les difficultés imaginables,
propres à faire exploser la chaudière la plus performante :
courbure d’épingles à cheveux vertigineuse, lacets tortueux,
murs garantis à 25 %, aucune récupération, exposition à tous
les vents. L’Escalier du Diable n’est pas une côte,
c’est un défi à la loi de Newton. Un juge de paix que les
papys doivent exclure de leur ambition sauf s’ils tiennent
absolument à se faire péter les varices ! Ce n’est qu’après
coup que j’ai compris le traczir qui s’était emparé de
Dominique pour traverser les Monts Cambriens avec la LEÓN.
Or, la fidèle charrette ne m’a jamais fait faux bond. Jamais
à ce jour.
Mais …
Que serait-il passé si un camion était venu en sens
inverse ? Comment trouver la parade ?Envoyer un S.O.S.
à la protection civile ? Réclamer d’urgence une "Alouette"
de dépannage au Prési-Dan ? Ou un Sea Knight
"black" ou un Paco " Flying Banana" ?
Tout est bien qui fini bien mais je suis sûr et certain que
de très nombreux conducteurs, qui ont emprunté ce passage,
ont dû inonder des paquets de couches-culottes !
Devil’s Staircase : "Speederman" at death’s door
Fin d’après-midi. Décompression à faible allure sur la
route côtière de Borth, une longue plage comme la Costa
Belga, sans sable fin, terminée par une courte montée au
monument aux morts qui surplombe la Baie de Cardigan.
Twilight of the Gods !
Caernarfon, un port gallois
La première moitié du périple est derrière le dos. Un BIG
au programme du jour : le Bwlch-y-Groes (BIG 98)
combiné avec un transfert raisonnable en auto pour rallier
le port de Caernarfon. Un port d’attache que l’ami a choisi
pour nous héberger les deux jours suivants.
À la différence de la veille, c’est une belle route large
qui nous amène sans problème au pied du col. Dominique l’a
déjà gravi mais par le versant opposé. Aussi se rend-il
vite compte que la pente qu’il me propose n’est pas du même
cru de ce qu’il connaît. En effet ! Depuis Dinas Mawddwy,
que dis-je, dès le square de Minllyn, la route s’élève en
montagne russe jusqu’au moment où elle redresse du col pour
grimper au ciel. Elle se cabre sans le moindre faux plat.
J’ai compris ! Nous sommes partis pour un Devil’s
Staircase bis. Un imprévu que mon copain a oublié de
prévoir ! Malin comme un singe, il me dépasse dans le
premier kilomètre de l’ascension et je ne le verrai plus
avant l’aire de stationnement au sommet du col. Il ne
risque pas de me contredire puisque c’est la seule fois où
il existe un écart de plus d’une demi-heure entre deux
clichés successifs de mon rictus. Je ne lui suis pas
rancunier pour un penny car, au moins, il ne m’aura
pas vu crapahuter dans ce mur.
Pendant l’ascension, comme je n’ai rien d’autre à faire que
de gamberger, je me suis demandé ce que pouvait bien
signifier le nom de Bwlch-y-Groes.
"Bwlch" signifie col en gallois, ça ne fait pas l’ombre d’un
doute. Quant à la terminologie de "groes", j’oserais mettre
un orteil sur le grill en prétendant que c’est le mot
"grouse" qui est altéré. Comme l’environnement se prête
idéalement à l’habitat du coq de bruyère, j’opte sans
discussion pour le col du tétras. Qu’est-ce que t’en dis ?
Pas con, non ! Ça m’a permis de m’isoler dans ma tête pour
un quart d’heure au moins. "Fifteen minutes of fame",
comme disait Andy Warhol, pendant lequel je n’ai plus pensé
à mon calvaire. Un carter résistant à toutes les
pressions. Un quart d’heure pendant lequel j’ai repassé le
souvenir exceptionnel d’un tétras-lyrama de toute
beauté !
(cf.
www.cyclojose.be/Cevennes.html)
Bwlch y Groes : versant adret
Bwlch Y Groes : késako ?
Le cardeur étant passé, j’arrive fier comme Artaban
au sommet du Bwlch-y-Groes.
Quant à Dominique, il aura eu largement le temps de faire un
up-to-date de sa mémoire.
Demi-tour à droite ! Et là, banco les gars, l’ami Dominique
peut aller se faire brosser ! La descente à fond la caisse,
je connais. Le Requin de Messine et le
Tourminator s’esbignent quand ils sentent mon souffle
dans leur dos. Même le
Captain Cap, qui a battu le record du
millimètre, se remet en péquin. Comme l’inspecteur « Péquinet »
de "La Bonne Planque" qui restera à la bourre pour
l’éternité !
