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Début de l’été, c’est avec joie que je réponds à
l’invitation de Dominique et de sa muse. Ils me proposent
de séjourner quelques jours en Alsace.
En cette fin juillet, la baraka ne me lâche pas. Tout
converge pour faire du séjour un cru exceptionnel.
L’escalade concluante du Champ du Feu au cours du trajet
« aller », un soleil omniprésent, un camping paisible, une
charmante compagnie, un microclimat qui n’entend pas
défaillir à sa réputation, un terroir d’exception, un
village de conte, et j’en passe !
Deux petites semaines doivent amplement suffire pour
accrocher les cols des départements du Haut et du Bas-Rhin
qui font défaut à mon tableau de chasse.
Heureux comme …
Petit poisson est en vacances
Petit poisson a de la chance
Il s’en va rejoindre Chantal et Domi
Ses meilleurs amis.
Eguisheim. Berceau du vignoble alsacien et archétype de
village alsacien avec ses maisons traditionnelles aux
multiples couleurs enroulées autour du clocher. Le camping,
est adossé à des collines plantées de vignes. Ce n’est pas
par hasard si nous avons planté la tente sur la Route des
Vins. Celle-ci donne un accès direct aux grands crus
alsaciens. En plus, c’est un lieu privilégié puisqu’il est
situé près d’une voie de pénétration en bordure de la Fecht
qui descend du cœur de la montagne.
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Descente du "Kahlenwasen" |
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En fait, l’obscur objet de notre désir trône à l’ombre des
sommets de la Crête des Vosges. Il s’agit du « Kahlenwasen »
ou du « Petit Ballon d’Alsace ». Ce mont n’a pas la
notoriété de ses voisins que sont les « Grand Ballon » et
le « Ballon d’Alsace ». Toutefois, c’est une agréable
grimpette dont la route carrossable culmine à 1163 m, c’est
à dire qu’elle ne rend que 15 m d’altitude à celle du
« Ballon d’Alsace». Les deux ascensions se ressemblent
comme deux gouttes d’eau. Dénivelé identique. Distance et
pourcentage approximativement les mêmes.* Or, l’accès au
« Ballon d’Alsace » est un boulevard alors que celui du
« Petit Ballon » est une route confidentielle fort prisée
par les cyclotouristes. A juste titre puisqu’elle est
pratiquement ombragée sur toute sa longueur. En plus, elle
conjugue un bel effort et de magnifiques échappées vers le
sommet. Sans à-coups. Autre aspect non négligeable : en
contrebas du sommet, la ferme-auberge de Rothenbrunnen
accueille le randonneur sans façon. Nous y avons « breaké »
sous un va-et-vient d’hirondelles face à une sombre Crête
des Vosges qui subissait les accès d’humeur du grand
éclusier céleste. Quant à la descente, comme nous avions
opté pour la non-facilité, elle fut chaotique à souhait via
les cols de Boenlesgrab et du Firstplan. Et pour boucler la
ronde en beauté, nous sommes rentrés par la Route des Vins
ponctuée par deux raidillons : le coup de cul de
Voegtlinshofen et la rampe d’Husseren-les-Châteaux qui est
la localité la plus haute du vignoble alsacien.
Dominique, qui ne manque pas de suite dans les idées,
propose pour le lendemain l’ascension du site incontournable
du Bas-Rhin. En l’occurrence, le Château du Haut-Koenigsbourg
qui domine la plaine d’Alsace de ses 757 m. Pour y accéder,
rien de plus simple : se hisser au col de Wilsbach par la
Route des Cinq Châteaux, repiquer ensuite sur la Route des
Vins à Turckheim et ce, jusqu’au pied du mont du Haut-Koenigsbourg.
Sitôt dit, sitôt…Sitôt quoi ! Eh bien ! C’est sur un mode
mineur, on ne peut plus poussif, que nous sommes parvenus en
ce tout début de journée au sommet de cette Route des Cinq
Châteaux. Si nous n’avions aucune raison de faire la roue,
pas question cependant de faire la moue car le dénivelé
n’est vraiment pas une joyeuseté.
Que dire de « La Route des Vins d’Alsace » ? Une première
observation qui interpelle, c’est que la route n’est pas de
tout repos. Elle vallonne en permanence et la circulation
automobile est agressive aux abords des cités phares telles
que Colmar, Riquewihr et autre Eguisheim. L’itinéraire
passe par toutes les petites villes et bourgades viticoles
qui s’égraine au pied des collines sous-vosgiennes. Il est
donc exclu de passer en revue les 50 grands crus d’Alsace et
les 103 communes répertoriées tout au long des 170km de la
Route des Vins d’Alsace. Au randonneur de déterminer les
relais en fonction de ses souhaits contemplatifs,
touristiques et sportifs. Pour ma part, je suis resté sur
ma soif à tous les points de vue à cause de quelques
malheureuses prunes pas très mûres ramassées en bordure de
route. En effet, les premiers borborygmes suivis de
coliques se manifestèrent de bonne heure au matin suivant.
Mais pas suffisamment aiguës pour me clouer au camping.
Au saut du lit, nous mettons le cap sur Rouffach par un
itinéraire cycliste qui se faufile entre les vignobles.
Ensuite, remontée de la Vallée Noble jusqu’au col de
Bannstein et retour au bercail par le même chemin après un
coup d’œil à la tour des Sorcières de la place de Rouffach.
De prime abord, revenir en sens inverse manque d’initiative
et d’originalité mais quand le paysage de droite diffère de
celui de la gauche, c’est une expérience qui n’est pas
dénuée de tout intérêt. Le jeu en mérite la chandelle.
Tantôt : radical changement de programme. Promenade sur la
crête en compagnie de Chantal qui n’est pas encore tout à
fait remise de son opération. Le temps est gris. Au
Markstein, un nuage crève au moment où nous faisons
demi-tour. Le retour se fait sous un déluge de cordes.
Récupération du véhicule au col de la Schlucht et nous
regagnons le camping à fond la caisse. Là, aussitôt, je me
roule en boule sous le couchage de la tente qui a plus ou
moins bien résisté aux pluies diluviennes.
Jour du Seigneur. Mon souci majeur se borne à parvenir à
temps aux chiottes. Entre-temps Chantal s’offre l’ascension
de la Schlucht en compagnie de son homme.
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Point de vue du "Kahlenwasen" |
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Heureux comme…
Mais aujourd’hui
C’est lundi
La montagne se noie sous le chagrin
Petit poisson ne se sent pas bien
Quant à mon sort, il est fixé une fois pour toutes. Une
coulante teintée de rouge s’est installée et ne me lâchera
plus avant la fin de la semaine.
Heureux comme…
Aïe ! Son côlon se tord de douleur
et
Comme il en voit de toutes les couleurs
Les amis lèvent le camp
Au pied levé.
Dommage ! L’Alsace est une région privilégiée qui vaut
beaucoup plus qu’une simple échappée et qu’une volée de vers
de mirliton. Tout compte fait, n’est-ce pas une bonne
raison pour y revenir un jour !
Eté 2006
Ballon d’Alsace :
altitude 1178 m – distance au départ de St
Maurice-s-Moselle 9.5 km – pourcentage moyen 6.6% -
pourcentage max.7%
Petit Ballon d’Alsace :
altitude 1163 m – distance au départ de Sondernach 11 km -
pourcentage moyen 5.7% - pourcentage max.7%
Grand Ballon d’Alsace :
altitude 1343 m – distance au départ de Soultz 19 km –
pourcentage moyen 5.6% – pourcentage max.8%
bruffaertsjo@skynet.be
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