La LEÓN prend le relais des deux roues et nous fonçons vers
notre destination via Tremadog, le berceau de
T.E.Lawrence. Un
personnage que tout le monde connaît ! Quoi ! Ne me dis
pas que t’as jamais entendu parler du chèque en blanc
d’Arabie ?
De cet homme hors du commun, deux anecdotes sont à souligner
en ce qui concerne le vélo.
Primo : T.E.Lawrence s’est vanté un jour qu’il s’était fait
construire une bicyclette sur mesure particulièrement
performante par les établissements Morris d’Oxford. Grâce à
elle, il avait parcouru de longues distances en France. Or,
il se fait qu’à cette époque, la société Morris s’était déjà
reconvertie dans la fabrication d’automobiles. De plus, les
braquets n’avaient plus de secrets en ce temps-là. Et
encore, ses allégations n’ont jamais été vérifiées. Aussi
ce mot est-il à considérer comme une esbroufe de la part de
l’auteur des "Sept Piliers
de la Sagesse". Une brique indigeste d’une
succession interminable de prénoms arabes comme Samira
Moussa-Ibn-Khodach ! Et cette fois, il n’y a pas photo !
Secundo : ce grand baroudeur fut victime d’un accident
mortel de la route en évitant deux jeunes cyclistes au
détour d’une colline. Il restera six jours dans le coma
avant de passer l’arme à gauche. Drôle de destin pour un
ex-chamelier !
Ultime flash ! Thomas Edward n’a aucune parenté avec
David Herbert, le romancier spécialiste de la femme en
manque. Voilà un pierrot qui, pour colorer le verbe de sa
jolie Lady Chatterley,
a piqué la crème des crèmes aux "Dames
du temps jadis" :
« They pass away, and where are they ? Where…Where
are the snows of yesterday ? ». Au rythme où notre
identité se franglise pour quelle bonne raison que ce soit,
ça ne me surprendrait pas que nos neiges d’antan incorporent
un jour le patrimoine anglais. Pourquoi pas ? N’y a qu’un
pas ! Il n’y a qu’à affirmer que le Black Prince ait
forcé une innocente Parisienne, la maman de François ! Je
suppose que c’était monnaie courante à l’époque de la Guerre
de Cent Ans. Alors, qu’en pense le peuple ?
À propos, une Chatterley peut en cacher un autre. Le
dénommé John de Birmingham redore le blason familial grâce à
un maître-mot : "Cycling has nothing to do with riding a
bike". À qui le dis-tu ?
Quant au bourg de Tremadog proprement dit, sa banalité nous
laisse impassible et mon driver met aussitôt le cap
sur Caernarfon.
C’est sans souci que nous repérons la Church Street
où se niche notre gîte pour les deux nuits suivantes. Une
place de parking est ouverte devant l’immeuble et
aucun panneau d’interdiction n’est visible dans la rue. La
LEÓN, à portée de main et abritée derrière les
fortifications pendant deux jours, quel coup de bol ! Il
est fort probable que ce soit une des rares artères de la
ville exemptée de péage.
Le château, classé patrimoine mondial de l’humanité, les
remparts, le port de plaisance et une zone artisanale
attirent tout au long de la journée une foule de touristes.
Comme me l’a fait remarquer Dominique, c’est une ville qui a
gardé son cachet médiéval et que la folie immobilière de
l’après-guerre n’a pas défiguré. Mon alter ego me faisait
aussi observer que le "castle" doit sa renommée au
Prince Charles qui s’est fait "doubler" en ces hauts
lieux par la Reine (sa) Mère.
Shopping
de denrées de 1re nécessité ! Be care !
Les prix explosent d’une grande surface à l’autre. En un
mot ! T’as intérêt à prospecter le marché avant de faire tes
courses !
Le port fortifié de Caernarfon
Nous aurons largement l’occasion d’arpenter en long et en
large la cité, son port et ses abords. Dominique est
satisfait du Tegfan Guesthouse d’autant plus qu’au
matin, il renoue avec le petit-déjeuner anglais qu’il
apprécie particulièrement. Rien de tel pour se caler
l’estomac que des toasts beurrés accompagnés d’œufs au bacon
assortis de baked beans, tomate cuite, saucisse
grillée et champignons de Paris. Faut dire qu’à sa
décharge, il a dû se serrer la ceinture à Cardiff et à Borth.
Petit-déjeuner diététique « minceur » comprenant un quignon
de pain au « Boursin » et deux tasses de Nescafé.
Comme la cuisine anglaise n’a pas la cote, nous avons banni
les restos de notre programme bien qu’ils excellent dans la
préparation de recettes marginales comme le crumble
ou l’apple pie. Nous nous sommes même pas mis un
Mackintosh sous la dent !
Devinette : c’est l’histoire du petit dej, tu la
connais ?
Pas de bol !
En ce qui concerne les logis du périple, mon compagnon aura
eu particulièrement la main heureuse sur toute la ligne
excepté à Cardiff, le faible coût compensant la qualité !
Next !
SNOWDONIA
Bien que le soleil montre le bout de son nez, il fait
frais. À l’horizon, de gros nuages opaques accrochent les
cimes du Snowdon, point culminant du Pays de Galles. Or,
notre programme est simple comme bonjour : en faire le tour
à deux roues pour ajouter le Llanberis Pass (Pen-y-Pass)
(BIG 96) à ma liste des BIGs. J’insiste bien à « ma
liste » puisque Dominique, pour sa part, il en a fait le
tour depuis belle lurette.
Au moment de croiser la nationale qui va à Bangor, je relève
une indication mentionnant Waterloo Port. Tu m’connais,
maint’nant non ! Il ne m’en faut pas plus qu’un schème
d’idées se développe dans mon caberlot : Waterloo,
Wellington, Welling Court (N-Y), Peat "Eyez" Wollaeger (cf.cyclojose :
Bicycle in motion) et la première couverture du livre "Le
Troisième Policier" qui représente un
cycliste à cheval sur deux yeux.
« Comment faire comprendre la perfection de mon bien-être
sur la bicyclette, la plénitude de mon union avec elle, les
douces réponses qui montaient de chaque parcelle de son
cadre ? Je sentais qu’elle et moi nous nous connaissions
depuis des années et que nous nous comprenions
parfaitement. »
L’auteur de ces lignes en est
Flann O’Brien qui ne
manque pas d’une certaine cohésion poétique. Extrait du "Troisième
Policier", elles appartiennent cependant à une nouvelle
satirique qui ne connaîtra seulement qu’une publication
posthume. Une histoire où le vélo prend des allures de
nonsense dans lequel l’absurde et le surréalisme font
bon ménage. Un prototype du polar métaphysique qui
n’accepte pas la paix des Gallois, ni celle des rois
d’Angleterre.
Oh ! T’as du mal à suivre ma prose ? T’inquiète ! À force
de débiter des conneries, il arrive que je m’y perde
moi-même. Laisse tomber ! "Le Troisième Policier"
aussi, parce que si tu n’élèves pas des araignées dans ta
centrale à idées, cette histoire au pays de Kelly et
O’connor va te pomper l’air, Hilaire !
Le circuit qu’on se propose est de l’ordre de 60 kilomètres
pour une dénivelée de 750 mètres. Moins de 4 heures de
route, soit une balade accessible à la plupart des
cyclistes. Deux impondérables : la circulation routière et
la météo. La route, qui s’élève en pente douce jusqu’à
l’auberge de jeunesse plantée au sommet du Pen-y-Pass,
est une voie fréquentée. Pas très agréable et, qui se monte
à une allure soutenue de training.
Au-delà du col, la route pique du nez jusqu’à Beddgelert via
le Pen-y-Wryd révélant quelques belles échappées sur
le massif.
Beddgelert
Déjeuner dans la grisaille sous l’auvent d’une chaumière "To
Let". Le ciel s’amuse à Jean qui pleure et Jean qui
rit. Ça n’arrange pas nos bidons. Nous sommes forcés de
rouler entre les gouttes de pluie (hélas ! pas aussi bien
que J-J Goldmann) et comme nous ne disposons pas d’un
séchoir ambulant, ça nous pompe… tu sais quoi ? Demande à
Hilaire !
Du village de Rhyd-Ddu, la belle échancrure du Bwlch
Gylfin est un appel auquel ni l’un ni l’autre ne résiste
comme pour le Gospel. La mer d’Irlande se profile à
l’horizon.
Balade crépusculaire face à l’île d’Anglesey. Un
bateau-mouche opérait sa dernière navette.
But…
The show must go on !
Hello, Goodbye "Lost Paradise"
Antépénultième étape avant le retour.
En voiture ! Nous prenons le même chemin que la veille et
quittons le massif du Snowdon pour accrocher le dernier BIG
gallois inscrit au programme, le Horseshoe Pass (BIG
97). Le col du Sabot du Cheval ou le Bwlch yr Oernant
« Pass du Cold Stream » en gallois. Situé dans le N-E du
Pays de Galles, il se trouve à quelques kilomètres de la
frontière anglaise. Il doit son nom à la forme que le
chemin décrit. Personnellement, je le citerais juste après
le Gospel Pass dans le hit des BIGs repris dans le
périple. Versant de Llangollen, il réunit tous les facteurs
pour en faire un régal : aéré, de magnifiques points de vue
et sans à-coups (le 20% affiché à l’extrémité du sabot me
paraît improbable). Un col sympathique !
La route du Horseshoe Pass vire à 180 degrés (un 20%
utopiste)
à hauteur du point blanc (maison) au centre de la photo
Le nom du col m’a aussitôt fait penser à un ouvrage de
Mark Twain en
raison du schème Horse (cheval) et Taming
(domptant). Comme je l’ai évoqué précédemment, il publia en
1889 un ouvrage intitulé "Un
Yankee à la cour du roi Arthur", une histoire
décalée dans le temps dont un des anachronismes était la
présence d’un régiment de chevaliers cyclistes. Il faut
savoir que le grand-bi n’avait plus de secret pour lui
depuis de longues années déjà. En effet, il apprit à faire
du vélo au début des années 1880. Il consigna cette
expérience dans un livret (Taming
the bicycle) qui ne fit cependant pas l’objet
d’une publication. Comme le grand-bi appartient au passé,
cette histoire ne tient plus la route excepté que l’humour
ne vieillit pas. Rien que la dernière phrase est tout un
poème : "Get a bicycle.
You will not regret it. If you live".
Et pourtant !
Au talent de l’humoriste américain, j’incline pour la
verbosité de Paul
Guth. Lui aussi,
accéda à la virilité par la bicyclette. L’apprentissage, il
le fit avec un père mécanicien qui lui gonflait la tête avec
les lois de Newton.
« Aucun monstre imaginé par Jérôme Bosch ou par les
sculpteurs de gargouilles des cathédrales n’égalait pour moi
l’horreur des chiffres. Le 9, ce dragon à la queue hérissée
d’épines, au ventre obscène. Le 5, brandissant son sabre
pour me décapiter. Le 2, ce boa ouvrant la gueule
d’avaloir. Le 8, cette hydre m’étouffant dans ses nœuds.
Le 1, ce pieu rougi au feu pour m’empaler.
Un beau jour d’été, je me promenais à la campagne à
bicyclette avec mon père. En pédalant, il lui prit l’envie
de me poser un problème sur les cyclistes qui partent en
même temps de points opposés, à des vitesses différentes,
qui se croisent, qui se rencontrent. Soudain le ciel se
couvrit d’un voile noir. Un gémissement d’agonie jaillit de
mes entrailles. Mes yeux ne voyaient plus, mes oreilles
n’entendaient plus. Mon cerveau ne transmettait plus
l’impulsion à mes pieds, crispés sur les pédales. Les
collines, les arbres, les poteaux télégraphiques
tournoyaient. Dans un fracas de ferraille, je m’abattis sur
un tas de cailloux, entremêlés dans le cadre de mon vélo
comme dans les replis d’un 8. (Lettre
ouverte aux futurs illettrés) »
Où le jeune Naïf pêche par omission, c’est que le 8
représente aussi le signe de l’infini. Mais l’infini de
quoi au juste ?
To bike; to read; no more!
Aussi, après le Horseshoe Pass, sommes-nous aussitôt allés à
Oxford poursuivre notre quête. Hé ! Ho ! Pas celle de
l’infini ! Laissons cette inconnue pour plus tard ! Ce
sera encore et toujours trop tôt pour connaître le résultat
des courses !
En dépit d’un GPS capricieux qui nous imposa le grand
tour de la cité, nous nous sommes présentés comme prévu au
domicile de notre hôtesse oxfordienne.
Le temps d’une parlote, celle-ci nous remet un passe-droit
pour parquer la LEÓN vingt quatre heures d’affilée sans
frais. Double coup de bol. Puisque j’oublie la clé de
contact sur la portière de l’auto pendant toute la durée de
notre longue balade à vélo dans la cité. No consequences !
Vas-tu enfin me croire quand j’affirme qu’il y a un Bon Dieu
pour les cyclos !
Le chic de la cité universitaire, c’est qu’elle fait la fête
au vélo en proposant un vaste réseau de pistes cyclables qui
pénètre jusqu’au cœur de la ville.
Bien entendu, c’est le Sheldonian Theatre qui accapare
l’attention des badauds. La nôtre, aussi. Comme les
étudiants qui s’y voient décerner leur diplôme en toge noir,
nous sommes allés retirer notre brevet de BIG
ATTITUDE en tenue cyclo. Bardés de nos numériques, nous
nous sommes amusés à samsunger en chœur, à tout-va,
comme les petits hommes jaunes venus d’ailleurs. En
attendant de faire beaucoup plus fort le lendemain à
Londres.
Oxford : Sunken Cathedral
La ville universitaire est une toute petite ville conviviale
mais extrêmement étendue because la multitude de
parcs et de jardins qui se greffent autour des très nombreux
collèges. Nous nous sommes faits piéger par la vaste zone
verte de Christ Church Meadow, située au
centre-ville, où nous avons été contraints d’en faire le
tour complet. Ici, comme il n’est pas question de rouler le
nez dans le guidon, t’en as pour un quart d’heure minimum
minimorum.
Oxford : Christ Church Meadow
Dominique entendait me faire partager un bon souvenir.
Pari gagné !
I really liked it !
London by Bike
La veille, notre hôtesse nous avait informé que de nombreux
Oxfordiens faisaient quotidiennement la navette entre la
cité universitaire et Londres. Il fallait compter tout au
plus une bonne heure et demie pour se rendre au centre de la
capitale. Nul besoin donc de se hâter pour épingler le
must anglais que s’est proposé Dominique. L’objectif se
réduisant à un tour d’horizon des principaux sites du centre
de Londres allant de Tower of London à Buckingham Palace.
Londres
Photo prise depuis la passerelle du GLA Building.
De l’autre côté de la Tamise, les buildings the
Talkie-Walkie,
the Cheese Grater et the Gherkin crèvent les nuages
Zoom
sur la métropole. La ville abonde en statues. C’eût été
une façon ludique comme une autre de visiter une des plus
grandes capitales au monde en passant du bronze de Churchill
à celui de Gandhi, via celui de Mandela, Cromwell, Richard
Cœur de Lion, Montgomery et consorts. Nous nous sommes
bornés à boucler le tout en 40 bornes de pédalées
chaotiques. Entre des cohortes d’autobus, sous les
quolibets des automobilistes, entre les flâneurs
désinvoltes. Dans la cohue des rues, sur les quais
interdits aux cyclistes, à contre courant sur les trottoirs
encombrés, sur les ponts embouteillés. À la rupture parfois
de la détresse stressée.
Leandenhall Market
Les affaires continuent...
Coups de cœur !
Bâtiments modernes : London City Hall, une cité de verre ;
le suppositoire appelé The Gerkin et The Shard ou la
Tour de London Bridge.
Monuments anciens : Big Ben et le Palais de Westminster, la
grille couverte de feuilles d’or de Green Park et le Tower
Bridge.
Pipol Buzz : Leadenhall Market, le quartier indien de la
Romford Street et le bizness à ciel ouvert devant
bistrot.
Coups de gueule !
Flops : Trafalgar square, le droit d’entrée des sites
touristiques et notre hôtel Newham en lui accordant deux
dièses : un parking sécurisant (mais non sécurisé) et
sa localisation permettant un accès direct à la City.
Heureux qui comme Dominique…
Einstein défie la loi de Newton ; l’eau s’envole aux quatre
vents !
Le gag : papillonnant d’un quai à un jardin public, d’une
place à un monument classé, nous échouons dans une vaste
cour intérieure égayée par une ribambelle de jets d’eau
dynamiques. Tout à coup, que vois-je ? Je te le donne en
mille.
Incroyable ! Dominique est retombé en enfance. Il tourne
un chouïa toqué. Lustucru (l’eusses-tu cru)
que Panzani lui avait décerné 5 toques pour sa version
anglaise. Pour fêter l’exploit, il s’amuse à faire des
grands huits entre les jets d’eau. Heureux qu’il est ! Il
bisse sa prestation avec brio. Dix secondes plus tard…
rappel à l’ordre par un cerbère, qui parfaitement au courant
de "La ta ca ta ca tac tac tique du gendarme » nous
expulse ipso facto, manu militari et pédibus hors de
l’enceinte
Pour plus de détails touristiques, tu trouveras aisément le
complément d’information sur le ouèbe. No
check-list : le potentiel de loisir est considérable.
"C’est la douleur qui dicte au poète ses chants les plus
émus" disait Herbert
George Wells,
le virtuose de la plume qui a inventé la machine à remonter
le temps. Je veux bien le croire. Par conséquent, comme
j’ai passé une journée stressante mais non fatigante
physiquement, mon clin d’œil lui sera consacré puisqu’il
nous laisse des pages d’anthologie dédiées au vélo. Il
suffit de quelques lignes de "The
Wheels of Chance" (Les roues de la chance)
pour être tout à fait convaincu.
« Une vaste contusion au mollet caractérise d’une façon
plus nette encore l’apprenti cyclise, car il n’en est pas un
qui n’ait dû subir la mauvaise farce que vous joue la
pédale.
Vous croyez conduire votre machine avec aisance, et vlan !
vous vous écorchez le mollet. C’est ainsi que nous passons
de l’état d’innocence à la maturité.
Faire du vélo ressemble fort à une histoire d’amour. C’est
avant tout une question de foi. Pense très fort à ce que tu
fais, tu rentreras gagnant ; si tu doutes, malgré toutes les
bonnes volontés du monde, ce sera l’échec. »
Dominique retournera un jour chez les Rosbifs. Il a
pris ses marques and that’s no bullshit!
« Il a voulu voir Exeter et on a vu Exeter
Il a voulu voir Cardiff et on a vu Cardiff
Il a voulu voir Londres et on a vu Londres
Pendant qu’il musardait dans les délices du paradis
Moi, je survivais dans le chaos de l’enfer ! »
Deal
respecté ! Il a pris son pied ! J’ai survécu au cafouillis
des piétonniers et aux rushes de la circulation
routière.
Si Paris vaut bien une messe, Londres impose sa "Black
Mass". Et comment donc ?
Mes fesses s’en sont tirées intactes de cette masse.
Goodbye London !
Le Kent au Passé simple
On évite le lieu de naissance de
H.G.Wells, et nous
mettons le cap sur un haut lieu historique de l’Angleterre.
Deux jours plus tôt, en surfant sur Internet, Dominique
relève un prix d’entrée décent de 5 £ et des poussières pour
visiter l’abbaye de Canterbury. Nous allons enfin terminer
notre périple sur une note culturelle de tout premier
ordre. No chance ! Quand nous nous présentons
devant le portail, les prix ont carrément doublé en 24
heures.
Le vieux Canterbury
De nombreux observateurs sont en droit de se poser la
question suivante : « Pourquoi nos deux lascars ont-ils
attendu le dernier moment pour visiter un musée ou un
bâtiment classé ? »
À question « Simplicius », réponse « Simplicissimus » !
Les tickets d’entrée sont onéreux, voire exorbitants
surtout dans notre cas où une visite n’aurait jamais excédé
plus d’une bonne demi-heure. En plus, il eût fallu préparer
au préalable minutieusement le terrain c'est-à-dire potasser
la Grande Histoire du Royaume-Uni et les échos des lieux.
Les tenants et les aboutissants du trucmuche, itou. Sans
ça, les commentaires seraient passés en coup de vent de la
portugaise gauche à celle de droite. À ce propos, pour
étayer mon assertion, il me souvient d’une visite au Palais
du Louvres. Le guide avait épilogué sur "Le Radeau de la
Méduse" sans faire la moindre allusion au contexte
politique qui avait motivé le peintre dans son entreprise.
Ce lapsus réduisait le chef d’œuvre à un beau tableau, ni
plus ni moins ! Comme le smile de Mona Lisa !
Forget it ! Voilà à quoi s’expose un non-initié !
Nous sommes toujours dans le comté du Kent. Notre belle
histoire est sur le point de se terminer.
Dernière halte : le Carlton sur The Leas à
Folkestone. Un hôtel qui n’a de ronflant que le nom et qui
met à la disposition de sa clientèle un parking
défoncé. Une chambre proprette sans chichi ni tralala !
En moins de temps qu’il faut pour le dire, nous voilà en
selle sur la jetée du port pour une dernière séance de
pédalage à front de mer. Une petite balade d’oxygénation
vers Sandgate et Hyfte. Dominique m’abandonne en cours de
chemin. Sa tête est déjà de l’autre côté du Channel.
Comme je n’ai pas envie de rentrer, Je prolonge ma sortie
sur les hauteurs.
Jetée à Folkestone
Assis sur un banc, je me mets à rêver devant "The Grand",
une énorme demeure d’un style révolu, lieu de rendez-vous du
gratin du comté. Bien qu’il n’y ait pas de haies épineuses
de deux mètres, ni de plans d’eau, ni de statues grecques,
la propriété me rappelle la merveilleuse équipée du petit
Léo sur son vélo vert qui jouait au facteur pour la
ravissante Marian dans le
Go-Between (Le Messager) de
LP Hartley.
L’aventure d’une Marian pathétique sous les traits de Julie
Christie dans la version cinématographique de Losey. En
fait, pour la petite histoire, l’actrice aurait dû être la
naïade éblouissante du film "James Bond contre le Dr. No"
mais elle fut recalée parce que le producteur lui trouva les
seins trop petits.
Est-ce que tu me crois maintenant quand j’insiste que les
Anglais sont offside pour toutes les mesures ?
Pour en revenir au roman, Go-Between est une sorte
d'histoire d’amour de la même veine que "L’Amant de Lady Chatte à
l’air" (= un piqué/collé san-antonionesque) servie
d’une fatalité grecque en apothéose. Un ouvrage bourré
d’allégories et de symboles cachés que le lecteur doit
découvrir de par lui-même.
L’heure est au bouclage de nos frusques car le départ a lieu
avant le prochain chant du coq.
« The Grand »
Happy End !
L’Eternel retour
Le parking du Carlton est plein comme un œuf. À tel
point que mon driver me cède le volant, le temps
d’extraire le véhicule du piège à rat par un trou de
souris. On the road, c’est lui le seul maître à bord
de la LEÓN. Et, il n’a rien d’un « Flying
Dutchman » (Le Hollandais volant). Je le
vois plus tôt avec une maîtrise digne du capitaine Kuiper de
« Schipper naast God »
(Maître après Dieu).
Une légende populaire et une pièce de théâtre, qui ont
marqué mon adolescence, et que je recommande aux fans
de la mer.
Contrôle douanier personnalisé à l’embarquement. Nous
recevons sans problème notre bon de sortie.
Une heure plus tard, nous voguons vers Calais. Pendant que
Dominique fait un dernier achat, je sombre dans une torpeur
pendant laquelle un flash me rappelle au bon souvenir
de Peter Mayle,
un romancier britannique contemporain qui a élu domicile
dans le Luberon. Il est l’auteur de plusieurs best-sellers
dont "Hôtel Pastis",
de la prose toute simple, plein d’humour et d’autodérision,
qui sent bon la Provence.
Ne te goure pas ! C’est à dessein que j’ai gardé pour la
finale le natif de Brighton car son "Hôtel Pastis" se
déguste d’une traite. L’histoire d’un casse ou 7 malfrats
se retrouvent à 8 au moment du partage ! Humour britiche
garanti !
Extrait de la quatrième couverture :
« Mais que préparent Jojo et cette bande de petits
malfrats qui complotent depuis des semaines dans un café
voisin ? Pourquoi sont-ils soudain passionnés de course
cycliste ? Comment le fils d’un richissime client de
l’agence de Simon doit chaperonner se retrouve-t-il en
otage ? »
Débarquement et retour au bercail !
♪♪♪ Elle est finie la belle histoire, … ♪♪♪ This
is Goodbye ♪♪♪
chantait la pétulante Petula en son temps. Un single
qui brilla au hit-parade de mon cœur !
Ce dont je suis sûr, c’est que je n’ai pas rêvé cette
histoire. Ne me dis pas que ce n’était qu’un (Men)songe
d’une Nuit d’été, personne ne te croira ! Ah !
Non !
J’ai assez donné dans le shakespearien avec l’Hamlet et sa
tête d’œuf au lard, non ?
Malgré tous mes boniments, si t’es pas convaincu de la belle
poire (une William(s) de préférence) que je t’offre
pour la soif, il ne te reste plus qu’à imiter le cycliste
nommé Désir (ou
son homologue tramway)
pour les beaux yeux d’une
Chatte sur un Toit Brûlant.
Les compliments à Tennessee !
Tennessee Williams
"And the last but the beast !"
Comme une chatterie (Tchatcherie ou bien encore
Tâte Chérie) en cache une autre, pourquoi n’en serait-il
pas de même pour une William(s). La preuve ! "Faulkner’s
Bicycle" est une pièce de théâtre écrite par
Heather Mac Donald
qui, tout en mettant l’accent sur le grand romancier, confie
le rôle principal à un trio de femmes. Évocation d’un
William noctambule sur son vélo, drunk as a lord.
Bourré comme un coing ! Une pièce bourrée de nostalgie et
de bizarrerie. Very strange !
Imagine un instant que notre périple comptât 5 étapes
supplémentaires, je te restituais l’Encyclopédie Britannica
en te citant un peloton d’écrivains inspirés par le vélo,
comme Dorothy Sayers, Ernest Hemingway, J.K.J, William
Saroyan et des outsiders de toutes les couleurs et de tous
les continents.
Fuck !
Qu’est-ce que j’ai tartiné une fois de plus ! Qu’est-ce que
j’ai dû te tarter ? Je t’en demande pardon. Que veux-tu ?
Le roman fleuve n’est pas ma tasse de thé, pas plus qu’une
envolée vite fait bien fait d’une poignée de mots. Il n’y a
que la gouaille qui m’aille pour extérioriser mes
débordements plumitifs.
O.K. ?
Non ? Je suis persuadé toutefois que si les neiges d’antan
d’un paragraphe antérieur devaient se pointer plus tôt que
prévues, tu seras bien heureux de te ruer chez ton libraire
pour acquérir un ouvrage de la présente bibliographie. Un
vaste choix dans lequel tout lecteur trouvera une pièce à sa
mesure. Ça ne fait pas l’ombre d’un pneu. Hélas, comme
toute bonne librairie qui a pignon sur rue, le book
ne se trouvera pas dans les rayons et il te faudra patienter
8 jours, juste le temps pour que les neiges disparaissent du
paysage. Pas de souci ! C’est ton jour de bol, je te le
répète ! Prends ton laptop et va sur le ouèbe (le
oued si t’es une "Queen of the Desert"), tu y
découvriras des ouvrages reproduits dans leur intégralité.
Je t’en cite deux pour mémoire (La
Cycliste Solitaire &
Taming the bicycle).
Pas davantage car je ne tiens pas à te gâcher le plaisir de
la recherche.
Comme tu vois, en fin de compte, tu n’auras pas perdu tout à
fait ton temps
Moi, par contre, je risque de me faire remonter les
bretelles par l’Association pour la sauvegarde et
l’expansion de la langue française (Asselaf)
qui m’invite, depuis peu, à soutenir et à défendre un
français de qualité comme langue de cité. Misère de
misère ! Je fais allégeance et déplore que mes émotions
soient charançonnées de vers anglais ! Pardon ! Sot rit !
Je ne suis qu’un homme, un homme parmi d’autres, qui suit
servilement la tendance universelle qui prône le nivellement
culturel vers le bas. Que veux-tu ? En deux semaines, nous
avons échangé une seule et unique fois trois mots de
français avec une tierce personne. Et encore, c’était une
Parisienne, noir comme du charbon, en villégiature avec ses
deux mômes. C’est à se demander si l’Anglais moyen est au
courant qu’il existe une autre langue que la sienne sur
terre ! Pire !
Halte dans un bled au Pays de Galles. Je veux acheter du
pain dans une station-service market. Apparemment un
commerce prospère et très répandu sur tout le territoire
britannique. "I wanna buy bread (brεd), please !".
La préposée me sourit la bouche en cœur comme tu ris quand
t’es soûl. Comme son « Tilt » n’est pas branché, je
ressors avec un pack de canettes ??? Note bien qu’à
défaut de pain, j’ai rejoint mon acolyte avec de la bière
qui est à raison de 50% à la base de la recette de leur
BEER BREAD ! (véridique). Tout compte fait,
j’avais assuré la moitié de la commission.
Bref ! En Angleterre, sans la connaissance d’un traître mot
d’anglais, ne t’attends pas à un embarquement pour Cythère !
Ni pour le cimetière ! Haro sur le beau dais (ou dadais). Joker !
Que l’association se tranquillise, ni BIG ni BEN
ne sont assez big pour que je me vassalise, quand
bien même je ne renierai jamais mes origines. Maintenant,
si l’Asselaf prend la peine de me lire entre les lignes,
elle observera que tout en dorant la pilule aux Angliches,
la francophonie se porte de manière excellente dans ce tour
d’Angleterre.
Les Calaisiens at home et en exil !!
Je suis z’allé, j’ai vu, j’ai subi les turpitudes de
la Perfide Albion et j’en suis revenu heureux comme un
Dominique un beau jour d’été dans une cour anglaise à
Londres. Un très beau cadeau qu’il m’a fait et que je ne
suis pas prêt d’oublier ! Grâce à sa grande disponibilité
et son know-how irréprochable, il a œuvré comme le
Bénin des "Copains"
de Jules Romains.
Le héros d’une aventure palpitante dans laquelle le
romancier exprime en quelques lignes les sensations
enivrantes et les sentiments grands comme un building
qu’apporte le vélo. Ce chef d’œuvre se lit d’une traite
par tous les jeunes de 7 à 77 ans. Un happy few de
mots justes, de mots simples, de mots vrais.
Words, words, words ! Three words
et nous voilà repartis pour un tour de carrousel.
Okay ? Noooooooo ! Stop it, please ! … Nous
sommes sur le continent.
Bye-bye Will ! Hello Georges ! Désolé de t’avoir
oublié, m’fi! J’aurais dû me rappeler à ton bon
souvenir qu’en date du 4 germinal de l’An II, tu bramais
avec sang froid que c’était une folie de vouloir emporter
sa patrie à la gomme de ses pneumatiques.
Let’s go, now !
T’as bien le bonjour d’Alfred ! Jarry’ve ! Enfin !
The bicycle, the bicycle surely,
should always be the vehicle of novelists and poets.
Christopher Morley
Septembre 2015
bruffaertsjo@skynet.be
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